Charlotte, c’est l’infirmière de Madeleine. Elle vient trois fois par jour sauf le mercredi et le weekend. Je connais à peu près ses horaires et donc, je reconnais son pas, entre 105 et 110 bpm. Tac, tac, tac…

         En plus, il y a le gling-gling de son énorme trousseau de clés qui lui permet d’entrer sans que ses patients, souvent grabataires, aient à se déplacer. Ils savent qu’elle va arriver. La porte de l’appartement est ouverte, et ils entendent. Tac, tac, tac… c’est Charlotte.
       Charlotte ne fait pas que soigner. Elle conseille, elle téléphone pour une ambulance ou un rendez-vous, elle prépare un mot pour le médecin ou le kiné, elle explique, elle rassure, elle prévient, elle chouchoute. Et puis elle repart. Tac, tac, tac…

 

         Parfois, elle frappe chez moi (toc, toc, toc) pour me dire que Madeleine aurait besoin de ceci ou qu’elle n’a pas su expliquer cela. Alors je regarde son visage lumineusement humain et nous causons. Peu, car d’autres patients l’attendent. Et je me dis que si j’étais l’un de ses patients, moi aussi je serais impatient.
         Tac, tac, tac… c’était Charlotte.

La vie dans un immeuble de Wazemmes en feuilleton bimensuel sur Des mots de minuit…

« Le Paquebot », ainsi que je nomme l’immeuble où j’habite, n’est pas près d’appareiller, trop ancré dans le quartier de Wazemmes, à Lille. Les moussaillons ne sont pas du genre à squatter chez les uns ou les autres, mais comme dans les temps difficiles, il y a une ligne de vie qui nous accroche et nous relie, fine et aussi solide que le fil d’une toile d’araignée. » Jacques Lohier. 

> Accès à tous les épisodes du « paquebot »

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