Épisode 2: Le paquebot

« Le Paquebot », ainsi que je nomme l’immeuble où j’habite, n’est pas près d’appareiller, trop ancré dans le quartier de Wazemmes, à Lille. Les moussaillons ne sont pas du genre à squatter chez les uns ou les autres, mais comme dans les temps difficiles, il y a une ligne de vie qui nous accroche et nous relie, fine et aussi solide que le fil d’une toile d’araignée
Ce n’est pas le vrai nom de l’immeuble où j’habite (pardon, la résidence) mais il m’a toujours fait penser à cela.
Les escaliers sont à l’intérieur, mais les accès aux logements sont à l’extérieur. J’utilise souvent le mot coursive, ce qui est peut-être une erreur, car dans un bateau, les coursives sont généralement à l’intérieur. En fait, il faudrait plutôt comparer cela aux ponts des navires. Quoique et peu importe. Chacun-chacune est dans sa cabine. Il ou elle en sort pour fumer une cigarette, arroser ses plantes, balayer les feuilles mortes ou faire sécher son linge. Vous imaginez facilement que c’est le lieu idéal pour parler du temps. Ou de Machin qui est rentré dans un état… Ou de Truc qui …

Dans un couloir, on ne pourrait pas laisser traîner la conversation. Là, accoudés au bastingage, les yeux fixés sur l’horizon du bâtiment d’en face, on peut garder le silence jusqu’à ce que…
Bon, ben… C ‘est pas de tout ça, mais il faut que je vais au Match!
Les vrais conversations se font en intérieur, autour d’un café, d’une bière, voire d’un rooibos. Les langues se délient, les souvenirs et les émotions remontent jusqu’à perler parfois aux coins des yeux.
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