Comme nul ne l’ignore, le septentrion, c’est le Nooooord! Le mot est l’équivalent latin de la Grande Ourse, la constellation où se trouve l’étoile polaire. Il signifie « les sept bœufs ». Comment est-on passé des bœufs aux ours… ?

        Un chanteur de variétés ayant eu son heure de gloire a prétendu que les gens du Nord avaient dans le cœur le soleil qu’ils n’avaient pas dehors. Quand on écrit ce genre de carabistouilles, on ne peut être que du Sud. Au passage, vous remarquerez qu’il n’y a pas d’équivalent à « septentrion » pour le Sud. On peut penser à « Midi », c’est vrai. L’heure de l’apéro puis de la sieste. Mais je suis désolé, « septentrion », ça a quand même un peu plus de gueule.
 
         La cabine du Paquebot que j’occupe est orientée plein sud, justement. Il y a des jours – vous n’allez pas me croire – où je suis obligé de tirer les rideaux !
         Ici pourtant, la lumière n’est ni brutale, ni écrasante. Après avoir parcouru les arbres, elle frappe doucement au carreau pour qu’on la laisse entrer. Elle caresse avec respect les êtres et les choses. Elle se reflète sur les murs en se jouant de notre imagination.
         Ici, les ombres ne sont pas sculptées à la tronçonneuse. Elles restent floues et incertaines. Elles vivent leur vie d’ombres et n’ont rien à cacher.

 

         Enfin, les fenêtres s’ouvrent. Marc interpelle Adèle qui arrose ses plantes: « Il est où le bonheur? » Je me penche pour l’apercevoir et je lui renvoie la question qu’il aime bien hurler les soirs de fête : « C’est qui l’patron? » Madeleine fume une cigarette sur son petit balcon ; Christophe lit le journal sur le sien. Robert revient des courses en bras de chemise. Gilbert a mis son short…
         Comme le chantaient Les Frères Jacques : « Il fait beau, tout l’monde est content ».

La vie dans un immeuble de Wazemmes en feuilleton bimensuel sur Des mots de minuit…

« Le Paquebot », ainsi que je nomme l’immeuble où j’habite, n’est pas près d’appareiller, trop ancré dans le quartier de Wazemmes, à Lille. Les moussaillons ne sont pas du genre à squatter chez les uns ou les autres, mais comme dans les temps difficiles, il y a une ligne de vie qui nous accroche et nous relie, fine et aussi solide que le fil d’une toile d’araignée. » Jacques Lohier. 

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