Au royaume de la trompette serbe: GuÄa! Sur la voix des Balkans #15

Athina quitte Mera un peu raplapla. Elle a quelques jours devant elle pour rejoindre la Serbie et se rendre au festival tant attendu: GuÄa.
Se rendre Ă GuÄa: motivĂ©, motivĂ©, il faut se motiver!
De Mera Ă Cluj Napoca, puis de Cluj Ă TimiĆoara
On est lundi, je suis dans le bus pour Cluj Napoca. Je dois me rendre Ă TimiĆoara en train aujourdâhui et le seul train qui sây rend est Ă 00h56. Jâai alors toute la journĂ©e devant moi. Comme je suis trĂšs chargĂ©e, je prĂ©fĂšre rester Ă un seul endroit. Le cafĂ© Papillon que jâavais dĂ©jĂ squattĂ© pendant ma semaine Ă Cluj (Voir Ă©pisode #05) est parfait pour Ă©crire. Ou buller ou sâenvoler dans son monde intĂ©rieur!
Aujourdâhui, je me sens un peu en perte de vitesse quant Ă ma quĂȘte: eh oui, je nâai pas trouvĂ© mon bonheur musical Ă MeraâŠ
Par contre jâai rencontrĂ© Elisabeta.
Ce nâĂ©tait pas pour vivre avec une grand mĂšre que jâĂ©tais venue jusquâici mais ça sâest fait comme ça. Et puis on ne peut pas tout avoir, nâest ce pas? Lâamour de Mamie Yoyoy ET la musique. Cette fois la musique sâest fait dĂ©trĂŽner largement et câest Elisabeta qui a pris sa place dans mon podium. AprĂšs quelques rĂ©flexions sur le comment continuer ce road trip thĂ©matique â parfois jâai des envies de retour â je prends le train de nuit oĂč je dormirai pliĂ©e en deux quelques heures.
Le lendemain Ă 9h37: je suis Ă TimiĆoara. Ah cette ville qui mâavait tapĂ© dans lâoeil⊠(Voir Ă©pisode #09)

Au guichet de la gare, jâapprends que pour aller Ă Belgrade, il nây a pas de train direct ni mĂȘme de bus! Ăa nâest pourtant quâĂ 2h30. Je suis obligĂ©e de passer par une compagnie privĂ©e serbe qui fait les va-et-vient entre les deux villes. Je rĂ©serve ma place au tĂ©lĂ©phone pour le minibus qui sây rend ce soir et laisse tous mes bagages Ă la consigne de la gare. Histoire dâĂȘtre lĂ©gĂšre comme lâair et de profiter de ma derniĂšre journĂ©e en Roumanie.
Je me fais sĂ©duire par un restaurant vietnamien â oui je sature des sarmales et cie â et me voilĂ en train de laver mes cheveux dans la salle de bain, euh les toilettes de ce restaurant trĂšs branchĂ©.
Jâai bien hĂ©sitĂ© avant de me lancer, me disant que si quelquâun me surprend ça va barder et puis zut! 5 minutes plus tard jâai ma tignasse qui revit et moi avec.
En passant devant un salon pour dames, je me fais sĂ©duire une deuxiĂšme fois. Câest entre les mains dâune coiffeuse â qui ne sait pas comment sây prendre avec mes boucles â et les mains dâune experte en nail art que je me laisse chouchouter. Moi qui suis plutĂŽt roots depuis le dĂ©but du voyage, je me fais un petit dĂ©lire « salon Ă la roumaine » juste pour le plaisir. Les filles sont trĂšs sympas et pour me faire patienter, elles me proposent de mâinstaller sur un canapĂ© douillet face Ă une tĂ©lĂ© oĂč tous les clips de BeyoncĂ© passent en boucle. Je redĂ©couvre alors lâunivers de la belle et me voilĂ en train de lire sa biographie. « Elle a la classe! » je me dis.
AprĂšs quelques heures, je ressors relookĂ©e de la tĂȘte aux pieds et direction la gare!

De Cluj Ă Belgrade
Le gars qui conduit le minibus mâappelle et me demande oĂč je suis. Je suis posĂ©e devant la gare, on peut franchement pas me louper avec mes affaires Ă mes pieds â et ma nouvelle coupe, non je rigole, câest franchement pas rĂ©ussi.
Il me rappelle et on nâarrive pas Ă se comprendre. Vraiment pas. Il me confirme quâil mâattend Ă la « station » et je lui rĂ©torque que je suis bien Ă la « station« âŠ
Bref je finis par deviner de quoi il me parle quand il Ă©voque que câest vert! Aaaah!
La station de service OMV! Ok, je déménage toutes mes affaires.
Nous partons enfin mais on nâest pas aux bouts de nos peines!
On passe chercher un autre voyageur sur la route puis la porte ne se ferme plus. Celle sur le cÎté qui coulisse.
Il y a quelque chose de coincé.
Ă force de tirer dans tous les sens, dâinsister, la vitre du mĂȘme cĂŽtĂ© finit par se briser en mille morceaux! Alors lĂ , on est malâŠ
Le chauffeur ne lĂąche pas lâaffaire: il veut fermer cette foutue porte et compte partir quand mĂȘme avec la fenĂȘtre brisĂ©e. Et les autres passagers Ă©clairent avec leur portable la scĂšne ou mettent la main Ă la pĂąte. Il finit par fermer la porte, et passe dans un supermarchĂ© pour y rĂ©cupĂ©rer un bout de carton. Oui pour le coller sur la vitre. Il sâactive avec du scotch et voilĂ , lâaffaire est dans le sac! « Bah tu vois Athina fallait pas tâaffoler!« , je me dis en moi mĂȘme. Oui, parce que jâai bien cru que lâon allait rester Ă quai.
Pendant le trajet, je suis devant sur le siĂšge Ă cĂŽtĂ© du conducteur. On papote durant tout le trajet, il se rend compte que je suis pas si mĂ©chante que ça â car jâĂ©tais la seule Ă rĂąler, oups! â et que je suis mĂȘme la plus bavarde du minibus. Les autres sont sur leur tĂ©lĂ©phone. Donc, je lui Ă©voque le festival oĂč je me rends. Je questionne lâassemblĂ©e « Vous connaissez GuÄa?« . Les deux jeunes Serbes derriĂšre moi nây sont jamais allĂ©s et quand je leur sors: « Boban et Marko MarkoviÄ« , câest Ă peine sâils relĂšvent la tĂȘte de leur Ă©cran pour Ă©couter les dires. Je perds pas espoir: je fais Ă©couter Ă un autre passager â allemand â le morceau « Sat« . Histoire de le motiver qui sait Ă rejoindre le festival!
Il semble intriguĂ© et nâa jamais entendu ce genre de musique avant aujourdâhui dans ce minibus dĂ©traquĂ©. « Viens Ă GuÄa!« , je lui propose. On nâa pas le temps dâĂ©changer les contacts car le chauffeur mâemmĂšne en premiĂšre Ă mon hostel et on est dĂ©jĂ arrivĂ©s! « Vite, vite« , il me presse. Et voilĂ que je passe une premiĂšre nuit Ă Belgrade dans un hostel oĂč je rencontre deux italiens qui eux vont Ă GuÄa! Ah merci, je me sens moins seule! Je leur montre mon blog et on passe un moment Ă papoter aprĂšs que je me sois prĂ©parĂ©e un encas dans la cuisine.
Le lendemain mercredi, jâai une journĂ©e â un peu chaotique â Ă Belgrade avant de prendre le bus pour GuÄa jeudi Ă 15h.
Christian, contactĂ© via Messenger â ami dâami â a rĂ©servĂ© ma place dans le bus qui va direct Ă GuÄa. Il mâa donnĂ© rendez-vous devant lâĂ©glise St-Marc pour prendre un cafĂ© en attendant le bus.

De Belgrade Ă GuÄa
Christian, parisien, adepte de GuÄa â prononcer goutcha â depuis des annĂ©es me dit: « il mâaura fallu plusieurs GuÄa pour comprendre« . Il organise Ă Paris des soirĂ©es balkaniques, connaĂźt pas mal de musiciens, et aussi les personnalitĂ©s politiques. Une vraie encyclopĂ©die Ă anecdotesâŠ
Quand on arrive â enfin â Ă GuÄa, Christian part chez lâhabitant oĂč il a sa chambre rĂ©servĂ©e et moi je reste plantĂ©e lĂ . Il mâavait recommandĂ© le camping « Mario » mais impossible de mettre la main dessus.
Je me demande bien par oĂč aller quand sur mon chemin, je croise un couple de jeunes grecs. Dimitris et Agapi, sont musiciens et viennent de Thessaloniki. Je leur explique que je cherche un camping. Et ils me rĂ©pondent quâils sont dans un jardin chez lâhabitant pour 5 euros la nuit et quâil y a encore de la place! Banco! Câest parfait! Ils mâaident Ă porter mes affaires â câest pas Ă cĂŽtĂ©! â et me prĂ©sentent Ă la patronne des lieux: Slavica. Une maison familiale oĂč il y a Stanimir â le pĂšre assez ĂągĂ© â et ses deux filles â Slavica et Zorica. GuÄa est le moment idĂ©al pour se faire un peu dâargent pour les locaux. En plus de louer le jardin, ils louent les chambres Ă lâĂ©tage. Zorica prĂ©pare des beignets et borek tous les jours. Vendus ensuite aux festivaliers. Quatre jours bien remplis!

Une année pas comme les autres
Pour la 59Ăšme Ă©dition, cette annĂ©e la scĂšne officielle du festival est installĂ©e dans le jardin Ă cĂŽtĂ© de lâĂ©glise. Plein centre.
Elle remplace lâancienne scĂšne sur le stade connue pour accueillir 50.000 personnes.
Qui dit nouvel emplacement dit nouvelle ambiance. En effet la nouvelle scĂšne est beaucoup plus petite et la capacitĂ© dâaccueil du public est moindre.
DâaprĂšs les dires des villageois, une inondation â du jamais vu â en mai dernier a rendu le terrain complĂštement impraticable.
Donc pas possible dây installer comme Ă chaque Ă©dition prĂ©cĂ©dente la scĂšne oĂč se dĂ©roule la compĂ©tition de renommĂ©e internationale. VoilĂ qui donne dĂ©jĂ au festival une autre allure! Jâapprends au fur et Ă mesure quâavant â dans les annĂ©es 2000 â le festival accueillait Ă©normĂ©ment de monde mais que depuis dĂ©jĂ quelques annĂ©es, lâaffluence a baissé⊠Je suis dĂ©jĂ surprise par ce premier fait: il nây a pas foule!
On se dit que câest jeudi â le premier soir â et que le monde devrait arriver demain.
Ă voir.
On me dit que dâhabitude les bords de la riviĂšre sont envahis de tentes et camping-car, les rues blindĂ©es, bah ma foi, câest plutĂŽt calme cette annĂ©e!

GuÄa, festival multi facettes
En quatre jours, jâai pu constater quâil y avait sous cette appellation « GuÄa » tout un millefeuille⊠Comme Christian il me faudrait sĂ»rement plusieurs Ă©ditions pour le dĂ©cortiquer.
Mâenfin voilĂ , en une seule fois, jâai compris pas mal de choses. Enfin je crois. Et ce grĂące â comme toujours â Ă des rencontres marquantes ou folklo! Je sais pas pourquoi jâattire les histoires drĂŽles. Ăa doit ĂȘtre mon aura ou ma fĂ©e clochette qui me fait encore des tours, bref!
Jâaurai bien aimĂ© voir GuÄa pendant les annĂ©es glorieuses ! Dommage jâĂ©tais encore dans le jupon de JIM (Jazz In Marciac)! (Voir Ă©pisode #01).
Il y a donc le GuÄa pour les touristes, le GuÄa pour les Serbes, le GuÄa pour les roms, le GuÄa pour les villageois, le GuÄa pour les commerçants, et tout ce joyeux monde se croise, cohabite ensemble. Hummm. Ăa promet!
On commence par lequel ?

1933, la fanfare de DojÄilo DjukiÄ.
Trompette de la renommĂ©eâŠ
La premiĂšre chose Ă savoir est que GuÄa est un passage obligatoire pour tout musicien professionnel qui joue dans une fanfare serbe. Une compĂ©tition oĂč quand tu es « trompette dâor« , tu es sĂ»r de dĂ©crocher des contrats pour dâautres festivals par la suite en plus du prestige du prix qui te classe parmi les meilleurs musiciens du pays.
La deuxiĂšme chose câest quâil y a la programmation officielle et ce qui se passe dans les rues, dans les « kafanas« .
Le festival off.
GuÄa est devenu au fil des annĂ©es une grande fĂȘte nationale oĂč petit Ă petit dâautres musiques sont venues se greffer autour du graal de la trompette.
Pour ma part, je nâavais pas vraiment dâattentes en arrivant mais de nombreuses personnes â cĂŽtĂ© France â mâavaient recommandĂ©es ce festival comme LE passage obligatoire pour capter lâambiance musicale des fanfares « balkaniques ». Une amie serbe de Christian mâavait dit avant de prendre le bus cette aprĂšs midi « Tu sais, ça a bien changĂ©, ne tâattends Ă rien dâextraordinaireâŠÂ« .
Avis mitigĂ©s entre les Français qui adĂŽĂŽĂŽrent GuÄa et les serbes qui regrettent les belles annĂ©es .
Deux autres serbes me diront carrĂ©ment que câest devenu « la foire« !
Pour eux, aujourdâhui GuÄa rime avec « du tout et nâimporte quoi« . Regardons dâun peu plus prĂšs.

Premier contact entre le in et le off
AprĂšs avoir installĂ© ma nouvelle tente « tipi » â je devrais dire mâĂȘtre pris la tĂȘte tellement son montage est complexe â dans le jardin, vers 20h nous partons Ă la dĂ©couverte du festival.
Quand jâarrive la premiĂšre fois, jâatterris dâun cĂŽtĂ© de la rue principale oĂč sont alignĂ©es les uns aprĂšs les autres des restaurants avec leurs terrasses.
Dans chaque restaurant, ça joue! Soit le restaurant a sa fanfare attitrĂ©e soit une Ă deux fanfares, passent par lĂ et sây arrĂȘtent pour jouer Ă la table. Comme jâavais pu le voir pendant la tournĂ©e de mariage avec Ramona (Voir Ă©pisode #13) « Ă la table » du client veut dire quâil aligne les billets dans le pavillon de la trompette â par exemple â en consĂ©quence.
Il y a aussi des restaurants oĂč il y a un groupe â claviers, batterie, basse et solistes â programmĂ© pour les quatre jours.
LĂ câest un autre rĂ©pertoire: chansons populaires serbes. Jâai mĂȘme vu un saxophoniste jouant tout seul sur un playback entourĂ© de boules Ă facettes.
Faut le faire !
Et comme tous ces restaurants sont alignĂ©s les uns aprĂšs les autres, il y a clairement une cacophonie si tu ne fais que passer dans la rue. Imagine 3 Ă 4 fanfares qui jouent en mĂȘme temps sur 20 mĂštres.
Un sacré boxson!
Et ce qui est drĂŽle â ou pas â câest que ça joue en boucle les mĂȘmes morceaux. Ederlezi est le morceau le plus jouĂ©. Câest le standard de GuÄa. En serbe, ça donne: ÄurÄevdan je.
On arrive aprĂšs quelques pas sur une placette oĂč trĂŽne « le trompettiste anonyme« .
Ou peut ĂȘtre a t il un nom?
Un peu comme la statue de Wynton Marsalis Ă JIM, il sera le copain de tout festivalier. Chacun.e personnalisera Ă sa maniĂšre â drapeau, chapeau, etc â ce personnage Ă©nigmatique.

Sur cette mĂȘme place, il y a un grand restaurant oĂč les meilleures fanfares jouent pour lâĂ©lite serbe ou la diaspora. Câest un moment pour eux de montrer â de façon festive â quâils ont rĂ©ussi en dĂ©boursant des billets de 50 euros. Ăa câest Christian qui me lâa expliquĂ© en mâenvoyant une photo de Nikola PekoviÄ, cĂ©lĂšbre joueur de basket attablĂ© dans ce mĂȘme restaurant. Tous les soirs, la grande table collĂ©e aux musiciens est rĂ©servĂ©e par des personnalitĂ©s. Et voilĂ encore une autre facette de GuÄa! Pendant que la fanfare de Bojan Kristic joue Ă la table et quâun homme est debout sur la table, de lâautre cĂŽtĂ© de la rue, il y a le concert officiel du festival: Crvena Jabuka.
Je te laisse dĂ©couvrir par toi mĂȘme: ici.
On est vraiment à deux pas et à choisir je préfÚre largement Bojan Kristic!
Et je ne suis pas la seule. Tout le monde dans la rue sâest arrĂȘtĂ© devant le restaurant pour Ă©couter la fanfare. Si bien que les stores sont baissĂ©s Ă un moment pour nous faire comprendre que ce soir: câest concert privĂ©. Allez, du balai les touristes!

Fanfares serbes vs fanfares roms?
Les jours suivant, on entre un plus dans le vif du sujet. Ă 20h, on nous sert sur un plateau dâargent deux fanfares victorieuses de la 58Ăšme Ă©dition. La premiĂšre est serbe: Dejan JevdjiÄ.
La deuxiĂšme est rom: SaĆĄa KrstiÄ.
Et quand je demande Ă mes amis grecs laquelle ils prĂ©fĂšrent, on valide tous la fanfare rom! Chaque fanfare a son rĂ©pertoire qui puise dans la tradition en y ajoutant des compositions. Je remarque en trois notes que les roms ont un autre son: ça swingue mĂ©chamment! Contrairement Ă la fanfare serbe, qui elle est beaucoup plus dans le rythme militaire originel et avec des notes piquĂ©es. Pour moi, leur son Ă©voque trop « on part Ă la guerre« . Alors que les roms transmettent â ce nâest que mon avis â plus dâĂ©motions et de groove. Bref, jâen veux encore et encore!
Malheureusement encore une fois, on nous sert en dessert quelque chose qui a un goĂ»t dâhors sujet: du rock serbe! Eh oui! le plus grand festival de trompette des Balkans se la joue « grand public ». Et en effet, le public serbe est trĂšs content. DĂ©jĂ bien alcoolisĂ© â jâai Ă©chappĂ© Ă me recevoir sur la tĂȘte plusieurs fois des pintes â il chante en chĆur en levant le drapeau les paroles des chansons. Et quand on ne comprend ni les paroles et que la musique est very boring, bah on finit par errer dans le off et parfois, câest vraiment Ă©pique!

Un cĂŽtĂ© fĂȘte foraine « comme dans les annĂ©es 90 »
De lâautre cĂŽtĂ© du village est installĂ©e une grande fĂȘte foraine! Avec des manĂšges quâon ne voit plus en France. Tu sais, comme celui oĂč câest juste des siĂšges tenus par des chaĂźnes et ça tourne. Il y a mĂȘme ce jeu oĂč tu dois faire passer un anneau dans une bouteille de biĂšre pour gagner un lot. Ici, câest pour gagner des cigarettes.
Elle a un cĂŽtĂ© vintage cette fĂȘte et câest tant mieux!
Pour y arriver, on passe dans une rue oĂč des deux cĂŽtĂ©s: kafanas et ses grillades!

Oui toujours le fameux cochon Ă la broche et les chaudrons en terre Ă mĂȘme le sol pour prĂ©parer le chou en potĂ©e, le porc, et soupes. Il y a aussi sur le festival de nombreux stands pour manger le burger serbe: Pljeskavica.
Câest bon, pas cher et finalement câest ce quâil y a de meilleur sur le festival avec les salades et les boreks.
La rue est complĂštement enfumĂ©e, câest impressionnant! AjoutĂ© à ça: le monde dans la rue! On est samedi soir et câest le seul soir oĂč lâon ne peut pas avancer dans la rue tellement elle est saturĂ©e. Enfin, ça câest uniquement du cĂŽtĂ© fĂȘte foraine.
Du cĂŽtĂ© de la scĂšne officielle, ce soir câest Dejan PetriviÄ et câest comme les soirs prĂ©cĂ©dents: du monde mais sans plus.

Et le gagnant de la 59Ăšme Ă©dition estâŠ
Les gagnants sont annoncĂ©s le dimanche. Câest lâorchestre dâElvis Bajramovic!
Fanfare rom! Ils sont trĂšs trĂšs forts, jâai des frissons de partout! Il y a un petit trompettiste sur scĂšne â peut ĂȘtre ĂągĂ© de 9 ans â qui bluffe tout le monde. MusicalitĂ©, rythme, prĂ©cision: tout est lĂ .
AprĂšs la cĂ©rĂ©monie officielle â trophĂ©e, discours, feux dâartifices â on veut poursuivre la fĂȘte ! Et encore une fois, câest un groupe de rock qui vient prendre la suite. On clĂŽture le festival avec le Tropico band. Surprise! Le chanteur interprĂšte Ederlezi en romani.
Du jamais vu dans le festival quâun serbe chante la version rom. Une belle façon de dire « Serbe ou rom, câest la mĂȘme chanson« . Et oui, les roms ne vivent pas les mĂȘmes rĂ©alitĂ©s⊠Tu tâen doutes. Il suffit de voir comment certains serbes traitent les jeunes filles roms qui font la manche en chantant avec leur tambourin pour comprendre. Ou en tout cas pour voir quâil y a bien encore une grande partie des roms exclus de la sociĂ©tĂ© serbe. Dans une extrĂȘme pauvretĂ©. Dâautres pendant le festival font les poubelles et ramassent toutes les bouteilles en plastique. Ils les transportent dans des grands sacs pour sĂ»rement en tirer de lâargent. Le tri manuel. Bien sĂ»r tous les roms ne sont pas dans cette situation de prĂ©caritĂ©. Mais câest vrai que je nâen ai pas vus qui Ă©tait juste pour profiter du festival. Tous travaillaient.

Tu aimerais aller Ă GuÄa?
Si câest le cas, je te conseille dâoublier tout ce que jâai dit et de te faire ta propre expĂ©rience. Peut ĂȘtre que tu vas adorer les concerts de rock et le fait quâil y ait de la musique tous les trois mĂštres en mĂȘme temps?
Peut ĂȘtre, peut ĂȘtre, peut ĂȘtre.
Dans tous les cas, je pense que ça vaut la peine dâĂȘtre vĂ©cu au moins une fois dans sa vie. A chacun.e son histoire avec GuÄa! Tu pourras en parler avec ton vĂ©cu! Et on pourra sâĂ©changer nos points de vue, qui sait?
Le lendemain, lundi je pars en bus Ă ÄaÄak. Quelques rencontres de festivaliers â mexicains en vadrouille avec leurs instruments et un franco-russe-tsigane guitariste â et nous voilĂ partis pour dâautres histoires pendant le trajet. Je suis maintenant sur la trace dâEsma Redzepova, grande chanteuse rom de MacĂ©doine. Prochaine destination: Skopje !

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