Back to Paris! Alors, l’aventure c’est fini? Sur la voix des Balkans #22
Athina rentre au bercail après 3 mois et demi Sur La Voix Des Balkans! Que reste-t-il de nos amours? Elle chante le long du canal de l’Ourcq. Nouveau départ, nouvelle maison, nouveaux projets, nouvelle vie?
J’ai changé 41 fois de lit au cours de ce road trip
Après des au revoir dignes d’un sketch de Charlot à Bruxelles avec Cynthia, je finis par arriver quelques heures plus tard à Paris. J’ai quitté Bruxelles difficilement – j’ai raté mon bus – et j’entre enfin dans ma ville perdue de vue depuis plusieurs mois: Paname.
C’est entre la gare glauque de Bercy et la rue du saint-Gothard dans le 14ème arrondissement – une rue qui a un air de village – que je finis par poser mes valises. Premier point d’atterrissage: l’appartement de Robin et Carmen qu’ils me prêtent pour une semaine alors qu’ils sont à leur tour en vadrouille. Accompagnée d’un ami, Andromède, nous allons d’abord chez la grand mère de Robin récupérer la clé du logis. Elle vit à Chinatown, autrement dit au cœur du 13ème. D’ailleurs elle nous recommandera un resto de quartier cambodgien qui fait les meilleurs cuisses de cailles. J’ai une faim de loup, moi! Et voilà comment je passe ma première soirée parisienne en train de siroter une bière chinoise – Tsingtao – à côté d’un aquarium.
Il y a quelques jours, j’étais au ouzo à côté des vagues, de l’eau et les algues. Tu te souviens? (Voir épisode #20). D’ailleurs, c’est avec ce même ami – et tu auras peut être souligné que lui aussi a un prénom grec? – que je m’apprête à m’installer dans ma nouvelle demeure.
Je t’avais rapidement évoqué dans le deuxième papier qu’avant de partir en voyage, je vivais dans une « chambre de bonne ». J’avais oublié de préciser que c’était au 7ème étage sans ascenseur, avec une « toilette à la turque » et une douche à partager avec une dizaine de chambres et que les murs étaient épais comme du papier à musi…cigarette. Bref, un endroit qui clairement ne me fait pas rêver. Même tout le contraire: c’est la déprime assurée.
Pendant ce voyage, j’ai changé 41 fois de maison, hostel, appartements avec vue ou pas, tente, canapé, bref de lit.
Oui, j’ai compté! Si j’ai tenu 4 mois dans ce trou à rat avant le voyage – précisément 9m2 – c’est justement parce que je savais que je n’y resterai pas.
Trouver un nouveau pied à terre: done!
Aujourd’hui, j’ai d’autres envies – j’en ai même trop – pour ma nouvelle vie parisienne. Tu l’auras deviné, il y a eu un avant Balkans et il y aura un après.
Et ce nouvel endroit pour reconstruire après tant d’aventures, c’est par où alors?
En une semaine, on trouve un plan maison sur cour en banlieue petite couronne!
Coup de bol! Ou est-ce dû au voyage qui m’aurait donné des pouvoirs magiques? Un genre de troisième sens de la super débrouille? Un peu tout ça à la fois, on a qu’à dire.
N’empêche que c’est pas pour demain l’installation, eh! Il faut attendre le début du mois suivant pour le vrai déménagement. Alors je continue de trimballer ma vie sur le dos à droite, à gauche. Sac à dos, sac à dos, c’est gagné!
Retrouver des tickets de métro jusque dans mon lit: je suis bien arrivée à Paris.
Chez mes amis, je relis mes propres cartes postales accrochées le long de l’étagère. Ça provoque chez moi une nostalgie sans nom. « Ah oui, j’étais là et je me souviens exactement de l’endroit où je l’ai acheté celle ci« . Celle de Skopje en face de chez Ali, et puis celle de Maramureş au camping où j’ai rencontré Marius… Je rembobine le film. Tous ces lieux. Tous ces gens.
Je n’ai pas arrêté pendant 3 mois et demi!
Je réalise aussi que je l’ai fait!
Ce projet de ouf! Toute seule, eh ouais! Comme dirait mon « chef« , « vous êtes culottée quand même! » ah! ça, c’est clair! Je crois que voyager seul.e sans audace, ce serait comme faire des blancs en neige sans la pointe de sel, non?
C’est plus compliqué. Faisable mais disons que ça aide la petite pointe de sel.
Bon et maintenant, que vais je faire?
Les Balkans, c’est fini? J’ai pas le temps d’y penser car la réalité revient vite au galop…
Je cherche un nouveau boulot!
Bah oui, mon compte en banque tire vraiment la gueule. Allez, je suis de nouveau serveuse – ou vendeuse, ça dépend des jours – pour remettre du beurre dans les épinards. Ou plutôt de l’huile dans le moteur. Ouais, parce qu’à Paris sans fric, bah tu vas pas bien loin. Encore dans les Balkans, j’arrivais à bidouiller avec quelques euros mais là, c’est 1€90 le ticket de métro. Soit 3 fois plus cher qu’un trajet à Sofia.
Sinon, la première chose que je remarque en arrivant, c’est l’allure indétrônable en termes de vitesse du pas parisien. Ils ne sont pas au pas, non, plutôt au grand trot.
Ça t’est déjà arrivé de ne pas marcher sur un tapis roulant, par exemple? De t’arrêter et d’observer? Ça me fait halluciner de voir ces gens hérissés pris dans un tourbillon où « y a pas le temps, y a pas le temps« . Ils ont l’air en panique 24 heures sur 24. Ça doit pas être drôle d’être dans leurs jambes, dis.
Et puis ce noir – très professionnel, tu comprends – qui prédomine dans le paysage vestimentaire. C’est triiiiiiste!
Cette météo – oh la vilaine ! – qui m’en a fait voir de toutes les couleurs.
Quant aux hérissons, il n’y en a plus du tout sur mon chemin – qu’ils étaient mignons pourtant ceux du jardin de Mamie Yoyoy (Voir épisode #14). À part ces petites choses comment dire très agréables – je sais bien que je ne les remarquerai plus dans 2 semaines – je fais des retrouvailles avec les êtres aimés mais aussi avec les lieux chéris. Les ami.e.s qui tendent la main pour m’accompagner dans mon nouveau train-train quotidien, ça, c’est important. C’est pas évident de remettre le pied à l’étrier, tu t’en doutes. Paris, c’est aussi la joie de voir la tour Eiffel se mettre sur son 31 depuis le haut de la rue de Belleville, de retrouver l’effervescence culturelle et artistique à trois rues, des opportunités à trois stations de tromé et de chanter à bicyclette « Sous les ponts de Paris » avec une grosse doudoune colorée.
Révélation après 3 mois et plus dans les Balkans!
Tiens entre deux cartons, deux services, deux cours de chant – oui, je suis également professeure de chant – je réfléchis à mes projets futurs: musiques? écritures? Et j’en passe. Je passe tout à la moulinette d’ailleurs, conclusion: je ne sais pas trop par où commencer! J’ai même pas encore atterri… À mon tour de dire « j’ai pas le temps, j’ai pas le temps« .
J’avais tout quitté pour réaliser ce « rêve de gosse » et maintenant c’est le grand vide. Un vide obsédant. Je veux le remplir et me voilà en train de prendre la température ici et là. Je pars en jam, je vais à des concerts, je recroise des connaissances, je suis invitée à une émission de radio où je ne peux m’empêcher d’avoir un fou rire monumental.
Bref, Paname n’a pas changé. Par contre, moi j’ai beaucoup changé. Enfin, je me sens encore plus décalée. C’est grave Docteur? Je déambule dans ces rues aux noms à rallonge, mon regard décortique détail après détail. Du comptoir au café, aux balades en bus dans les quartiers, je continue le voyage.
Souvent on me demande si je vais faire de « la musique des Balkans » et j’ai envie de rigoler. Déjà parce que ça n’existe pas. Chaque pays a ses sonorités, traditions et instruments qui sont complètement différents. Ça peut même différer en fonction des régions dans un même pays. Comme en France en fait! La musique bretonne n’a rien à voir avec la musique réunionnaise et pourtant, les deux sont françaises, non? Et la musique Rom alors? Eh bien, c’est pareil. Elle est différente en fonction du pays où vivent les communautés.
C’est très varié et même en ayant passé quelques temps dans ce bout de l’Europe, je ne me sens pas du tout à l’aise avec l’idée de chanter leurs musiques. Je n’ai découvert qu’un échantillon, et si j’y retournais demain certainement que j’aurais encore des surprises. Finalement si j’avais voulu chanter une musique en particulier, je serai restée sur place. Pour apprendre la langue primo, vivre avec la culture secondo.
Par contre, inviter des musiciens des Balkans qui vivent à Paris sur un projet où il serait question d’un album – carnet de voyage, me déplairait pas du tout. C’est même l’idée que j’ai en tête! Allô les producteurs, y a quelqu’un?
J’étais partie chercher ma voiX, ça c’était le point de départ (Voir épisode #01). Et puis j’ai trouvé en route ma voiE. Écrire et chanter en français. Bon, en fait c’est pas nouveau. Mais, quand on prend du recul on réalise mieux les choses, essentielles. Ce qu’on veut vraiment faire de sa vie. J’ai donc réalisé que ce que j’aime par dessus tout c’est raconter des histoires. À partir de mes expériences mais aussi à partir de celle des autres. On m’avait déjà alertée sur ce potentiel de mettre en musique mes aventures. Je n’y croyais pas une seconde. Tu vois, en fait c’est ce carnet à cœur ouvert, cette correspondance avec toi qui m’a donné suffisamment confiance pour le faire. Alors, je dois te remercier d’avoir été là. Sans toi, je n’aurai certainement pas eu une telle révélation. Je me dois de remercier également Des Mots de Minuit pour leur carte blanche qu’ils m’ont accordée.
Ça m’a donné envie de continuer mes exercices de langue qui se fourche en quatre pour réveiller le goût des mots comme du voyage.
On reste en contact?
Pendant tout l’été, j’ai noirci mes carnets de contacts, mon téléphone de notes en tout genre. Maintenant, c’est à toi que je m’adresse.
Eh oui! c’est le dernier épisode de ce feuilleton… Bye bye mes chers lecteurs.
Pour ne pas se perdre de vue, j’ai créé spécialement pour toi un endroit où tu pourras me retrouver: musiques, écritures et que sais je encore. Athina, c’est par là.
Sur le même élan que ce feuilleton -assez spontané vu que j’écris mes épisodes souvent en une seule fois- je continuerai à te raconter des morceaux de vie avec des pépites à l’intérieur. Une sorte de suite à ce récit mais pas que. Y aura du son bientôt!
Ma fameuse collaboration avec Mr Collage de Thessaloniki et puis je te parlerai certainement d’une nouvelle thématique qui me tient à cœur: Vivre Paris autrement. Car maintenant que j’y suis, j’y reste! Yassou! (Salut en grec)
► Sur la voix des Balkans: tout le voyage
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