C’est en sortant de chez moi que j’ai entendu Marc et Albert parler de ça. Mais ils n’étaient pas d’accord sur tout. Il y avait bien eu l’ambulance et les voitures des flics…

–       Ah bon ! Quand ? demandai-je.
–       Ben… samedi soir, a dit Marc.
–       Non ! a rétorqué Albert, c’était dimanche soir.
De mon côté, je n’avais rien entendu. Et ils ne savaient pas exactement qui était mort. On parlait d’un gars de l’autre immeuble, tué à coups de hache, ou du 32 qui aurait été victime d’une crise cardiaque.
Quelques jours plus tard, on a su que c’était bien le 32 qui était mort d’une crise cardiaque.
Je ne le connaissais pas, le 32. Enfin… si… Quand on m’a dit que c’était le jeune gars qui descendait le matin avec son vélo, ça m’a rappelé des choses, mais rien de plus que « bonjour bonsoir ». Et puis Georges est arrivé. Georges, c’est le 21, donc presque en dessous du 32.
Le bruit courait qu’il vivait avec un autre homme (le gars du 32, pas Georges) mais personne ne savait vraiment. Et puis, après tout… C’est comme les deux jeunes du 22. Chacun sa vie.
Peu de temps après, la famille est venue vider l’appartement. Discrétement. Depuis hier, il y a quelqu’un de nouveau au 32. Mais je ne sais pas qui c’est.

La vie dans un immeuble de Wazemmes en feuilleton bimensuel sur Des mots de minuit…

« Le Paquebot », ainsi que je nomme l’immeuble où j’habite, n’est pas près d’appareiller, trop ancré dans le quartier de Wazemmes, à Lille. Les moussaillons ne sont pas du genre à squatter chez les uns ou les autres, mais comme dans les temps difficiles, il y a une ligne de vie qui nous accroche et nous relie, fine et aussi solide que le fil d’une toile d’araignée. » Jacques Lohier.

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