« Tous les gouvernements ont leurs services secrets… »
« … En Amérique, c’est la CIA; en France, le « 2ème Bureau », en Angleterre le « MI 5 ». L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a la sienne aussi. Dans les cas difficiles, on fait appel à moi ou à quelqu’un dans mon genre. Oh, je me présente. Je m’appelle Drake, John Drake. »
J’ai écouté cette phrase des centaines de fois en français dans un premier temps, et en version anglaise par la suite. Je dis « écouté »; car, lors de la diffusion dans les années 90 de la célèbre série Destination danger (Dangerman en VO) créée par Ralph Smart dans les années 60, avec pour interprète Patrick McGoohan, j’avais pris l’habitude de raccorder un magnétophone à cassette à l’aide d’un cordon DIN au poste de télévision familial. Ainsi après avoir visualisé l’épisode de la semaine, j’avais la possibilité de réaliser un petit exercice. Je m’enfermais dans mon laboratoire et réécoutais inlassablement la bande son d’une durée de trente minutes. Les yeux fermés, avec un casque audio sur les oreilles, je pouvais me « refaire le film » de cette série, devenue culte. La musique, les bruitages, la voix des acteurs; j’avais tous les éléments pour revoir les images en n&b. Une porte s’ouvrait en grinçant: je voyais le cadrage, la lumière, le raffinement et la dextérité de John Drake crochetant une serrure à l’aide de petits outils. Je revivais une poursuite en voiture dans les rues de Londres. Je voyageais dans le monde entier, grâce à la musique de différents pays. Certaines scènes se déroulaient dans différents clubs de jazz; cela n’était pas pour me déplaire -A l’époque, j’évoluais pour mon travail dans cet univers sonore que j’apprécie-. Dans la période où se situe l’action de la série (la guerre froide), les sonneries de téléphones, les ronflements des moteurs de voitures ont de la personnalité. Les décors sont simples, efficaces et laissent place à l’imaginaire.
J’ai écouté cette phrase des centaines de fois en français dans un premier temps, et en version anglaise par la suite. Je dis « écouté »; car, lors de la diffusion dans les années 90 de la célèbre série Destination danger (Dangerman en VO) créée par Ralph Smart dans les années 60, avec pour interprète Patrick McGoohan, j’avais pris l’habitude de raccorder un magnétophone à cassette à l’aide d’un cordon DIN au poste de télévision familial. Ainsi après avoir visualisé l’épisode de la semaine, j’avais la possibilité de réaliser un petit exercice. Je m’enfermais dans mon laboratoire et réécoutais inlassablement la bande son d’une durée de trente minutes. Les yeux fermés, avec un casque audio sur les oreilles, je pouvais me « refaire le film » de cette série, devenue culte. La musique, les bruitages, la voix des acteurs; j’avais tous les éléments pour revoir les images en n&b. Une porte s’ouvrait en grinçant: je voyais le cadrage, la lumière, le raffinement et la dextérité de John Drake crochetant une serrure à l’aide de petits outils. Je revivais une poursuite en voiture dans les rues de Londres. Je voyageais dans le monde entier, grâce à la musique de différents pays. Certaines scènes se déroulaient dans différents clubs de jazz; cela n’était pas pour me déplaire -A l’époque, j’évoluais pour mon travail dans cet univers sonore que j’apprécie-. Dans la période où se situe l’action de la série (la guerre froide), les sonneries de téléphones, les ronflements des moteurs de voitures ont de la personnalité. Les décors sont simples, efficaces et laissent place à l’imaginaire.
J’avais en tête beaucoup de détails ayant rapport à la photographie lorsque j’entendais le générique: la lumière, les cadrages, les accessoires, la pose des personnages, le maquillage… les décors.
Je faisais une série d’images de personnages de films, et comme pour la photo de mon personnage angoissé par la banlieue (voir LLL. Semaine 21), je voulais créer une ambiance cinématographique.
Je faisais une série d’images de personnages de films, et comme pour la photo de mon personnage angoissé par la banlieue (voir LLL. Semaine 21), je voulais créer une ambiance cinématographique.
Mon fil conducteur, le point de départ de mon intrigue sera un objet. Une malette. Que contient-elle? À qui est-elle destinée? Elle m’a été confiée par un magasin de luxe parisien et va me servir de point de départ pour créer cette image. La photo se fera de nuit. Mon héros restera anonyme. Dans mon scénario l’homme possède une information à négocier qui y est contenue. Dans la réalité, Monsieur T. -appelons-le ainsi- veut bien poser, mais préfère pour des raisons très personnelles ne pas montrer son visage. Ce qui change complètement mon état d’esprit au moment de la réalisation de la photo. M. T. me procure facilement un véhicule des années 60 -je n’ai pas posé de question sur le moyen utilisé pour trouver un engin pareil aussi rapidement- pour nous rendre au 91 quai de la gare Paris, 13 ème arrondissement. Direction: « Les Frigos », une ancienne usine à glace. L’endroit qui semble désaffecté et lugubre la nuit, est en fait habité par une foule d’artistes. Des peintres, des musiciens, des tagueurs et des danseurs… autant de « glandeurs ». Une faune bigarrée a investi le lieu. Les murs des bâtiments sont couverts de tags. Au sol de cette friche industrielle, des rails. C’est une propriété de la SNCF à l’abandon. J’ai mon décor et mon ambiance. Nous tournons un moment avec le véhicule dans cette immense parc pour trouver un angle de prise de vue. Il peut se jouer n’importe quel scénario autour de cette valise. Elle est petite et vide. Je me promène moi, avec ma propre mallette qui contient un véritable bijou: un boîtier 6X6 de marque Hasselblad équipé d’un objectif de 80 mn ouverture f 2.8 auquel je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Le lieu est inspirant, mais pas forcément rassurant. Des quais, des rails, des manettes d’aiguillages. Des seringues et des canettes aussi qui jonchent le sol. Quelques lampadaires éclairent des silhouettes en pleine discussion. Il y a peu de lumière à l’endroit ou nous arrêtons la berline rétro qui sert de bureau mobile à Monsieur T.. J’utilise les phares de ma voiture personnelle pour redonner un peu de lumière à la scène. Le ciel chargé est idéal pour renforcer le côté dramatique de cette petite mise en scène. Lui est très à l’aise, plus que moi. Je pense au précieux contenu de ma malette. Il nous faudra aller vite ce soir là.
Nous ne sommes pas seuls dans ce lieu mystérieux, d’autres bandes rôdent…
LLL. 23
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