Cadavre exquis. « Des mots de minuit » à Metz pour le festival Littérature et journalisme 2014.
Metz, avril 2014, Festival Littérature et Journalisme… Cadavre exquis..
« Quand il se retourne, l’étalon rouge du soir hennit déjà dans les calcaires. « Merde! la gare est fermée. » Il maugrée et s’engage passage de l’amphithéâtre.
(Philippe Lefait…)
Il ne verrait donc pas dans l’or du soir qui tombe, le fameux bas-relief qui orne la façade de la gare de Metz, bas-relief égyptien (deux chameaux, deux pyramides) qui l’avait tant fait rêver dans son enfance.
(Mathias Enard…)
Il ne le vit pas, car la première fois qu’il tenta de le voir, le train qui devait l’amener de Berlin dérailla et la seconde fois, la guerre mondiale avait éclaté et les réseaux de la Reichbahn étaient entièrement occupés par les acheminements militaires. Il ne le vit pas, mais ce bas-relief détermina toute sa carrière d’égyptologue et c’est en fin de compte à cela que nous devons la découverte des plus beaux temples de Nubie.
(Olivier Rolin…)
Il décida de changer totalement de perspective et désormais, pour explorer le passé, il s’engagea dans l’avenir, à pied en marchant, en marchant assidûment, ardemment, sur la trace de tous ceux qui nous avaient précédés et il lui sembla que loin de la mécanisation du monde moderne, la guerre devenait improbable et que le chemin était le chemin de la rencontre, de la découverte et de la paix.
(Axel Kahn…)
Vacillant, incertain, il choisit donc de rentrer chez lui, de s’assoir et de ne plus bouger et de regarder par la fenêtre.
(Philippe Jaenada…)
Son regard traça des diagonales sur le square d’en bas, des cercles concentriques jusqu’à repérer, ramassée, minuscule, inerte, la forme rouge auprès du banc.
(Maylis de Kerangal…)
Il se retourna et, par-dessus les nuages, vit le visage souriant de sa grand-mère, morte depuis un an. C’était comme si c’était hier.
(Aurélie Filippetti…)
Puis il fut pris d’une irrépressible envie de se laver le visage, il se dirigea vers l’abreuvoir, il plongea la tête, longtemps. Puis il la ressortit lentement en se mettant les cheveux en arrière. Il entra dans la maison et se mit à écrire. Il était temps de commencer à raconter l’histoire. »
(Patrick Bruel…)
Quand il se retourne, l’étalon rouge du soir hennit déjà dans les calcaires. “Merde! la gare est fermée.” Il maugrée et s’engage passage de l’amphithéâtre.
Des mots de minuit. Cadavre exquis, Metz 2014.
Il ne verrait donc pas dans l’or du soir qui tombe, le fameux bas-relief qui orne la façade de la gare de Metz, bas-relief égyptien (deux chameaux, deux pyramides) qui l’avait tant fait rêver dans son enfance.
Il ne le vit pas, car la première fois qu’il tenta de le voir, le train qui devait l’amener de Berlin dérailla et la seconde fois, la guerre mondiale avait éclaté et les réseaux de la « Reichbahn » étaient entièrement occupés par les acheminements militaires. Il ne le vit pas, mais ce bas-relief détermina toute sa carrière d’égyptologue et c’est en fin de compte à cela que nous devons la découverte des plus beaux temples de Nubie.
Il décida de changer totalement de perspective et désormais, pour explorer le passé, il s’engagea dans l’avenir, à pied en marchant, en marchant assidûment, ardemment, sur la trace de tous ceux qui nous avaient précédés et il lui sembla que loin de la mécanisation du monde moderne, la guerre devenait improbable et que le chemin était le chemin de la rencontre, de la découverte et de la paix.
Vacillant, incertain, il choisit donc de rentrer chez lui, de s’assoir et de ne plus bouger et de regarder par la fenêtre.
Son regard traça des diagonales sur le square d’en bas, des cercles concentriques jusqu’à repérer, ramassée, minuscule, inerte, la forme rouge auprès du banc.
Le point rouge se déplaça rapidement le long du banc, passa devant un pigeon qui se mit à le poursuivre en essayant de le picorer.
Il se retourna et, par-dessus les nuages, vit le visage souriant de sa grand-mère, morte depuis un an. C’était comme si c’était hier.
Puis il fut pris d’une irrépressible envie de se laver le visage, il se dirigea vers l’abreuvoir, il plongea la tête, longtemps. Puis il la ressortit lentement en se mettant les cheveux en arrière. Il entra dans la maison et se mit à écrire. Il était temps de commencer à raconter l’histoire.
Philippe Lefait
Mathias Enard
Olivier Rolin
Axel Kahn
Philippe Jaenada
Maylis de Kerangal
René Pétillon
Aurélie Filippetti
Patrick Bruel
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