Javier Cercas. Le fil du destin à l’origine de l’oeuvre du romancier espagnol.
L’ambiguïté ou le cheveu qui fait la différence dans une vie. C’est le thème central du travail littéraire de l’espagnol Javier Cercas.
Les romanciers espagnols ont beau être talentueux. Ils sont prévisibles. En général, la lecture de Jorge Luis Borgès les marque. Surtout s’ils sont adolescents. Javier Cercas avait une quinzaine d’années quand le maître argentin a rattrapé le fils de vétérinaire qui a vécu à Gérone l’essentiel de son enfance. C’est dans cette ville qu’il devient universitaire et professeur de littérature espagnole. On le sait également chroniqueur au journal El Pais. Et c’est Mario Vargas Llosa, critique, qui ensence son troisième roman, Les soldats de Salamine paru en 2001. Ce qui aide à la notoriété et à la diffusion. Si l’oeuvre de Javier Cercas est traduite en 20 langues, c’est Actes sud qui est son éditeur français.
L’ambiguité ou le cheveu qui fait la différence ou le destin est bien au coeur du propos de ce roman dans lequel
est menée par un journaliste une recherche sur le combattant républicain resté inconnu qui laisse Rafael Sanchez Mazas, écrivain et penseur de la Phalange, échapper au peloton d’éxècution.
À la vitesse de la lumière, est une réflexion sur la part sombre de l’humanité dans un roman dont l’action se situe au Vietnam.
Puis, Cercas -sous forme de récit et faute d’être capable « d’illuminer la réalité par la fiction »- continue de disséquer les points de bascule de l’histoire dans Anatomie d’un instant qui revisite la tentative de coup d’état du 23 février 1981. Cet essai est une radiographie de l’Espagne des années 1980 qui juxtapose les faits, les analyses et le questionnement de l’écrivain-citoyen. Avec comme agent du texte, l’un des trois députés qui ne se couchera pas sous la menace du putchiste Antonio Tejero. Cet homme debout pourrait être un héros. Ce n’est qu’Adolfo Suarez, ancien franquiste, chef d’un gouvernement de transition juste démissionnaire. Et Borges est forcément au coin de la rue. « Tout destin, aussi long et compliqué soit-il, se résume au fond à un seul moment: le moment où l’homme apprend pour toujours qui il est. »
Le dernier roman, tout en paroles, de l’auteur espagnol (-il prend la forme d’une série d’entretiens rapportés à la première personne par un écrivain-) a toujours pour cadre le post franquisme. Les lois de la frontière (traduit par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic) décrit la croisée des parcours de quelques gamins de Gérone, incarnation d’une génération écartelée par l’histoire et la transgression de leur âge. Les uns retrouvent le « droit chemin » quand l’autre, Zarco, finira par mourrir en prison. Cercas pose la délinquance juvénile de l’époque comme « le dernier reliquat de la misère économique, de la répression et du manque de liberté sous le franquisme ».
Nous l’avons rencontré pour un mot à mot à l’occasion du festival LITTERATURE&JOURNALISME de Metz en avril 2014.
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