Ogawa Ito, « La papeterie Tsubaki »: l’art d’écrire

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L’auteur du best-seller japonais « Le restaurant de l’amour retrouvé » signe un quatrième roman sensuel et poétique sur le pouvoir des lettres.

Si les Japonais ont volontiers recours aux mails, les lettres, lorsqu’il leur arrive encore d’en envoyer, restent extrêmement codifiées. On n’emploiera ni le même ton, ni la même encre, ni le même papier, ni la même calligraphie selon que l’on s’apprête à écrire une lettre de rupture, de condoléances ou de vœux.
« Le même texte offre un visage totalement différent selon qu’il est rédigé au stylo-bille, au stylo-plume, au stylo-pinceau ou au pinceau », affirme la jeune Hatoko qui fut initiée à toutes ses subtilités par sa grand-mère surnommée l’Aînée. C’est elle qui tenait jusqu’à son décès la papeterie familiale où Hatoko pratique désormais le métier aussi poétique que désuet d’écrivain public. Là au milieu des cahiers des gommes et des stylos, la jeune fille tente de percer les véritables attentes de ses interlocuteurs afin de répondre au mieux à leurs demandes.

Calligraphie 

Il y a la vieille dame soucieuse d’informer son entourage de la mort… de son singe, l’éditeur désireux de convaincre un éminent critique littéraire de rejoindre son écurie, mais aussi la petite fille amoureuse de son professeur ou la jeune femme si belle à l’écriture pourtant si laide.
Au Japon, où se pratique depuis des millénaires l’art de la calligraphie, la dysgraphie autrement dit la difficulté à former des lettres est considérée comme une véritable tare. Dis-moi comment tu écris je te dirai qui tu es, aurait pu résumer l’Aînée, grand-mère austère auprès de qui la jeune fille a fait ses classes. Si Hatoko n’ignore rien de la manière de se fondre dans l’identité d’autrui afin d’en épouser au mieux le style, la jeune fille semble quant à elle s’être perdue de vue. « Je n’avais pas encore trouvé mon moi calligraphique, l’équivalent du sang qui coulait dans mes veines, ce qui faisait que j’étais moi. » Il finira par lui être révélé, tout comme le secret de famille qui pesait sur sa vie.
Roman d’apprentissage d’une infinie poésie dans lequel chaque chapitre correspond à une saison, La papeterie Tsubaki est un hommage sensuel et délicat à l’art d’écrire qui dépasse largement les frontières du pays du Soleil Levant.

Editions Philippe Picquier – 384 pages

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(Illustration de l’article: © Makiko Doi-Poplar)

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