David Foenkinos « Vers la beauté »: l’art comme consolation

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L’histoire de deux âmes blessées que seule la beauté a le pouvoir d’apaiser. Le dernier roman de Foenkinos s’inscrit dans la droite ligne de « Charlotte Salomon ». Il est sans doute le plus mélancolique mais aussi le plus profond.

Quelle mouche a bien donc pu piquer Antoine Duris, talentueux professeur aux Beaux-Arts de Lyon pour qu’il prenne la décision de tout quitter du jour au lendemain pour devenir gardien de salle au Musée d’Orsay? Telle est l’énigme sur laquelle s’ouvre le nouveau livre de l’auteur de « Monsieur Pick«  laquelle ne trouvera sa résolution qu’à la toute fin du roman. Entre-temps le lecteur aura fait la connaissance de Camille Perrotin, jeune fille apparemment sans histoire, frappée elle aussi du jour au lendemain par un mal étrange la privant de toute énergie. Comment continuer à vivre quand tout désir vous a quitté? En fréquentant la beauté répond l’auteur de « Charlotte Salomon«  jeune peintre au destin tragique assassinée en 1943 à Auschwitz qu’il a contribué à sortir de l’oubli dans un roman au titre éponyme récompensé en 2014 par le Goncourt des lycéens et le Renaudot

Gravité

« Chacun cherche son propre chemin vers la consolation », confesse-t-il dans ce nouveau livre. Celle d’Antoine Duris passera par ce tableau de Jeanne Hébuterne qui fut la muse de Modigliani « Elle avait l’allure d’un grand cygne éthéré, une langueur perceptible dans le regard, une incommensurable mélancolie ». L’ancien professeur aux Beaux-Arts passera des heures, abîmé dans la contemplation de cette femme qui lui ressemble comme une sœur et à qui il peut confier ses tourments. Camille elle se lancera dans la création convaincue comme Antoine que « les tristesses s’oublient avec Botticelli, les peurs s’atténuent avec Rembrandt, et les chagrins se réduisent avec Chagall ».
Portraits croisés de deux solitaires malmenés par la vie « Vers la beauté » célèbre avec une délicatesse infinie le pouvoir de consolation de l’Art, le merveilleux demeurant « la meilleure arme contre la fragilité ». Habilement construit, ce nouveau roman tout en pudeur et en émotion confirme un tournant amorcé par « Charlotte Salomon ».
Si la légèreté demeure la marque de fabrique de David Foenkinos, elle se leste désormais d’une réelle gravité.

 

Gallimard – 224 pages
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  les lectures d’Alexandra
  la critique littéraire desmotsdeminuit.fr

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