Le Laboratoire de Lumière. Semaine 46. Prisonniers des glaces à Montréal…
Le prisonnier des glaces.
Je suis arrivé à Montréal par les airs, avec des idées de monte-en-l’air et une cargaison d’idées. À peine le pied posé sur le sol, le froid m’a pris tout ce que j’avais, m’a enfermé dans une cale sans lumière et privé de mes sens.
Ça m’a fait un drôle d’effet, comme une arrivée sans bagage ou un trousseau de clefs perdu. C’est ce que je ressens depuis quelques jours. Je l’avais déjà côtoyé sous d’autres latitudes, en Afrique pendant l’ascencion du Kilimanjaro (5895 mètres). Nous étions restés chacun à notre place. Pas une seconde avant mon arrivée, je n’avais pensé le froid de cette façon-là. Je l’avais imaginé extérieur et esthétique. Il est devenu intérieur et inélégant. Présent, trop présent, jusqu’à s’insinuer dans la moindre de mes idées, jusqu’a conditionner chacun de mes actes. J’ai beau sortir pour l’affronter chaque jour, dehors aussi, je me sens enfermé.
Je pense mes déplacements en fonction de lui, je change souvent de trottoir, pour me faire l’allié de la lumière contre cet invisible ennemi. Je ruse, modifie mes trajectoires dans la ville. Je le fuis, il me hante, me traque, s’empare de mes idées les plus bouillonnantes, me réduit à néant. Le vent est son ami intime, leurs jeux d’amoureux m’empêchent de regarder la ville. Les lumières que je traque dans la journée ne me font pas oublier leurs présences. Chaque sortie devient un acte de bravoure, et de mes chasses, je reviens bredouille, vaincu, déçu. J’ai perdu le goût de tout, je ne sens plus rien. Le froid s’empare de mes sens un par un, me brouille la vue. Je cherche de mes doigts engourdis le reste de mes fonctions.
Les bruits de la ville ont perdu leurs rythmes, les voix les plus chaudes ne me pénètrent pas, je n’entends plus la musique urbaine. Je n’entends plus les mots. Je suis hermétique à en devenir aussi antipathique qu’un sac en plastique. Rien ne passe, je ne laisse rien rentrer, rien sortir. Je ne veux pas perdre de chaleur et je suis incapable de partager le peu qui me reste. J’ai les mains bien froides et un coeur qui se glace d’immobilité. Mes mots sont figés avant d’être articulés. Mon corps est plongé dans la glace et j’espère que le froid n’as pas encore atteint le coeur de mes pensées. Je suis anesthésié, ligoté par les mains et les pieds. La cage thoracique écrasée, je ne peux plus parler. Il me torture sans cesse pour ne pas se faire oublier. Je n’oublierai pas, j’ai une mémoire de glace. Je me souviendrai de lui, parce qu’il ralentit mes pensées. Mes rêves se déplacent à la vitesse d’un iceberg et s’écroulent en fracas en devenant falaises de cristal. Tout se brise, il me reste le coeur s’il n’est pas encore touché. J’ai des rêves de voyages intérieurs, une cargaison de mots à décharger.
Dans quelques jours, je pars un peu plus au sud, à New-York. Pour peut-être gagner quelques degrés et refaire mes pensées. Je n’ai pas vu la lumière, le froid m’a privé de cette liberté, mis à fond de cale. Il me faut trouver les mots contre l’ennemi brutal, trouver l’arme fatale.
Je vais quitter le blanc, pour quelques temps.
Briser la glace et larguer les « Damart »…
LLL. Semaine 46.
Je pense mes déplacements en fonction de lui, je change souvent de trottoir, pour me faire l’allié de la lumière contre cet invisible ennemi. Je ruse, modifie mes trajectoires dans la ville. Je le fuis, il me hante, me traque, s’empare de mes idées les plus bouillonnantes, me réduit à néant. Le vent est son ami intime, leurs jeux d’amoureux m’empêchent de regarder la ville. Les lumières que je traque dans la journée ne me font pas oublier leurs présences. Chaque sortie devient un acte de bravoure, et de mes chasses, je reviens bredouille, vaincu, déçu. J’ai perdu le goût de tout, je ne sens plus rien. Le froid s’empare de mes sens un par un, me brouille la vue. Je cherche de mes doigts engourdis le reste de mes fonctions.
Les bruits de la ville ont perdu leurs rythmes, les voix les plus chaudes ne me pénètrent pas, je n’entends plus la musique urbaine. Je n’entends plus les mots. Je suis hermétique à en devenir aussi antipathique qu’un sac en plastique. Rien ne passe, je ne laisse rien rentrer, rien sortir. Je ne veux pas perdre de chaleur et je suis incapable de partager le peu qui me reste. J’ai les mains bien froides et un coeur qui se glace d’immobilité. Mes mots sont figés avant d’être articulés. Mon corps est plongé dans la glace et j’espère que le froid n’as pas encore atteint le coeur de mes pensées. Je suis anesthésié, ligoté par les mains et les pieds. La cage thoracique écrasée, je ne peux plus parler. Il me torture sans cesse pour ne pas se faire oublier. Je n’oublierai pas, j’ai une mémoire de glace. Je me souviendrai de lui, parce qu’il ralentit mes pensées. Mes rêves se déplacent à la vitesse d’un iceberg et s’écroulent en fracas en devenant falaises de cristal. Tout se brise, il me reste le coeur s’il n’est pas encore touché. J’ai des rêves de voyages intérieurs, une cargaison de mots à décharger.
Dans quelques jours, je pars un peu plus au sud, à New-York. Pour peut-être gagner quelques degrés et refaire mes pensées. Je n’ai pas vu la lumière, le froid m’a privé de cette liberté, mis à fond de cale. Il me faut trouver les mots contre l’ennemi brutal, trouver l’arme fatale.
Je vais quitter le blanc, pour quelques temps.
Briser la glace et larguer les « Damart »…
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