#307: « Faire que le touriste soit à l’écoute de celui qu’il visite! » Sekou Dolo
Quand le chef des guides du pays dogon remet quelques pendules à l’heure; quand une femme et un homme de cinéma alertent sur la faisabilité de certains films; quand un écrivain passe du coq à l’âne; quand un prof d’éco et de sciences sociales estime que le stage en entreprise n’est, après tout, qu’un outil de connaissance. Quand ça « country » et « blues », c’est DMDM: métis, réjouissant, radical!
Des mots de minuit : émission N°307 du 30 avril 2008.
Réalisation: Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2
avec
– Sekou Ogobara Dolo, guide du pays des Dogons
– Pascale Ferran (réalisatrice) et Denis Freyd (Producteur)
– Jean-Baptiste Harang, écrivain et journaliste
– Sylvain David, professeur de Sciences Économiques et sociales
et
– Ian Kent & The immigrants
– Son of Dave
- CONVERSATION :
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Pour vous, ces masques ne seront qu’un simple spectacle qui satisfera une curiosité de touriste. En fait, ils entrent dans un contexte rituel important. Il s’agit d’une cérémonie finale qui permet à l’âme du défunt de regagner le monde des ancêtres… C’est là que s’établit, dans la tristesse et la joie le contact avec les esprits.
Sekou Ogobara Dolo. DMDM, 2008.
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Sekou Ogobara Dolo, chef des guides officiels du pays dogon au Mali. Il parle du peuple dont il fait partie, de sa culture et de ses coutumes. « La mère des Masques- un dogon raconte » (illustré avec des dessins de la philosophe Catherine Clément). Dans ces pages, un « ethnologisé » se rebiffe.
« Depuis qu’en 1931 l’expédition Dakar-Djibouti dirigée par Marcel Griaule découvrit les falaises de Bandiagara de l’actuel Mali, aucun peuple n’a été plus étudié que le peuple Dogon. Cet ouvrage n’est pas un livre d’ethnologie. L’auteur est Sékou Ogobara Dolo, il est le premier Dogon qui écrive sur les Dogons. Il n’a pas « écrit » son livre, il l’a d’abord parlé. Dans ce livre, le lecteur découvrira l’histoire familiale d’un Dogon chef des guides du district de Sanga et des deux villages d’Ogol-du-haut et d’Ogol-du-bas… » © BSR« L’objet qui le prolonge … » Un sac de voyages en peau de chèvre contenant des objets dont certains sont couverts par le secret.
P. Ferran : Pendant très lontemps, le système français du cinéma a été le meilleur du monde. Ça ne marche plus aussi bien que ça devrait pour produire les effets de contre-pouvoir, de régulation du marché et d’équilibrage dont on aurait besoin pour que les films soient au mieux de leur forme…
D. Freyd : Le risque c’est le formatage du goût des spectateurs, c’est la perte de curiosité et le déclin de la cinéphilie. Même si les films existent, ils ne sont pas vus et sont donc condamnés à disparaître ou à n’être diffusés que dans les cinémathèques.
Pascale Ferran, Denis Freyd. DMDM, 2008.Pascale Ferran et Denis Freyd parlent de l’exploitation et de la distribution des films qui se sont beaucoup dégradées ces dernières années dans une économie du cinéma devenue trop commerciale. Ils ont participé avec d’autres professionnels du cinéma à l’écriture d’un rapport « Le Club des 13 – le milieu n’est plus un point mais une faille » (Stock) dans lequel ils dénoncent les délais de plus en plus serrés dans lesquels doivent se faire les films et des conditions d’accès aux sources de financement de plus en plus éclatées qui ont pour conséquence d’appauvrir les oeuvres cinématographiques.
Ça ne coûte pas cher à produire un livre. Si il y a trop de livres, ce n’est pas aux gens qui les écrivent qu’il faut le reprocher. Chacun écrit son chef d’œuvre à chaque fois qu’il écrit… Cela dit, oui, il y en a trop pour que je les lise… Je ne pense pas que les mauvais livres empêchent de faire de bons livres. Je crois qu’ils empêchent peut-être que ceux-ci soient vendus, diffusés, mieux connus.
Jean-Baptiste Harang. DMDM, 2008.
Jean-Baptiste Harang, romancier et journaliste, critique littéraire à « Libération ». Il est l’auteur notamment de « La chambre de Stella » (Grasset) et de « Prenez un coq » (Éditions Verdier) qui regroupe une série d’articles publiés dans son journal, à l’occasion d’un cahier d’été.
« Pendant l’été 2003, l’auteur fut mis en demeure chaque jour d’illustrer par la plume une expression qu’il n’avait pas choisie, tombée par hasard dans une conversation et prise au pied de la lettre: «Passer du coq à l’âne».
On voit bien qu’il suffisait de plumer l’un pour éviter le bonnet de l’autre. » ©VerdierDans les classes, au lycée, on peut entendre des a priori comme « tous les chômeurs sont des fainéants » ou « la mondialisation est une catastrophe absolue ». Tout notre travail consiste à mobiliser des savoirs produits par la sociologie, l’économie, l’ethnologie pour faire accéder à une connaissance de la réalité qui ne se limite pas à l’opinion qu’on peut en avoir… Cette connaissance dépasse l’expérience ou le stage en entreprise.
Sylvain david, DMDM, 2008.
Sylvain David, professeur de Sciences Économiques et Sociales, témoigne de la remise en cause de sa discipline (qui ne serait pas assez ouverte sur le monde de l’entreprise et trop critique) dans l’Éducation Nationale par le gouvernement actuel (Ministère Xavier Darcos) et de son expérience pédagogique. Il est également président de l’Association des professeurs de Sciences Économiques et Sociales (APSES)
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MUSIQUE :
- – Ian Kent & the Immigrants interprètent « Central New York blues » et « Tijuana »
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– Son of Dave interprète « Old times when good times »
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