« De New-York à Paris, en passant par bien d’autres lieux. J’ai découvert des gens, et des objets magiques qui, dans de minuscules éraflures, conservent les marques du temps. J’ai réalisé les portraits de ceux qui protègent ces empreintes de la disparition. Avec l’image de cette trace, j’ai préservé la mémoire de l’oubli. » H. B.
Très chère Ftoma.
Ce chapelet m’accompagne: cadeau que je t’avais rapporté de La Mecque et que tu as tenu à me rendre avant de mourir. Symbole d’un amour inconditionnel, d’un lien indéfectible entre nos âmes.
Le sourire qui s’infiltrait dans chacune de tes ridules disait que tu étais touchée par la Grâce.
Vingt ans déjà que tu nous as quittés.
Je t’écris aujourd’hui en lettres blanches sur fond noir parce que toutes les nuances colorées de ma palette n’auraient pas suffi pour parler de toi. Une, essentielle, aurait manqué, qui aurait donné vie à toutes les autres, la Lumière: ta lumière intérieure.
J’aurais utilisé le bleu turquoise de ce chapelet pour traduire tes yeux brillants, lumineux, profonds, ensoleillés, envoûtants. Le blanc immaculé, pour la coiffe traditionnelle des grandes dames de Tétouan que tu portais en toutes circonstances. Dentelée. Brodée. Amidonnée. Comme une couronne posée sur ta tête. Elle auréolait ton visage. Pour ton teint, frais, un soupçon de rose Magenta, une pointe de jaune de Naples, une pincée de blanc de Titane: la dureté de ta vie semblait n’avoir pas eu d’impact sur toi.
Du vert émeraude pour cette étole de soie que tu affectionnais tant. Et du violet parme, que tu avais choisi pour un caftan destiné aux grandes occasions.
Je ne sais quelle nuance j’aurais choisie pour traduire ta douceur, ta délicatesse, ta tempérance?
Je me love contre toi, comme j’aimais faire.
Merci d’avoir été.Nadia B Bordeaux- Octobre 2017
© « Le Laboratoire de Lumière » – 2017
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