« Certaines femmes » de Kelly Reichardt, à fleur de celles-ci 🎬
Portraits sensibles de femmes ordinaires. Quand la banalité est justement montrée comme originale et unique.
Un premier plan pour fixer le décor, le contexte, l’ambiance. Un train de marchandises sans fin traverse longuement un paysage sans autre vie, bordé de montagnes aux sommets enneigés. L’état du Montana est l’un des moins peuplés des États-Unis, tout juste parsemé de quelques petites agglomérations.
C’est dans l’une de ses villes miniatures et solitaires, Livingstone (7000 habitants), que l’on croise d’abord Laura (Laura Dern), belle cinquantaine un peu désenchantée. Elle se réveille au côté de son amant avant de rejoindre son cabinet d’avocats où elle retrouve un client collant à qui elle va tenter d’expliquer une nouvelle fois que son dossier est sans espoir. Au risque de provoquer une grosse colère.
Pas loin, mais au milieu de nulle part, Gina (Michelle Williams) et son mari Ryan (James Le Gros) se réveillent aussi et sortent de leur abri de toile qu’ils ont installé au milieu du terrain où ils vont construire une nouvelle maison. Il y a aussi leur fille, une ado sérieusement grognon. Gina, straight blonde, ne semble plus croire à grand-chose d’une vie de famille visiblement déjà partie dans la vrille des compromis. Elle n’a que sa force intérieure, ce qui n’est peut-être pas suffisant pour différer l’explosion.
Ailleurs encore, la jeune Jamie (Lilly Gladstone) est palefrenière dans un ranch isolé du monde. On l’imagine naturellement libre de tout, ayant quitté une réserve indienne, sans vouloir pour autant rejoindre la ville. C’est l’hiver, l’établissement est fermé, dans la neige elle est la seule à s’occuper des chevaux. Ce sont ses seuls amis, elle est dégourdie, elle ne rechigne pas à la tâche. Un soir qu’elle veut se distraire dans le bourg d’à côté, elle entre par hasard dans une formation pour adultes sur le droit scolaire. Rien à voir avec ses centres d’intérêt mais elle y reviendra parce que fascinée par la prof, Elizabeth (Kristen Stewart). Celle-ci est une avocate fraîchement diplômée. Quand après le cours, elles partagent un burger et leurs solitudes, Elizabeth explique à Jamie qu’elle est obligée de compléter ainsi ses maigres revenus, moyennant des heures de route éprouvantes.
De ces vies minuscules, le film en dira un peu plus, pas beaucoup, suffisamment pour suggérer un portrait fin de quatre femmes majuscules, c’est son projet, c’est sa réussite, Certaines femmes sont fortement attachantes. Laura, Gina, Jamie et Elizabeth, n’ont presque rien en commun sauf leur féminité, une conscience intérieure, un statut, un handicap aussi qu’elles n’affrontent pas de la même façon. C’est leur simple authenticité qui est donnée à voir, par une femme, Kelly Reichardt, la réalisatrice. Elle le fait dans une mise en scène limpide, très naturaliste, convoquant ici ou là de magnifiques paysages, comme des personnages qui renforcent leurs solitudes. C’est la précision de ses choix, autant que leur discrétion, qui font de ce film l’un des plus beaux, des plus touchants de ce début d’année.
Certaines femmes, ce sont aussi quatre comédiennes exceptionnelles. A l’exception de Lilly Gladstone, elles ont toutes tourné à Hollywood, elles se débarrassent ici de tous les tics de l’industrie du box office, composant des women next door, à fleur de peau, de cœur, de fragilité.
A fleur de femmes.
C’est dans l’une de ses villes miniatures et solitaires, Livingstone (7000 habitants), que l’on croise d’abord Laura (Laura Dern), belle cinquantaine un peu désenchantée. Elle se réveille au côté de son amant avant de rejoindre son cabinet d’avocats où elle retrouve un client collant à qui elle va tenter d’expliquer une nouvelle fois que son dossier est sans espoir. Au risque de provoquer une grosse colère.
Pas loin, mais au milieu de nulle part, Gina (Michelle Williams) et son mari Ryan (James Le Gros) se réveillent aussi et sortent de leur abri de toile qu’ils ont installé au milieu du terrain où ils vont construire une nouvelle maison. Il y a aussi leur fille, une ado sérieusement grognon. Gina, straight blonde, ne semble plus croire à grand-chose d’une vie de famille visiblement déjà partie dans la vrille des compromis. Elle n’a que sa force intérieure, ce qui n’est peut-être pas suffisant pour différer l’explosion.
Ailleurs encore, la jeune Jamie (Lilly Gladstone) est palefrenière dans un ranch isolé du monde. On l’imagine naturellement libre de tout, ayant quitté une réserve indienne, sans vouloir pour autant rejoindre la ville. C’est l’hiver, l’établissement est fermé, dans la neige elle est la seule à s’occuper des chevaux. Ce sont ses seuls amis, elle est dégourdie, elle ne rechigne pas à la tâche. Un soir qu’elle veut se distraire dans le bourg d’à côté, elle entre par hasard dans une formation pour adultes sur le droit scolaire. Rien à voir avec ses centres d’intérêt mais elle y reviendra parce que fascinée par la prof, Elizabeth (Kristen Stewart). Celle-ci est une avocate fraîchement diplômée. Quand après le cours, elles partagent un burger et leurs solitudes, Elizabeth explique à Jamie qu’elle est obligée de compléter ainsi ses maigres revenus, moyennant des heures de route éprouvantes.
De ces vies minuscules, le film en dira un peu plus, pas beaucoup, suffisamment pour suggérer un portrait fin de quatre femmes majuscules, c’est son projet, c’est sa réussite, Certaines femmes sont fortement attachantes. Laura, Gina, Jamie et Elizabeth, n’ont presque rien en commun sauf leur féminité, une conscience intérieure, un statut, un handicap aussi qu’elles n’affrontent pas de la même façon. C’est leur simple authenticité qui est donnée à voir, par une femme, Kelly Reichardt, la réalisatrice. Elle le fait dans une mise en scène limpide, très naturaliste, convoquant ici ou là de magnifiques paysages, comme des personnages qui renforcent leurs solitudes. C’est la précision de ses choix, autant que leur discrétion, qui font de ce film l’un des plus beaux, des plus touchants de ce début d’année.
Certaines femmes, ce sont aussi quatre comédiennes exceptionnelles. A l’exception de Lilly Gladstone, elles ont toutes tourné à Hollywood, elles se débarrassent ici de tous les tics de l’industrie du box office, composant des women next door, à fleur de peau, de cœur, de fragilité.
A fleur de femmes.
> Extrait:
Certaines femmes – Kelly Reichardt (USA) – 1h47
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