Roma Truba Fest: enfin un autre visage de la culture Rom! Made in Macedonia. Sur la voix des balkans #19
Après la Bulgarie, Athina retourne en Macédoine: rendez-vous à Kumanovo avec Amit pour le festival Roma Truba Fest! C’est reparti pour 2 jours de fête!
Avant le festival: deux surprises pour un anniversaire!
Je suis dans le bus et j’ai encore 3 heures de route. Quand le bus s’arrête pour la pause clope, je remarque la présence d’une voyageuse – solo et sac à dos – à la salopette en jean. Oui, j’aime les gens « lookés« . Et comme il est encore trop tôt, je repars dans mes rêveries lointaines et hop! On est déjà arrivés à Kumanovo.
J’atterris dans la ville – qui semble pas bien grande étant donné la proximité entre la gare et le centre – le ventre vide.
La première étape à chaque fois que je débarque quelque part est de trouver les bonnes adresses. Et comme je voyage sans guide… Tiens, j’avais d’ailleurs hésité à vingt fois devant le rayon « Europe de l’est » de Gibert Joseph avant de partir à l’aventure. Et puis non! Je préfère explorer différemment. Pour trouver mes repères, j’utilise ce que je maîtrise le mieux: l’intuition et rentrer en contact avec les locaux. Une habituée de la ville croise mon chemin, elle m’envoie illico dans la meilleure pâtisserie. Pas encore l’envie irrésistible d’engloutir un énorme gâteau à la crème malgré que ce soit le jour J de mon anniversaire. Le vendeur de gâteaux à son tour me recommande une kafana un peu plus loin. Tu vois en général ça fait ricochet et je finis par me retrouver dans les meilleurs spots de la ville!
Pas mal, non?
J’arrive au « baba cana » dont j’apprendrais plus tard que c’est le seul endroit pour s’attabler autour des plats traditionnels ou autrement dit de « grand-mère » qui a donné son nom à la taverne!
Le soir, les musiciens jouent à la table sur la grande terrasse, encore une façon simple de s’enjailler à la sauce balkanique.
Il est 13h, et après un festin, la serveuse m’offre pour accompagner mon kafa – café – un petit gâteau! Surprise! J’ai même droit à une bougie! Elle me dit que c’est le babino kolache. Le gâteau de la grand-mère. Humm… après mon adoption en Transylvanie par Mamie Yoyoy (Voir épisode #14) et ma collection des recettes d’antan, mon gâteau d’anniversaire sera finalement celui-là: un genre de baba au rhum imbibé d’un sirop.
En une bouchée, je suis bien ivre de sucre!
Entre temps, Amit prévoit de faire son entrée dans l’après-midi. Il a réservé un Airbnb: bien joué!
Le logement est à 2 minutes de la place centrale où ont lieu les concerts du festival. Tout est sous la main et pour une fois, je me sens légère comme l’air avec mon sac à dos vidé de moitié (Voir épisode #18).
Je m’installe tranquillement dans cet appartement où je remarque des cadres au mur en mode Paris je t’aime. Petit clin d’oeil! Je m’affale sur le lit et je file à mon ouvrage en attendant Amit.
Tic tac tic tac, j’ai deux heures devant moi.
Il arrive accompagnée d’une amie: Josefina. Et là, je tombe des nues: l’amie en question, c’est la fille à la salopette croisée ce matin dans le bus!
Et voilà comment je me retrouve à fêter mes 28 printemps avec un indien à ma droite et une argentine à ma gauche.
Le trio de choc !
Une fanfare française pour un festival Rom!
Vers les coups de 20h, on descends à la fête: surexcités madre mia! C’est marrant, y a une fanfare française qui est invitée à jouer pour la première fois! Les Lous Brandalous. Ambiance bandas! Ça me rappelle des souvenirs… Mes années à l’école de Lupiac (Voir épisode #08) où je jouais de la clarinette dans un orchestre gascon!
Je connais tout leur répertoire! Bah oui, 16 années dans le Gers, ça laisse des traces quand même!
Si tu as suivi: on est à Kumanovo, au nord de la Macédoine, pour un festival 100% Rom de fanfares, et là, bim! Retour en enfance! Troisième surprise de la journée.
Rentrons dans le vif du sujet: trompette, sueur, bonheur!
Ensuite, après avoir sympathisé avec un des organisateurs du festival, qui je vois sur scène? Ferus Mustafov ! (Voir épisode #16)
Lui, je savais qu’il serait là et je me faisais une joie de le retrouver. Un vrai phénomène autant sur scène que dans la vie.
Après son concert, je pars le saluer, lui présenter mes amis. Il me dit « Alors la Bulgarie?« , je tire un peu la tronche: « je n’ai pas trouvé les musiciens… Je reviens en Macédoine du coup! »
Son regard s’illumine et nous voilà en train de sauter dans tous les sens comme de vieux copains.
Au bout d’un moment, on nous fait signe d’aller au centre de la place pour danser avec Josefina. Et voilà comment on ouvre le bal pendant le concert de la fanfare de Bojan Ristic. Un extrait? Ici.
Tu peux me voir danser en très bonne compagnie! On ne se lâchera plus d’une semelle avec Aleksandra – la danseuse en jean – qui elle aussi aime se lâcher et détient un déhanché sacrément maîtrisé!
Ah! être indien et déclencher un élan de fraternité!
Pendant cette première soirée, il se passe trop de choses! Amit et Josefina sont aux anges d’être ici. Ils adorent! Quand on nous demande d’où on vient, Amit est accueilli comme un frère! « Indiaaaa! We are from India too! My brother! »
Amit fait je ne sais combien de selfies!
Le peuple Rom est fier de ses origines et c’est peut être la première fois qu’ils rencontrent un indien dans leur ville, qui sait! En tout cas, c’est extrêmement touchant de les voir se retrouver. Amit me remercie plusieurs fois de l’avoir emmené ici. Jamais il ne serait tombé sur un tel évènement sans notre rencontre: il faut connaître! Ah! la vie est bien faite quand même!
À mon tour d’avoir mon heure de gloire quand je me lance dans un solo dansé devant une caméra locale. À la fin, les mamans, les jeunes filles viennent me demander une photo. En fait, tout le monde nous regarde et veut faire une photo souvenir avec nous. C’est incroyable! On se prête au jeu et on se fait même amies avec un petit garçon. Il fait la manche et tout le monde l’envoie à dix mètres. Sauf nous.
On lui fait des blagues, on danse ensemble et on aimerait presque l’adopter avec Josefina…
Džambo Aguševi, star des Balkans!
Le deuxième soir, on retourne au festival juste Amit et moi. Josefina est restée à Skopje. On avait prévu d’aller voir le canyon de Matka pour y faire un shooting photo puis tout tomba à l’eau à cause d’un repas à rallonge et oui, voyager à trois: ça complique.
On revient donc à Kumanovo en bus et on a un nouveau airbnb pour ce soir.
Le concert le plus attendu du festival est celui de Džambo Aguševi – trompette d’or à Guča en 2011. Une star nationale et pour le peuple Rom une grande fierté.
Toute la communauté est venue ce soir l’écouter. Après un ou deux morceaux, la place se remplit et il y a tellement de monde qu’on fait parfois du surplace. Un extrait ici.
Bref, une énergie incroyable, une ambiance bon enfant, et c’est LA fanfare Rom interprétant le meilleur de son répertoire! Que demande le peuple! On est aux premières loges!
La pluie fait son apparition et la fête continue malgré tout. La Roma rock school de Skopje prend la relève, puis une autre fanfare alors que c’est le déluge. À la fin, seuls les fanfarons français seront sous la pluie battante pendant que tout le reste du monde est soit rentré au chaud soit écoute le concert sous un préau.
J’ai froid et je suis trempée. On rentre?
Notre appartement est dans un quartier à 20 minutes de marche de la place. Il nous reste 40 denars en poche, c’est à dire même pas 1 euro. On se met à courir sous la pluie pour se rapprocher de l’avenue et puis, on négocie avec un taxi la course en lui expliquant que c’est seulement à 5 minutes. Il accepte sans rechigner. Trop sympa!
Ah! enfin, à l’abri.
On finit notre soirée avec une serviette dans les cheveux pour moi, une tisane – enfin de l’eau chaude avec du sucre, car il n’y a que ça sous la main – et on regarde les tubes de l’été sur la télé locale.
Et si j’allais voir la mer avant le retour?
Le lendemain, Amit repart tôt, moi je traîne un peu la patte.
Je me dirige vers Skopje, dans l’idée de récupérer mes affaires laissées hier après-midi à l’hostel Inbox. Je me suis décidée à prendre un bus pour… Thessaloniki! Changement de plan!
Amit m’a convaincu d’aller voir la mer plutôt que de finir mon voyage dans la montagne sous la pluie. J’avoue, j’ai pas trop envie de rentrer malade à Paris…
Et qui plus est, j’ai mes amis – Dimitris et Agapi – rencontré à Guča (voir épisode #15) qui vivent justement là bas. Bah voilà !
J’en ai pour 5 heures de bus, plus ou moins, easy !
Allez, je file! On se voit sur le port?
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