SHAKESPEARE #11: La carte postale engluée dans le plastique
Au fil de nos pérégrinations, nous sommes à présent à Uvadhu, un peu au nord de Addhu (Maldives), nous avons passé l’équateur, latitude zéro. Et comme à Addhu, comme aux Chagos nous nous heurtons à un océan de bouteilles plastiques. Et c’est exaspérant.
Nous voilà pour quelques jours encore dans l’hémisphère nord. Oui la différence avec le sud est tout de même ténue cela se joue à quelques minutes. Mais d’un côté comme de l’autre la problématique est la même, nous étoufferons sous nos déchets.
Je fais partie de cette génération née au début des années soixante pour qui l’environnement ne voulait pas dire grand chose, au même titre que le recyclage et le tri sélectif. Ces notions sont arrivées bien plus tard. La sensibilisation a pris son temps et les gestes censés sauver la planète ont fini par entrer dans mon quotidien. Mais tout cela restait très théorique, d’autant plus en regardant, comme tout un chacun, la télé où à longueur de reportages on nous explique que finalement ce recyclage n’est qu’une façade, cruel lorsque l’on constate que notre tri durement effectué termine en vrac dans des décharges, que l’on enterre. On a tout vu et entendu là dessus.
Depuis quelques jours, notre équipage curieux de tout est dépité. Oui nous sommes au paradis. Oui les Maldives, du moins ce que nous en avons vu entrent dans la carte postale parfaite: atolls, sable blanc immaculé, mer turquoise, îles-hotels de luxe, villages aux cours de maisons d’une propreté irréprochable, ciel bleu, 32° en permanence (oui la nuit aussi…).
Mais l’envers du décor laisse un goût amer. Nous nous étions déjà fait la remarque aux Chagos. Autant on peut comprendre que sur ces îles au relief quasi inexistant on retrouve sur les plages des morceaux de filets de pêche, du bois flotté, des morceaux d’épaves, des bouées, autant nous avons été estomaqués par la quantité de plastique, principalement sous forme de bouteilles, échouée. Un autre océan.
A bord nous sommes sensibilisés à nos déchets, limitant au maximum tout ce qui ne se délite pas à l’eau, c’est probablement pour cela que nous avons été particulièrement frappés.
Qu’on le veuille ou non, la bouteille que l’on utilise à la maison puis que l’on jette, on ne lui imagine aucune vie après, soyons honnêtes. Je ne me suis jamais dit, une fois collectée, ma bouteille est rachetée à la tonne par un recycleur quelconque qui ensuite en fait dieu sait quoi et et au bout de la chaine, moi consommatrice je la réutilise sous une autre forme. La réincarnation de la bouteille de plastique en somme. La boucle est bouclée, chacun son boulot, j’ai fait ma part. Je crains d’être face à une cruelle désillusion. Et encore, nous sommes en Europe, ces circuits d’une manière ou d’une autre doivent bien exister. Mais ici, dans l’océan Indien, c’est finalement le même problème qu’en méditerranée, un pays vertueux ne suffit pas, tous les autres doivent l’être. Après, il faut être honnête, tout dépend du niveau de vie. L’environnement, le recyclage, n’est autre qu’un problème de riches. Parce que celui qui défait des semelles sorties du moule (nous avons également trouvé des planches de ces semelles de savates) dans son usine se demande surtout combien de riz il pourra acheter pour sa famille avec son salaire.
Cela doit vous sembler bonne conscience comme discours, mais là, nous sommes de l’autre côté de la télévision, et ce n’est pas brillant.
Je ne vais pas pour autant lancer une campagne, je ne suis pas révoltée, je ne vais pas me jeter à corps perdu dans la moindre association environnementale, car je ne me reconnais pas dans ces combats, je vais juste tenter à mon niveau un comportement plus vertueux, en espérant le tenir. Parce que ces milliers de bouteilles plastique défigurant Salomon, Gan, Uvaddhoo, m’ont exaspérée. Parce que ces décharges à ciel ouvert et le ballet des pelleteuses repoussant encore et encore le plus gros pour ajouter de nouvelles strates m’ont dégoûtée.
Ce n’est pas le seul mal du siècle, mais celui ci est affligeant.
Je fais partie de cette génération née au début des années soixante pour qui l’environnement ne voulait pas dire grand chose, au même titre que le recyclage et le tri sélectif. Ces notions sont arrivées bien plus tard. La sensibilisation a pris son temps et les gestes censés sauver la planète ont fini par entrer dans mon quotidien. Mais tout cela restait très théorique, d’autant plus en regardant, comme tout un chacun, la télé où à longueur de reportages on nous explique que finalement ce recyclage n’est qu’une façade, cruel lorsque l’on constate que notre tri durement effectué termine en vrac dans des décharges, que l’on enterre. On a tout vu et entendu là dessus.
Depuis quelques jours, notre équipage curieux de tout est dépité. Oui nous sommes au paradis. Oui les Maldives, du moins ce que nous en avons vu entrent dans la carte postale parfaite: atolls, sable blanc immaculé, mer turquoise, îles-hotels de luxe, villages aux cours de maisons d’une propreté irréprochable, ciel bleu, 32° en permanence (oui la nuit aussi…).
Mais l’envers du décor laisse un goût amer. Nous nous étions déjà fait la remarque aux Chagos. Autant on peut comprendre que sur ces îles au relief quasi inexistant on retrouve sur les plages des morceaux de filets de pêche, du bois flotté, des morceaux d’épaves, des bouées, autant nous avons été estomaqués par la quantité de plastique, principalement sous forme de bouteilles, échouée. Un autre océan.
A bord nous sommes sensibilisés à nos déchets, limitant au maximum tout ce qui ne se délite pas à l’eau, c’est probablement pour cela que nous avons été particulièrement frappés.
Qu’on le veuille ou non, la bouteille que l’on utilise à la maison puis que l’on jette, on ne lui imagine aucune vie après, soyons honnêtes. Je ne me suis jamais dit, une fois collectée, ma bouteille est rachetée à la tonne par un recycleur quelconque qui ensuite en fait dieu sait quoi et et au bout de la chaine, moi consommatrice je la réutilise sous une autre forme. La réincarnation de la bouteille de plastique en somme. La boucle est bouclée, chacun son boulot, j’ai fait ma part. Je crains d’être face à une cruelle désillusion. Et encore, nous sommes en Europe, ces circuits d’une manière ou d’une autre doivent bien exister. Mais ici, dans l’océan Indien, c’est finalement le même problème qu’en méditerranée, un pays vertueux ne suffit pas, tous les autres doivent l’être. Après, il faut être honnête, tout dépend du niveau de vie. L’environnement, le recyclage, n’est autre qu’un problème de riches. Parce que celui qui défait des semelles sorties du moule (nous avons également trouvé des planches de ces semelles de savates) dans son usine se demande surtout combien de riz il pourra acheter pour sa famille avec son salaire.
Cela doit vous sembler bonne conscience comme discours, mais là, nous sommes de l’autre côté de la télévision, et ce n’est pas brillant.
Je ne vais pas pour autant lancer une campagne, je ne suis pas révoltée, je ne vais pas me jeter à corps perdu dans la moindre association environnementale, car je ne me reconnais pas dans ces combats, je vais juste tenter à mon niveau un comportement plus vertueux, en espérant le tenir. Parce que ces milliers de bouteilles plastique défigurant Salomon, Gan, Uvaddhoo, m’ont exaspérée. Parce que ces décharges à ciel ouvert et le ballet des pelleteuses repoussant encore et encore le plus gros pour ajouter de nouvelles strates m’ont dégoûtée.
Ce n’est pas le seul mal du siècle, mais celui ci est affligeant.
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