Avec une empathie rare, il témoigne en images de la précarité et de l’exclusion des oubliés.
Hamed Traoré est un explorateur.
Né au Burkina Faso, il n’a cessé de voyager dans les pays d’Afrique de l’Ouest, Mali, Congo, Guinée. Sa bonne connaissance de ces pays fait qu’il devient un fixeur recherché par les journalistes et photographes européens. C’est ainsi qu’il rencontre Paolo Marchetti, photo-journaliste italien très en vue et multiprimé, venu en 2013 couvrir le conflit malien. Celui-ci détecte son intérêt et ses prédispositions pour l’image. « Vous avez l’œil« , il l’encourage, le conseille et… lui offre un boîtier.
Fort de ce soutien, Traoré se lance mais puisque c’est un explorateur, il va chercher ses sujets là ou personne ne va. « J’aime, l’humain, l’inconnu et le partage« , dit celui qui considère que toute rencontre présente un intérêt.
C’est sa série sur « Les invisibles d’Amzalazala » qui le fait connaître. Il est sélectionné par la Fondation Dapper pour l’exposition qu’elle organise au printemps 2019 à Gorée (Sénégal) dans le cadre du festival Regards sur cours. Ces invisibles sont ceux d’une zone que l’on cache en plein cœur de Conakry (Guinée), un bidonville où vivent des chassés de leur famille, de la société. Pour le photographe, de fait sociologue en herbe, ils symbolisent la faillite d’un système.
Hamed Traoré a d’autres invisibles dans ses portfolios qu’il montrera prochainement. Ainsi les habitants d’une petite ville congolaise, on ne s’y rend que moyennant 22 heures de pirogue. Ou encore les fous de Bamako, des aliénés livrés à eux-mêmes et à leur folie dans les rues de la ville.
« Montrer c’est aider« , espère le photographe-explorateur.
→ Hamed Traoré est né en 1981. Photographe autodidacte, il est encouragé par Paolo Marchetti dont il est le fixeur en 2013. Il est repéré par la Fondation Dapper qui l’expose à Gorée en 2019. Loin du spectaculaire, il ne photographie qu’après avoir rencontré longuement les oubliés des sociétés africaines.
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