Deuxième album, plus mûr, plus sûr. Lou Doillon, fragile voix grave.
On ne l’avait pas oubliée, on ne voulait pas l’oublier, trop curieux de ce que serait la suite d’un premier et fameux album Places, il y a déjà 3 ans, tombé des nues, de nulle part ailleurs que de l’envie secrète d’une belle personne. On ne la connaissait alors que pour avoir été l’icône généreuse de sa silhouette de quelques pubs, comédienne pas convaincue, pas toujours convaincante d’une dizaine de films, sans doute choisis au hasard sauf, sans doute, ceux pour lesquels l’avait engagée son père, un certain Jacques Doillon. Lou a du se battre contre l’image d’une fille de (Birkin), belle-fille de (Gainsbourg) ou sœur de (Charlotte). « Quelle chance d’avoir des cordes vocales qui ne ressemblent en rien à celle de ma mère ou de ma sœur! Sinon j’étais morte.« (*). C’est en effet son timbre grave qui envoûte.
Etienne Daho l’avait convaincue de sortir de sa solitude musicale, il avait produit Places. Un succès, une reconnaissance, un encouragement. Il n’est pas dit qu’elle ne retournera pas sur les plateaux de cinéma, mais elle choisira mieux ses films. Pour l’heure Lou Doillon est une chanteuse et avec ce deuxième opus, Lay Low, elle confirme sa place dans la cour des grandes chanteuses, on ne s’amusera plus à la comparer à telle ou tel, même si on devine qui pourraient être ses modèles.
Pour imprégner une différente récidive, celle qui a gagné en maturité, moins timide mais toujours fragile, elle a sollicité Taylor Kirk, le magicien du trio pop canadien Timber Timbre aux résonances suaves autant qu’inquiétantes. Ça s’entend et ça fonctionne idéalement sur les mélodies sombres de Lay Low, Lou Doillon chasse ses fantômes, si elle se montre vulnérable, elle est aussi une amoureuse poliment intransigeante: « Could you please, get out of my place » (Above My Head).
Lou Doillon est une rockeuse, rockeuse de l’âme. Elle aime aussi salir ses ballades de gros sons de guitare électriques saturées, comme pour prévenir qu’il faut se méfier de ses faux airs de potentielle bad girl.
Douce comme un soleil couchant, acide comme la mûre sauvage.
Lay Low – Lou Doillon – Barclay
(*) Télérama 16 septembre 2015
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