Jacques Dau (1955-2017) tire sa révérence en chantant Bobby Lapointe

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C’est la générosité de l’homme qui va d’abord nous manquer. Celle qu’il offrait immédiatement à tous ceux qui le croisaient. Celle aussi d’un homme de théâtre aux facettes multiples.

Jacques Dau est arrivé à la scène un peu par hasard. Corse pur jus (canal sympathique), il avait étudié les sciences économiques avant de devenir instituteur. Mais comme il aime rire et qu’il est drôle il entre en scène dans les années 80 avec un spectacle célébrant Bobby Lapointe. Il se découvre une passion pour les planches et va jouer tous azimuths: Molière, Brecht, Musset, Feydeau, notamment. Il rencontre Jean-Marc Catella, ainsi nait « Dau & Catella« . Le duo enchaîne les 2 men shows, pour faire rire mais pas seulement: avec « Sacco et Vanzetti », d’Alain Guyard, plus politiques, ils interrogent injustice et discrimination. Jacques Dau retrouvera ensuite un autre compère, Vincent Roca, pour « Qu’est-ce qu’on fait pour Noël« , une exploration loufoque de la langue et des travers de la société.
Jacques Dau était un homme doux. Il s’est éffondré en sortant de scène à l’issue d’une représentation d’une nouvelle mouture de son hommage à Bobby Lapointe (*). Une mort brutale que ne méritait pas cet homme doux.

 

Des Mots de Minuit avait rencontré Jacques Dau en Avignon en 2015 alors qu’il jouait dans le off « Qu’est-ce qu’on fait pour Noël » et « Sacco et Vanzetti ». Ainsi présentions-nous un entretien qui mêlait jovialité et amertume:
Le mot « boursouflure » -plus de 1300 spectacles affichés dans le OFF- n’a rien d’enthousiasmant. Ni pour le spectateur que déprime le choix parfois cornélien. Ni pour le théâtre quand il se fait caravansérail ou qu’il donne dans le patronage. Ni pour les comédiens quand il s’agit d’affirmer un savoir-faire, une conviction ou une exigence noyées dans la phlétore. Jacques Dau est de ceux-là…     
Pour Jacques Dau, le OFF est d’ailleurs le « salon de l’agriculture » des comédiens où tous les professionnels viennent faire leur marché…
« Qu’est-ce qu’on faut pour Noël? » et « Sacco et Vanzetti » sont les deux spectacles qu’il enchaîne avec ses complices Jean-Marc Catella et Vincent Rocca. Trois mots conviennent bien à cette fine fleur: tendresse, absurdité, engagement. Ils peuvent être dans le théâtre politique quand l’Amérique bafoue les droits de l’homme d’autant plus facilement que l’autre est l’étranger. Ils font rire quand il s’agit de jouer infiniment avec les verbes et les expressions.

La peine de mort n’a toujours pas été abolie aux Etats-Unis… Ni en 1927, ni aujourd’hui
Deux concierges d’un palace imaginaire jouent -rejouent?- la comédie de l’accueil et de la gestion d’une clientèle huppée. Dérrière la façade du sourire, l’aparté complice est aussi la discipline de ces deux larrons en foire qui s’inventent un univers où passent les coqs et les ânes jusqu’à l’épuisement. Mais ce temps de mascarade existentielle est-il bien utilisé? C’est l’autre question de cette pièce… où traînent accessoirement plusieurs cannes à pêche… 

 

(*) Aperçu vidéo de « Jacques Dau chante Bobby Lapointe« :

 

 

 

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