L’argentin Alan Pauls : l’écriture comme lieu de l’ambivalence et du fétiche

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Quand un écrivain, traduit par Serge Mestre vous dit que « traduire est la plus merveilleuse expérience de l’esclavage », qu’il cite Freud et l' »inquiétante étrangeté », qu’il n’a pas la télévision chez lui ou que nous vivons dans un système de peurs, qu’il aime « l’impur », qu’il est ravi d’appartenir à la branche familiale qui ne craint pas l’alopécie, que le cinéma est originellement montage …

En substance, il vous dit aussi que quand la langue allemande qu’il a apprise pouvait faire sens, il l’a délaissée. Etre fils d’immigré ayant fui le nazisme en Argentine fait -hypothèse- écho chez cet auteur d’un entre-deux qui lui fait toujours juxtaposer une intimité ou un quotidien et une histoire, celle d’un pays qui a connu sa « guerra sucia » et qui reste marqué par ses sources européennes.

Dans la trilogie que celui qui a signé « Le facteur Borges » lui consacre au tournant des années 70, ses fétiches sont les larmes, les cheveux ou l’argent liquide (dont le chèque et la carte bancaire sont les « doubles hygiéniques »). Lieux improbables d’une identité qui, hypersensible, ne s’autorise pas à pleurer; qui, versatile, ne sait plus à quelle coiffure se fier; qui, obsessionnelle, ne sait pas épuiser ce qu’elle perd ou gagne au fond du Rio de la Plata.
Pauls est né en 1959. Toute son activité, à l’ombre de Proust, dans une volonté de digression ou d’épuisement de son sujet tourne autour des mots, de leur agencement ou des sens qu’ils rescellent. L’ambivalence ou le mystère en sont les pivots. Il en fait une condition de la fiction.
On en trouvera dans ce mot à mot  une parfaite illustration…

 

Alan Pauls est le président du jury longs métrages du 24ème Festival de Biarritz.
Palmarès.

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