« Si un inconnu vous aborde »: Laura Kasischke au sommet de son art
La romancière américaine signe un premier recueil de nouvelles qui incarnent nos aliénations quotidiennes. Etrange et jubilatoire.
Ne vous fiez pas aux apparences, sous ses airs d’ange, Laura Kasischke est en réalité une sorcière. De celles qui concoctent des filtres magiques et vous ensorcellent en un tour de main. Ce qu’elle fait, au demeurant, depuis A suspicious river son tout premier roman. Semblable en cela à Greta, l’héroïne du Don, avant dernier texte du livre, qui découvre qu’elle porte en elle la faculté de donner la mort. « Cela l’avait tourmentée et nourrie. Ce pouvoir secret et surnaturel. Ce don ». Tout comme vraisemblablement les histoires de fantômes que sa mère racontait à la petite Laura lorsqu’elle était enfant. D’où cette appétence pour le surnaturel qui caractérise l’ensemble de ces nouvelles.
Quinze en tout, qui ont pour cadre ce Midwest américain que Laura Kasischke connaît bien pour y avoir grandi puis avoir choisi de s’y installer: « Ici pas besoin de rappeler aux gens de s’occuper de leurs affaires. On pouvait bien agoniser sur sa pelouse, ils étaient du genre à tirer poliment les rideaux pour ne pas nous offusquer en remarquant quoi que ce soit (…) Le genre de banlieue où, tous les dix ans environ, se produisait quelque chose d’abominable ». La romancière, elle va ouvrir les rideaux, soulever le couvercle des habitudes, et traquer la violence de nos vies si banales. En apparence. Rien de plus banal en effet qu’un père divorcé comme Tony dans Melody qui tente surtout de s’en persuader. « Tout allait bien. Rien que du très banal. Et de toute façon, c’était quoi, le banal ? Tout était banal ». Et en effet être accosté par un inconnu dans un aéroport à la manière de Kathy Bliss dans la nouvelle qui donne son titre au recueil pourrait être qualifié de banal. Mais accepter de se charger pour lui d’un paquet, sans même connaître son contenu, avant d’embarquer, beaucoup moins. C’est cette douce folie, cette inquiétante étrangeté que traque Laura Kasischke de sa plume précise et poétique à souhait dans ces quinze nouvelles. Du grand art.
Quinze en tout, qui ont pour cadre ce Midwest américain que Laura Kasischke connaît bien pour y avoir grandi puis avoir choisi de s’y installer: « Ici pas besoin de rappeler aux gens de s’occuper de leurs affaires. On pouvait bien agoniser sur sa pelouse, ils étaient du genre à tirer poliment les rideaux pour ne pas nous offusquer en remarquant quoi que ce soit (…) Le genre de banlieue où, tous les dix ans environ, se produisait quelque chose d’abominable ». La romancière, elle va ouvrir les rideaux, soulever le couvercle des habitudes, et traquer la violence de nos vies si banales. En apparence. Rien de plus banal en effet qu’un père divorcé comme Tony dans Melody qui tente surtout de s’en persuader. « Tout allait bien. Rien que du très banal. Et de toute façon, c’était quoi, le banal ? Tout était banal ». Et en effet être accosté par un inconnu dans un aéroport à la manière de Kathy Bliss dans la nouvelle qui donne son titre au recueil pourrait être qualifié de banal. Mais accepter de se charger pour lui d’un paquet, sans même connaître son contenu, avant d’embarquer, beaucoup moins. C’est cette douce folie, cette inquiétante étrangeté que traque Laura Kasischke de sa plume précise et poétique à souhait dans ces quinze nouvelles. Du grand art.
Ed. Page à Page – 206 pages
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