Photographe, attelé à la construction d’un « Laboratoire de Lumière » -une manière de nommer l’atelier que je me fabrique-… « Quand je monte dans le train… « y’a » du monde dans le train… »

Je suis en mouvement, le paysage défile, mes jambes ne bougent que très peu et pourtant je me déplace vite. Mes pensée suivent-elles ou précédent-elles mon corps. Parfois une sensation corporelle peut faire jaillir une pensée.
Je pense à l’endroit que je viens de quitter, je pense à l’endroit où je me rends. Je pense à la relativité, je pense à Albert. Je me déplace pour aller voir quelque chose où quelqu’un: je ne sais plus très bien. Mais il le faut.
Si l’incertitude existe, je ne me sens jamais aussi entier que dans ces instants là : Je voyage. Je me transporte; juste muni de l’essentiel: d’envies, de désirs, de rencontres… d’un boîtier, d’un « caillou »… !?
Aujourd’hui c’est donc dans un train que je pense à Albert; juste par le simple fait de me déplacer d’avant en arrière  dans la direction imposée par le train…
Au début d’un voyage pense-t-on plus à l’endroit où l’on se rend où à l’endroit que l’on quitte? Quelles sont nos pensées pendant ce trajet?
L’attente? L’attente de quoi? De quelque chose qui changera ses pensées. Une rencontre dans ce no man’s land sur rail ?
Il en existe…
Cela m’est arrivé plusieurs fois ; entre autres en prenant un train de nuit qui relit Madrid à Paris. J’y ai rencontré Aladair L.J. Je quittais Madrid définitivement; j’avais dit à l’époque que je n’y « refoutrai » jamais les pieds. (J’y retournerai dans le cadre de reportages des années plus tard…)
Il ne restait qu’une seule place en couchette dans le Talgo cette nuit là… En première. Pour le dîner il n’y avait de la place qu’au deuxième service vers 22H30. Dans le wagon restaurant il ne restait qu’une seule place disponible; la seule condition était qu’un jeune homme de mon âge accepte de partager sa table avec un inconnu. (De mon coté il était aussi un inconnu pour moi … !?) Il lisait «Le pendule de Foucault » de Umberto Ecco. En anglais. J’étais « impressionné ». De fait, je ne savais pas encore qu’il était Anglais d’origine. Nous buvions, lui du blanc, moi du rouge.  Chacun était plongé dans sa lecture; le repas s’est déroulé tranquillement jusqu’au café et au thé pour lui. Le serveur vêtu d’une livrée verte avec col noir à boutons dorés est  intervenu: « Messieurs; vous avez passé le dîner sans vous parler; vous pourriez peut-être faire un effort à ce moment du repas ».
Surpris par cette intervention bien amenée, nous nous sommes exécuté et nous sommes présentés.
À ma grande surprise il connaissait mon nom… !?
En effet il travaillait pour une agence de publicité internationale dont l’une des succursales était en  Angleterre; un de mes cousins avait un poste de directeur de création dans le même groupe à  Paris. Ils se connaissaient.
Mon voyage en train avait été décidé sur un « coup de gueule ». Le sien aussi…
Dans les wagons des solitudes se croisent…
Je ne connais pas toujours les noms de mes compagnons de voyages, mais je n’oublie pas les rires et les sourires.

 

J’ai du mal à me lasser d’un voyage en train; c’est dans un Paris-Auray alors que je viens de quitter un ami après un diner dans une brasserie de Montparnasse que j’ai réalisé cette série de portraits. Mon compagnon de voyage est d’origine sud-américaine très avide de bavardages il me propose une collation au bar roulant à grande vitesse, de retour à nos places nous croisons une bande de ch’tis venus pour un concert de rock à Lorient. La discussion s’engage rapidement entre l’espagnol, le français et l’accent du nord. Les rires et les images s’enchaînent. J’aime ça, c’est évident!

 

Dans cet espace exigu (mini-studio improvisé), j’en profite pour faire des portraits de mes compagnons de voyage. Nous allons tous dans le même sens. Pensent-il à Albert ?

 

« Espace restreint et échanges »

 

« Les yeux brillent de « rock » »

Les éclats de rires me plaisent…

 

 

« »y’a » du monde dans le train quand je monte dans le train…»
 
LLL. Semaine7