La perle de la semaine. Le meilleur du cinéma indépendant américain. Signé par un couple de français.
Swim little fish swim – Lola BESSIS & Ruben AMAR (France) 1h35
New-York. Aussi joliment qu’elle l’est, elle s’appelle Lilas. Derrière le charme de ses airs ingénus, Lilas est une jeune femme qui se cherche. A tout juste 20 ans, cette française en rupture familiale est venue chercher dans le bouillon artistique new-yorkais le statut de vidéaste reconnue dont elle rêve. Non sans naïveté et prête à tous les compromis. Tandis que sa mère, elle-même artiste internationalement célèbre, la harcèle de textos lui enjoignant d’arrêter ses bêtises et de rentrer à Paris. Ce qui de toutes façons ne saurait tarder: le visa de Lilas arrive à échéance. Dans son errance Sdf, elle débarque dans un nouveau hasard dans une drôle de famille qui lui offre un gite-canapé pour quelques nuits. Mary est infirmière à l’hôpital, Leeward est un grand original, musicien qui compose notamment avec l’aide des jouets de sa fille, Rainbow, en effet lumineuse gamine de 4 ans. L’attirance platonique mais magnétique entre Leeward et Lilas est quasi immédiate. Mary a raison de ne pas s’en tourmenter, elle se préoccupe davantage de l’irresponsabilité de son ado-attardé de mari qui a hérité de sa famille juive communiste de grands principes humanistes mais improductifs puisqu’ils lui interdisent toute concession au monde odieux du capitalisme. Il y aura des clashes, mais toujours en toute harmonie, puisque c’est bien la rencontre qui fait qu’on avance.
Un enchantement que cette courte chronique de trois personnages, éminemment différents, éminemment sympathiques dans leurs originalités, tous trois à un moment charnière de leurs vies. On craque pour Lilas la naïve, mais pas tant que ça, tout autant que pour Leeward, professeur Nimbus de la musique, tellement dans ses valeurs d’ouverture à l’autre, tellement désintéressé, au point d’ignorer son génie. Dans ce petit monde perché, Mary a le mauvais rôle: confrontée au quotidien à la douleur qu’elle croise dans sa vie d’infirmière, elle a les pieds sur terre, et si elle aime sincèrement son mari, elle voudrait juste un peu plus de confort et de stabilité, ailleurs que dans ce minuscule appartement régulièrement envahi par des musiciens qui font le bœuf jusqu’à pas d’heure. Délicieux cocktail sweet and sour que ce trio, accessoirement interpellé par Rainbow, l’enfant qui dans son innocence raisonne mieux que les adultes.
Pudding délicat
A l’appui, une forme cinématographique bourrée d’idées, une narration privilégiant le flux du jour le jour plutôt que la démonstration, instillant ici ou là l’onirisme voire le surréalisme qui manque au réel. Situé dans un monde bobo-arty, ailleurs couramment et facilement raillé, le film ne réserve ses piques (discrètes et drôles) que pour le monde officiel de l’art, ou celui qui croit le contester comme ce peintre qui ne peint -exclusivement nu- ses modèles féminins qu’attachées, mode bondage.
Au service de ce pudding léger, des comédiens délicieux, justes et efficaces, sûrement dans une part d’improvisation intelligemment stimulée par les réalisateurs. Dustin Guy Defa (Leeward), nature comme si on venait à notre tour d’entrer dans son appartement pour partager sa musique: Swim little fish swim est aussi un film musical, la BO vaudrait à elle-seule le déplacement. Lola Bessis (Lilas) construit un personnage d’innocence vindicative tournant le dos à toute niaiserie, on se demande comment elle réussit à conserver cette fraîcheur quand on sait qu’elle est aussi derrière la caméra.
Stupéfaction d’apprendre que le couple de réalisateurs est français, tant Lola Bessis et Ruben Amar vont à l’inverse des standards de notre cinématographie nationale, y compris dans ses meilleures propositions récentes. On les auraient crus issus du cinéma indépendant américain pur jus, ce microcosme éternellement inventif qui, sans gros financements, fonctionne à l’énergie, comme pour poursuivre l’élan initié il y a déjà 50 ans par John Cassavetes.
Au service de ce pudding léger, des comédiens délicieux, justes et efficaces, sûrement dans une part d’improvisation intelligemment stimulée par les réalisateurs. Dustin Guy Defa (Leeward), nature comme si on venait à notre tour d’entrer dans son appartement pour partager sa musique: Swim little fish swim est aussi un film musical, la BO vaudrait à elle-seule le déplacement. Lola Bessis (Lilas) construit un personnage d’innocence vindicative tournant le dos à toute niaiserie, on se demande comment elle réussit à conserver cette fraîcheur quand on sait qu’elle est aussi derrière la caméra.
Stupéfaction d’apprendre que le couple de réalisateurs est français, tant Lola Bessis et Ruben Amar vont à l’inverse des standards de notre cinématographie nationale, y compris dans ses meilleures propositions récentes. On les auraient crus issus du cinéma indépendant américain pur jus, ce microcosme éternellement inventif qui, sans gros financements, fonctionne à l’énergie, comme pour poursuivre l’élan initié il y a déjà 50 ans par John Cassavetes.
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