Les Carnets d’ailleurs de Marco & Paula #110: « Allez, circulez! »
Sans livre ni chapeau, Paula est partie voter.
J’ai bien noté dans la cour l’absence d’affiche pour la candidate Nº2. Plus tard, j’ai appris que tous les bureaux de vote des Français de l’étranger en étaient dépourvus. Le Front National n’a tout simplement pas envoyé à temps ses affiches au Ministère des Affaires étrangères, ce qui trahit des lacunes certaines en logistique. Il n’y avait donc aucune malice dans ce panneau vide; complotistes de tout bord, circulez !
Informée des premières tendances en métropole, je pensais savoir à quoi ressemblerait la feuille que je devais remplir en fin d’exercice. Les lignes Macron et Le Pen pleines de bâtonnets. Et bien non! Les Français de Côte d’Ivoire sont d’abord fillonistes, puis – mais nettement derrière – macronistes et mélanchonistes. Les autres sont accessoires. Français rebutés par quelques affaires ou effrayés par l’étrangeté, circulez!
Marco avait trouvé son Ivoirien nouveau (chronique #107), alors j’ai cherché l’Ivoirienne version 4.0. J’ai crû la trouver dans un « beau livre » intitulé « Ivoiriennes aujourd’hui ». Sur une double page apparaissaient les portraits de quelques ivoiriennes remarquables: la première médecin, une députée… des modernes, mais la centaine de pages était consacrée aux femmes des différentes ethnies du pays, sublimées dans des postures si traditionnelles que j’ai conclu que l’ouvrage était périmé. En effet, il datait de 2007, quand l’émergence n’était pas encore à la mode, et il annonçait présenter les « mères, filles, sœurs et épouses de Côte d’Ivoire ». Femmes modernes, indépendantes et autonomes, circulez !
La semaine passée, pendant que Marco recensait les détritus sur la plage (chronique #109), je bavardais avec Jenny, Alex et Nadia, nos voisines de bungalow. Jenny, chorégraphe haïtienne qui vit depuis une quinzaine d’années en Côte d’Ivoire, se remettait du spectacle de danse qu’elle avait présenté la veille à Abidjan, et allait re-présenter la semaine suivante. Vendredi, nous sommes donc allés la retrouver au Goethe Institut. La scène était dans la cour. L’air était frais, les chaises pas plus inconfortables que partout ailleurs et l’ambiance paisible. Les danseurs achevaient de s’échauffer sur la scène. Je les voyais concentrés, à peine troublés par l’arrivée du public même s’ils nous regardaient pour estimer notre nombre, notre bienveillance ou notre allure parmi nous se trouverait-il le sésame pour une tournée régionale? Las! alors que la scène venait de se vider et que des modifications d’éclairage annonçait le début du spectacle, tout s’est éteint: son, lumière et bavardage des spectateurs. Après une dizaine de minute dans le noir – réel et symbolique ! – nous avons appris que le groupe électrogène sur lequel était branché l’Institut depuis le début de l’après-midi menaçait d’expirer, à nos risques et péril. Amateurs de spectacles éclairés, circulez!
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