« Le Jardin arc-en-ciel » d’Ito Ogawa: une famille pas comme les autres

Telle est l’expérience que vont faire malgré elles Izumi, jeune femme fraîchement divorcée, et Chiyoko lycéenne en classe de terminale. Ni l’une ni l’autre n’imaginait tomber un jour amoureuse d’une femme. Et pourtant. Le coup de foudre aura lieu sur le quai d’une gare. Chiyoko a choisi cet endroit pour mettre fin à ses jours quand un petit garçon lui prend soudain la main, inversant sans le savoir le cours de choses. Lui c’est Sosûke, le fils d’Izumi. Il a six ans et ignore alors qu’il aura bientôt deux mamans et une petite soeur conçue avant la rencontre des deux femmes.
Si l’histoire du Jardin arc-en-ciel n’est pas banale, sa structure narrative l’est encore moins. La romancière japonaise a en effet choisi de raconter le destin de cette famille pas comme les autres selon les différents points de vue de ceux qui la constituent. Ainsi Izumi, son fils Sosûke, mais aussi Chiyoko et sa fille Takara content-ils chacun à leur manière leur destin peu ordinaire. De ces témoignages ressort néanmoins la difficulté de vivre son homosexualité au pays du Soleil Levant. « Si on ne dit pas qu’il existe des gens comme nous, rien ne changera jamais. On est noyée dans la majorité. Pour se faire entendre, il faut parler fort. » affirme Chiyoko. Ogawa Ito, elle, a choisi la manière douce. Loin d’être un plaidoyer vibrant en faveur de l’homosexualité, Le jardin arc en ciel est une fable sur la tolérance et l’acceptation. Les fleurs « ont beau trouver la teinte de la fleur voisine plus jolie, et l’envier, elles ne peuvent pas modifier à leur guise la couleur qui leur a été dévolue. Alors ils ne leur reste plus qu’à vivre avec cette couleur de toutes leurs forces« . C’est ce que vont s’employer à faire les deux héroïnes de cette famille atypique dans laquelle les liens du coeur ne doivent rien à ceux du sang.