De la coiffure des femmes africaines au cinéma légionnaire de Claire Denis, du coiffeur inspirant de Philippe Claudel au premier regard des techniciens de plateau de l’actrice canadienne, du laisser se bien faire « où que tu ailles dans mes pensées » de la chanteuse au « Merlin » de quatre musiciens, de Shakespeare visité par le Phénix à l’art trouble de la manucure…
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
J’ai toujours l’impression que je repars à zéro… Ils n’y croyaient pas du tout! Le travail que j’ai fait avec le chorégraphe Bernardo Montet n’était pas de chorégraphier, c’était de former un groupe et je crois que j’ai vu arriver quelque chose auquel je croyais mais auquel je n’étais pas du tout sûre que ça fonctionnerait. C’est qu’au bout de deux semaines de répétitions, tous les comédiens ont senti le groupe se former et, très vite, nous, les techniciens du film, on s’est sentis exclus du groupe. Quelque chose s’était cristallisé et les comédiens qui n’avaient pas fait l’armée ont commençé à comprendre ce que représentait cette machine étrange, qu’un groupe d’hommes, centré sur les hommes, pour qui les femmes sont à l’extérieur, fonctionne dans une harmonie parfait… Je pense que j’ai pris la Légion, non par l’intérieur puisque ses portes m’étaient fermées. Je l’ai prise par le seul côté accessible: celui du mythe!
Claire Denis.DMDM, 2000.
Moi, si j’écris, c’est parce que justement ça me permet de suivre par procuration des existences qui ne sont pas la mienne, de suivre des gens avec lesquels j’aimerais bien m’attarder un peu. Ou alors -c’est peut-être un peu orgueilleux- mais, peut-être, essayer de faire changer le regard sur certaines personnes qui nous entourent, que l’on ne regarde pas, ou peu, que j’essaye de mettre un peu plus en scène… C’est vrai que pour moi, la douleur c’est aussi un formidable moteur et curieusement… je trouve… qu’il y a aussi une métamorphose de la douleur quand on crée et elle n’est pas toujours douloureuse d’ailleurs. Avec de grandes douleurs, on peut faire des choses extrêmement positives, voire même drôles. En tout cas, qui entraînent vers la vie!
Philippe Claudel. DMDM, 2000.
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(À propos de « Souvenirs intimes »): Ce qui est douloureux, ce n’est pas l’histoire ou le passé de ce personnage. C’est en fait de maintenir cet état pendant un mois et demi, deux mois de travail. un plateau de tournage, ça peut être ludique… Et moi, je m’attache beaucoup au travail des techniciens -c’est le premier public, le premier regard, dans lequel je vais chercher, parfois plus que dans le regard du réalisateur, une espèce d’approbation- et là, j’ai du me maintenir un peu à l’écart, j’ai du me garder dans une espèce de bulle parce que c’est un personnage de femme fracassée, solitaire, dysfonctionnelle vis à vis des autres. Comme je ne suis pas du tout ça, j’ai trouvé ça très douloureux!
Claire Bussières. DMDM, 2000.
Actu culturelle:
– Le film « Soins et beauté » de Alejandro Rojo.
– « La nuit des rois » de Shakespeare par La Troupe du Phénix.
– J.D Okhai Ojeikere, photographe des coiffures africaines.
Elle chante et s’accompagne au piano.
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