Les Rencontres internationales de cerfs-volants (RICV) se sont déroulées dans le Pas-de-Calais sur la plage de Berck durant la semaine du 9 au 17 avril. C’est une manifestation pleine de poésie qui a lieu tous les ans. Entre farniente et jobs saisonniers, dernières vacances avant le Bac…
Avec le vent du nord. Vous ne connaissez pas nos cerfs-volants? Il est temps de vous les montrer. Cet évènement berckois fête ses 30 ans et réunit les meilleurs cervolistes du monde qui concourent pour un titre réputé ou de simples amateurs qui exposent leurs plus beaux cerfs-volants sur la plage. Dans le ciel, « Tortue », « Superman », « Nounours », les vaisseaux de « Star Wars » se livrent bataille. Ajoutons le soleil, la plage et les concerts pour faire de ce rassemblement une occasion rêvée de partage familial.
Du vent dans les voiles. La première chose que nous faisons, nous berckois, c’est de regarder les plaques d’immatriculation. Il y a des gens du sud de la France, des Belges, des Hollandais, des Anglais qui viennent assister à cette fête unique dont les images ont fait le tour du monde comme celle de ce bonhomme de 24 cerfs-volants. On imagine la galère quand il a fallu les désolidariser!
Cette manifestation lance la saison estivale; pour les commerçants c’est l’occasion d’essayer de « se refaire une santé » et d’ENFIN sortir -même si nous sommes dans le Nord- les terrasses. C’est l’été qui s’annonce et pour certains cela peut aussi devenir un cauchemar.
Vent debout.
Pendant cette semaine-là, je n’étais plus élève de terminale littéraire mais serveuse dans une brasserie. Mais attention, pas la brasserie où tous les serveurs ont l’espace suffisant pour passer entre les tables… Non, c’était la galère : j’ai rencontré des gens simples, qui comprenaient la difficulté de servir dans un si petit bistrot. Mais je suis aussi tombée sur des gens chiants -TRÈS chiants- le genre de personnes qui met un quart d’heure à choisir une boisson et qui râle parce que son plat arrive avant que son entrée soit finie, qui occupe la table deux heures pour simplement prendre des moules-frites et un café alors que cinquante personnes attendent sur le trottoir d’en face. Je n’ai pas pu m’empêcher d’haïr ceux qui rentraient avec des poussettes ou des chiens. La reprise a été dure après des séances de plonge de 7 heures! »
Julie, serveuse dans le bar de sa mère, avril 2016.
Bon vent. Sur la plage, il y d’autres animations et d’autres réjouissances. Emilie, la gourmande, constate:
J’y suis allée au moins quatre fois. Le soleil était au rendez-vous. J’avoue être gourmande et la nourriture est une passion. Sur l’esplanade tellement fréquentée qu’il faut regarder où l’on marche, pas grand-chose d’intéressant. A côté du jardin d’enfants décoré à la main avec des matériaux recyclés, des stands de bijoux, de jouets ou d’articles publicitaires… le meilleur, dans les odeurs de frites : les étals de bonbons, de gaufres et de chichis. Mais c’est sur le sable qu’il faut descendre et s’allonger pour dévorer les cerfs-volants.
Les concours sont impressionnants. La musique est à fond. Nous nous demandons comment les cervolistes font pour ne pas emmêler leurs fils. Les compétiteurs viennent de France, de Belgique, de Chine, de Malaisie, de Colombie, d’Inde, de Corée du Sud ou de Belgique à deux pas du stand de bière. Comme si nous n’étions plus à Berck! Le dernier jour, c’était pique-nique avec ma maman et mon petit frère. L’éclate! Nous n’avions jamais vu un ciel si coloré. Les jeux de formes étaient remarquables, comme cette voiture avançant, dessinée par trente cerfs-volants. À ce moment, je m’imagine autre part, là où le calme, la paix et la joie règnent. Je savoure ce moment car dans un mois, c’est le bac!
Ce spectacle d’une semaine s’est terminé par un magnifique vol de nuit et un superbe feu d’artifice, avant de monstrueux bouchons sur la route du retour.
Du vent dans les mollets. Emilie, petite nature, n’y est pas allée car il faisait trop froid. Quand à Marie-Ange, telle le bonhomme Michelin, elle avait enfilé quatre pulls. Pour Julie, les mains dans la plonge, c’était un feu d’artifice de vaisselle! Bonjour la frustration! Toutes et tous, nous sommes préoccupés par l’examen qui arrive. Et pour certains, déjà la chasse aux petit boulots.
Je me suis dégoté un job de serveuse pendant les vacances pour payer mon permis. J’ai été embauchée dans une brasserie sur l’esplanade pendant cinq jours. J’arrivais à 11h30 et je voyais des vacanciers affamés et prêts à déguster des moules-frites par douzaines. J’enfilais ma tenue en vitesse et j’installais quelques clients. Je n’en revenais pas chaque jour de voir des gens faire la queue jusque 17h/18h pour la spécialité de la région. Certains clients sont agréables, d’autres moins. Il y a les habitués et les nouveaux qui me racontent leur séjour, leurs difficultés pour garer la voiture familiale; à quel point ils sont heureux d’avoir enfin trouvé un restaurant avec de la place car « les enfants ont faim! ». Leurs réactions quand je répète pour la énième fois que « je suis toute nouvelle » me réconfortent : « il faut bien passer débuter », « vous vous débrouillez bien pour votre deuxième jour! »
J’ai été heureuse de voir la générosité de ceux qui me donnaient avec le sourire de bons pourboires. J’ai eu aussi quelques déboires quand un papy m’a mis la main aux fesses pour me dire au revoir… « À bientôt monsieur!! »; à l’occasion de ma première catastrophe -il en faut bien une !- quand j’ai renversé une petite verrine sur le manteau de l’un de mes meilleurs amis. Bizarrement il n’est pas revenu le lendemain soir. Finalement, j’ai été ravie de faire cette expérience.