📷 L’auteur Jean-Marc Dos Santos: la cuisine de Pierre…
« De New-York à Paris, en passant par bien d’autres lieux. J’ai découvert des gens, et des objets magiques qui, dans de minuscules éraflures, conservent les marques du temps. J’ai réalisé les portraits de ceux qui protègent ces empreintes de la disparition. Avec l’image de cette trace, j’ai préservé la mémoire de l’oubli. » H. B.
Au début des années 2000, j’étais dans la cuisine de Pierre Barouh, lieu de tous ses rendez-vous, sans saisir sur le moment toute la polysémie du mot « cuisine ». J’entrais dans la cuisine de Pierre. J’entrais en « cuisine » avec lui. Ce soir-là, le lendemain, puis la nuit suivante Pierre me racontait et me montrait car… il avait tout filmé.
Jean-Marc Dos Santos – Paris 75013 – avril 2019
Ses amis Robert Doisneau, Antoine Blondin, Vinicius de Moraes, mais aussi de parfaits inconnus… non… des inconnus parfaits. Un très vieux monsieur japonais, peintre anonyme aux 5000 toiles, un ex-truand des favelas de Rio, auteur de centaines de Sambas et tant d’autres. Ce qui n’avait pas été filmé, il le faisait revivre là, dans la cuisine. Les chansons «d’un homme et d’une femme», les premiers pas discographiques d’Higelin, de Brigitte Fontaine, d’Allain Leprest, les clubs de Sambas au Japon, la Colombe d’or, le petit frère Baden Powell. Je l’accompagnais souvent (là encore polysémie), aux dîners du lundi au restaurant La Grille où le journaliste Jean Cornier racontait le Che en engloutissant des kilos de fraises au poivre et aussi à la guitare dans les émissions de radio ou chez des amis.
En février 2015, nous étions ensemble sur scène à Bruxelles. Nous avions chanté en duo et en deux langues « Samba Saravah », du nom de son label.
Quelques jours après, de retour dans la cuisine de la rue de l’Estrapade, il m’a fait asseoir, s’est absenté un instant puis il est revenu avec un drôle de petit galet dans lequel était incrustée une spirale.
« Te voilà compagnon de l’Opercule », me dit-il.
Je conservais l’objet sans comprendre . Aucune explication ne vint. Je n’en demandais pas.
Pierre Barouh, mon cher Pierrot a quitté définitivement la scène le 28 décembre 2016.
Ses chansons flottent autour de nous dans un nuage nacré. Il me manque.
© « Le Laboratoire de Lumière » – 2019
► Mémoire d’objets, la collection
► La collection « Photo parlée »
► nous écrire: desmotsdeminuit@francetv.fr
► La page facebook desmotsdeminuit.fr Abonnez-vous pour être alerté de toutes les nouvelles publications.
Articles Liés
- Jean-Marc K: Le rockeur et le batteur d’Or…
Le goût du rock, la passion du métal… L’Or!Le métal lourd, si léger, de mon…
- Jean-Marc Léri: un historien et une passion savante pour Paris et ses mystères
"Tripalium" interroge le rapport des français au travail. Cette semaine, l’historien et conservateur Jean-Marc Léri…
- Rencontre avec le pianiste Jean-Marc Luisada avant son concert salle Gaveau
On a du mal à le croire même en l'écrivant. Cela fait dix ans que…
-
« Hollywood, ville mirage » de Joseph Kessel: dans la jungle hollywoodienne
29/06/202053370Tandis que l’auteur du Lion fait une entrée très remarquée dans la ...