Yann Kersalé: « Éteindre la tour Eiffel pour mieux la rallumer! » #321

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La star italienne qui s’amuse et joue de tous les registres musicaux; la chorégraphe coréenne qui cherche par la précision des corps et des sons le pont entre l’Orient et l’Occident; le créateur de lumières qui offre éclats ou caresses aux édifices et monuments; ces deux-là qui ont mis à disposition le hip hop, danse-plaisir, d’une jeunesse avide de gestes. Passerelle est un mot bien utile!

 

Des mots de minuit : émission N°321 du 22 novembre 2008.
Réalisation : Pierre Desfons
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production: Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2
 

CONVERSATION:

Je suis de temps en temps un chanteur engagé mais, pour moi, l’art ne devrait jamais s’occuper des choses de la société. Cela dit, nous sommes des hommes, et quand je vois des choses indécentes qui me touchent, il ne me suffit plus d’être musicien.

Franco Battiato. DMDM, 2008.

Franco Battiato
Le chanteur italien sort l’album, « Il vuoto ». De la musique expérimentale à l’opéra, de l’Eurovision à des livres sur l’ésotérisme, de la pop au cinéma, de la Mostra au London Royal Philarmonic, la palette du garçon est très large et son succès, notamment en Italie, est populaire et considérable… 

Je me suis aperçu que les quatre kilomètres du pont de Normandie que j’appellerais « l’espace du pont » -alors que la passerelle  suspendue ne fait qu’un kilomètre 800- avaient été traités par différents maîtres d’ouvrage. C’était fragmenté par des gens qui ne s’étaient pas parlé. J’ai donc essayé par la lumière de refaire une unité, un tout… 

Yann Kersalé. DMDM, 2008.

Yann Kersalé
Le plasticien, sculpteur de lumières, à l’occasion de la sortie du livre « Yann Kersalé » aux Éditions Gallimard, dans lequel l’artiste livre des éléments pour explorer son oeuvre:
 «Mettre des mots sur ce que l’on ressent et parler de son travail est toujours difficile pour un artiste. Un livre est, par essence, fait de mots… j’ai donc cherché des regards qui soient pertinents en m’entourant de camarades, rencontrés au gré de mon exploration sensible de la nuit, amorcée il y a une trentaine d’années. Cet « ouvrage à secrets », qui se livre peu à peu, donne non pas une explication analytique de mon travail – y en a-t-il seulement une? –, mais des clefs ouvrant des pistes d’exploration de mon terrain de jeu favori : la nuit.»  ©Yann Kersalé. Gallimard, 2008.
Un carnet de croquis.
« L’objet qui le prolonge… » L’un des carnets de croquis et de notes de différentes tailles qu’il a toujours avec lui. 

C’est grâce à Ligeti et Sellars que je suis devenue une artiste. J’ai trouvé avec eux la possibilité d’un lien entre l’Orient et l’Occident, d’un échange affectif, d’un métissage…

Sen Hea Ha. DMDM, 2008.

Sen Hea Ha

La chorégraphe coréenne crée « Infinitâ » présentée au Musée du Quai Branly, à Paris. À noter que dans la danse qu’elle pratique, les gestes sont extêmement codifiés. C’est le cou qui bouge, pas la tête; le poignet, pas le bras…  
 

« La danse classique indonésienne revisitée par une chorégraphe coréenne, à partir de la musique du compositeur hongrois György Ligeti. Cette création chorégraphique de la danseuse coréenne Sen Hea Ha, inspirée par l’Etude N°14 de Ligeti est une véritable cérémonie du geste. Un geste qui se meut dans l’espace grâce à la lenteur aristocratique et le raffinement de la danse classique javanaise. Sen Hea Ha et la compagnie Taman Budaya Surakarta Dance Theatre explorent les possibilités infinies de dialogue entre les mouvements classiques de la danse javanaise et la musique contemporaine européenne, la fluidité des corps côtoie les notes cristallines du piano. Elles nous invitent aussi à une réflexion sur le temps et la notion d’éternité… » ©Musée Branly

Un cd qui contient la musique de son spectacle "Infinita".

« L’objet… » Le disque de Ligeti comprenant notamment le morceau « white on white ». « Il m’a dit: pourras-tu faire un jour une danse avec cette musique? »

À l’époque, au milieu des années 80, l’engouement pour le Hip-hop est venue d’une émission de TF1 animée par Sidney. Par ailleurs, « la ville nouvelle » avait cette capacité de mettre des transformations en route, de créer des liens entre les habitants. Pour Christine qui y a vu une danse-plaisir et moi, ça a été l’occasion -nous avons retenu 40 jeunes sur 600 candidats- de fabriquer une esthétique, de raconter une histoire, une mémoire d’avenir. On l’a fait!

Jean Djemad. DMDM, 2008

Christine Coudun et Jean Djemad

Avant ce spectacle, je travaillais sur le ralenti, peu sur le Hip-hop… Depuis 5, 6 ans, je travaille avec des breakers, des gens qui tournent au sol. Ce qui change, ce sont les danseurs, leur perception de la chorégraphie… et comment je m’amuse à la retravailler avec ces danseurs complètement différents!

Christine Coudun. DMDM, 2008.

L’historienne et chorégraphe et le médecin fondateurs de la compagnie Black Blanc Beur, pour leur dernière création « T’es trois », présentée au Palais de Chaillot dans le cadre du Festival de Hip Hop Européen. 

« Black Blanc Beur. Le nom de cette compagnie française pionnière de la danse hip hop reste non seulement une merveilleuse trouvaille mais un label extra de mixité artistique et sociale. C’était en 1984. Jean Djemad, médecin, et Christine Coudun, historienne formée à la danse contemporaine, décidaient d’officialiser leurs actions artistiques avec des jeunes du 95 et créaient la compagnie dans un parking souterrain. Le premier spectacle prend la forme d’un concours de danse sur la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines. Onze communes, 600 jeunes de 16 à 21 ans, 39 sont retenus pour la pièce au titre à rebrousse-poil, J’en ai tout à foutre. Depuis, toutes les licences poétiques et politiques ont fait de Black Blanc Beur, alias B3, une formule magique. Depuis, la troupe a poursuivi le travail avec obstination, inspiration et courage, maintenant un taux de création et de partage sans comparaison. »
©Rosita Boisseau, enScènes.
Une balle.

« L’objet…  » de Jean Djemad… « parce que c’est rond et que je préfére cette forme au carré. Ceux-là jouent les uns avec les autres… C’est une planète, le cercle des danseurs, la circulation constante, un souffle! »

 
MUSIQUE:

Franco Battiato

« Stagione Dell’amore » et « Come away death ».

 DMDM, L’Émission… 

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