Nina Bouraoui, Arthur H, Charles Juliet, Philippe Quesne #376

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Quand deux auteurs placent la peur au départ de leur pulsion créative et de l’acte littéraire qui sauve; quand le chanteur voit surgir la pensée, au delà des concepts et des mots, dans le mouvement du pianiste ou le geste du sportif; quand l’auteur et metteur en scène écrit d’abord pour celle et ceux qu’il va faire jouer.
Métis, radical, réjouissant: c’est des mots de minuit!

Des mots de minuit:
Émission N°376 du 24 Mars 2010


Avec

 

L’écrivaine Nina Bouraoui
L’écrivain Charles Juliet
Le chanteur compositeur Arthur H
L’auteur et metteur en scène Philippe Quesne
 
Musique avec Arthur H, il interprète Le baiser de la lune et Luna park
 



MANIÈRES DE VOIR :

Nina Bouraoui, écrivaine présente son dernier roman Nos baisers sont des adieux (« Parce que je sais que l’on désire comme l’on a été désiré, j’ai dressé la liste des hommes, des femmes, des images, des sensations, des oeuvres d’art qui ont construit la personne que je suis. C’est un livre de portraits, traversant les années (de 1972 à 2009). Traversant les villes (Alger, Paris, Berlin, Zurich, Abu Dhabi…). Portraits reliés les uns aux autres par la recherche sans fin de l’amour ». N.B.
© Stock)

 La peur a longtemps gouverné ma vie, étrangement, bizarrement, malheureusement parfois. Heureusement parfois aussi parce que je pense que le seul bouclier à la peur, c’est finalement l’écriture pour moi dans tous les cas.

Nina Bouraoui. Des mots de minuit, 2010

Charles Juliet écrivain, poète présente le dernier tome publié de son journal, Lumières d’automne Journal VI 1993-1996.
(« Charles Juliet est né en 1934 à Jujurieux (Ain). À trois mois, il est placé dans une famille de paysans suisses qu’il ne quittera plus. À douze ans, il entre dans une école militaire dont il ressortira à vingt, pour être admis à l’École de Santé Militaire de Lyon. Trois ans plus tard, il abandonne ses études pour se consacrer à l’écriture. Il vit à Lyon. »
Il a reçu le Grand Prix des lectrices de Elle pour L’Année de l’éveil en 1989, le Prix Goncourt de la poésie pour Moisson en 2013 et le Grand Prix de l’Académie Française pour l’ensemble de son oeuvre en 2017. »
© POL)

 

C’est vrai que la peur était très présente au cours de mon enfance. Sans doute venait elle de ce qui s’ était passé très tôt dans mon existence. Donc, elle m’a longtemps accompagné. La peur du noir bien sûr, la peur des adultes, la peur de la vie. Et puis progressivement, je suis arrivé à la surmonter et à l’éliminer.

Charles Juliet. Des mots de minuit, 2010.

Arthur H présente son dernier album, Mystic rumba.
« Il y a quelque chose qui se cache,

Quelque chose qui ne reste
Jamais à sa place
C’est ça, rien ne tient.
Quelle est cette musique,
Quels en sont les pas de danse?
Quelle est cette musique?

Quelle forme, quelle couleur? … »

C’est beau de voir les mains de Monk. Dans une présence physique intense, il y a beaucoup de connaissance. On le voit dans ces images de Thelonius Monk ou de Tom Waits. Monk ne parlait presque pas. Il faisait des bruits bizarres. Il était vraiment très très perché et pourtant quand il joue, par sa présence, c’est un grand penseur. Pour moi, même Mohamed Ali, dans le geste de la boxe, c’est le top de la pensée en mouvement. C’est tellement fort qu’il n’y a plus besoin de concepts et de mots. C’est au delà de ça. Je pense que des gens qui savent autant s’impliquer émotionnellement ont une immense connaissance intuitive de la vie.

Arthur H. Des mots de minuit, 2010.

Arthur H. Des mots de minuit, 2010.
– Philippe Quesne, auteur et metteur en scène, La mélancolie des dragons au Théâtre du Rond Point.
(« En 2018, Nanterre-Amandiers célèbre l’anniversaire des dix ans de L’Effet de Serge (2007) et de La Mélancolie des dragons (2008), deux spectacles pensés en diptyque, qui ont tracé les lignes de force de la compagnie. Que ce soit dans l’appartement de Serge ou dans le paysage féérique et enneigé de La Mélancolie des dragons, Philippe Quesne aborde la question de l’art à travers ce qui semble le plus dérisoire: les pratiques amateurs de doux rêveurs qui échafaudent des mondes à partir de rien… » © Nanterre-Amandiers) 

Mon écriture dépend beaucoup des personnes avec lesquelles j’ai eu envie de travailler. Des situations s’inventent en rapport avec leur personnalité. Pour cette pièce, « La mélancolie des dragons », j’ai mis du temps à trouver le motif et le levier dramatique. Et puis, j’ai trouvé le personnage d’Isabelle après m’être rendu compte qu’il n’y avait qu’une femme dans notre groupe. Est venue l’idée de l’isoler et d’en faire une sorte de spectatrice idéale qui assiste à la démonstratioin de ces personnages, de ces artistes qui l’entourent.

Philippe Quesne. Des mots de minuit, 2010

 

 

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