Jacques Aubergy, éditeur de passion latino: La série documentaire « Des mots de minuit »
Avoir comme conseiller Pablo Ignacio II, c’est gage d’exigence et d’engagement. Se former au droit, « faire » cadre dans la restauration collective, s’essayer à la traduction et devenir par rupture éditeur d’une littérature latino américaine qui explore le continent, c’est marque d’un désir accompli. Ainsi est née « L’atinoir », néologisme, maison d’édition, librairie et belle adresse marseillaise
« Les anges jouent des maracas est le premier texte que Paco Ignacio Taibo II m’a recommandé. Très vite, Jean-Pierre Sicre, fondateur et directeur de Phébus décidait de le publier. Injustement écarté de la vie littéraire française à laquelle il avait tant apporté, il n’aura pas le temps de le publier.
Un peu plus tard je décidai de créer L’atinoir. Une décision fortement influencée par deux autres écrivains et amis, Juan Hernández Luna et Sébastien Rutés, sans lesquels l’aventure n’aurait jamais commencé. Et Paco accepta d’en être le conseiller littéraire à la condition résolument libertaire d’être « assesseur mais jamais dictateur ».
Une des caractéristiques de cette action éditoriale tournée pour l’essentiel vers la littérature d’Amérique latine, est de présenter chaque livre avec une préface. Hors de tout éloge enthousiaste ou jugement catégorique pour inciter à l’achat, il s’agit de proposer une rencontre avec l’écrivain, d’annoncer l’argument, de suggérer l’intrigue, de situer le contexte historique, politique ou social, d’évoquer le style et de préciser l’intention de l’auteur pour que le lecteur puisse faire librement son choix en toute connaissance de cause.
L’atinoir n’a pas de « ligne éditoriale ». Dans les deux collections, L’atinoir pour la fiction et L’atineur pour l’essai, la richesse du texte, la pertinence et l’originalité du sujet sont les éléments principaux pour faire passer l’œuvre de l’auteur au lecteur. Et si des textes d’autres continents ont toutes ces valeurs réunies, ils seront accueillis.
Enfin, il faut dire qu’un atinoir n’existe pas. Créature née du hasard et d’une hybridation comme certains livres qu’il abrite, ce mot n’a pas été formé, malgré les apparences, à partir des substantifs latin et noir. Le verbe castillan « atinar » qui signifie quelque chose comme « viser juste » aurait pu apparaître inconsciemment dans l’une des nombreuses réflexions pour initier une première démarche littéraire : inventer un mot. Mais tout ceci pourrait n’être aussi que simple coïncidence, ce qui est toujours plausible lorsque l’on s’en remet à la pure invention de l’esprit et à l’inaliénable liberté de toute condition humaine. »
L’atinoir sur Facebook et Twitter
Jacques Aubergy, traducteur de l’écrivain salvadorien pour desmotsdeminuit.fr
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