Grégoire Korganow 📷: inacceptable détention

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Pendant trois ans, Grégoire Korganow a sillonné le paysage pénitentiaire français. Avec son appareil photo. 20 prisons longuement explorées, 100 photos exposées à la Maison Européenne de la Photographie et un livre. Impressionnant.

Grégoire Korganow a roulé sa bosse de photographe un peu partout depuis 25 ans. De Libération à National Geographic, ses images circulent. Son parti, « les opprimés, les invisibles« , à Moscou, à Tokyo, à Paris, mais ailleurs. « Plus c’est difficile de photographier, plus ça m’intéresse« , dit-il en confiant son attirance d’artiste pour l’adversité. Son intention: « faire des images qui sont documentaires mais qui ne cèdent rien à la facilité« . Il précise: « S’il y a beauté de l’image, elle prend par surprise, je veux d’abord essayer de faire de bonnes images« .
Il travaille sur la partie photographique des films que la réalisatrice Stéphane Mercurio consacre aux prisons: « A côté » et « A l’ombre de la République« . Il est remarqué par Jean-Marie Delarue, alors Contrôleur général des lieux de privation de liberté, donc des prisons, qui lui donne le statut de contrôleur. Dès lors, Korganow peut entrer dans toutes les prisons, il peut en visiter tous les coins et recoins et les photographier: cellules, douches, parloirs, cours de promenades (ces zones de non-droit, les surveillants y sont absents), quartiers disciplinaires et d’isolement.
Ses images ne jugent pas, elle montrent cet univers qui parce qu’il est invisible suscite les fantasmes. Si elles sont parfaitement cadrées, elles sont brutes, pas d’effet, pas de mise en scène, pas de pathos ajouté, pas la peine. Le spectateur peut se les approprier, y deviner l’enfermement, l’attente, l’arbitraire, la dangerosité des codes et règles de vie et l’inacceptable de la privation de liberté, quel que soit le bien fondé de la décision de justice qui a jeté ces damnés derrière la lumière.

Grégoire Korganow – « Prisons« , 100 photos à la Maison Européenne de la Photographie – jusqu’au 5 avril 2015
« Prisons » – éditions Neus – 432 pages

Toutes les photos parlées.

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