Sarah Doraghi en son tempo franco-iranien: « Je change de file »!

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Elle virevolte et fait avec son histoire: celle de sa famille; celle de son pays et de ses soubresauts. Chez elle, il est dit qu’elle a toujours des fleurs, ce que voudrait une tradition iranienne. De chez elle et de coin, elle voit la Tour Eiffel, un ancrage de son regard d’exilée et de son installation parisienne. Elle gratte des papiers vagabonds à la télé mais son humour l’a mise sur scène

 

La traduction en persan du mot « copinage » est l’entame de ce mot à mot, quoique les soutiers du petit matin et ceux de la nuit de France 2 n’ont pas vocation obligatoire à se connaître. Qui plus est, Sarah Doraghi rapporte de province l’actualité culturelle. À l’une la vadrouille, aux autres, le cul sur un plateau.
La découverte amusée se fera donc au hasard de l’été avignonnais où se produit l’Iranienne « d’origine » qui reprend son spectacle et change de file. Une facilité aéroportuaire quand avoir un passeport de l’Union Européenne permet d’éviter la longue queue du commun de celles et ceux qui veulent fouler le sol, en la circonstance tricolore.
Chez moi… "J'ai aussi un tableau qui m'a été offert par un artiste iranien : des ouvriers sur une structure métallique, au bord de la route qui mène Téhéran, on voit les ombres de ces trois hommes et on a l'impression qu'ils sont en cage tandis qu'au-dessus d'eux, volent des oiseaux…" Sarah Doraghi Côté Maison, novembre 2016)    
Son « seule en scène » dure une heure. Il est joyeux et double, porté par le regard aigu de celles et ceux dont l’inné et l’acquis se nourissent et s’enrichissent de grands écarts culturels et de bêtise universelle. Elle sait voir et vite là où ça titille. À la causticité, elle préfère une bienveillance moqueuse. Avec trente ans de recul, elle raconte le parcours d’une gamine de dix ans que ses parents mettent à l’abri en 1983 de la guerre Iran-Irak chez de proches parents déjà partis. Suivront le métier de journaliste; en 2009, le passeport qui rend plus à l’aise et ressortissante de l’UE; des cours de théâtre et une envie pérenne d’amuser la galerie que va repérer et apparemment « forcer » l’actrice, réalisatrice et metteuse en scène Isabelle Nanty…          
C’est en regardant tout de la télé qu’elle va d’abord apprendre un français de formules et d’expressions qui fleurent bon le poncif et qui font aujourd’hui, dans ce spectacle, rire et sourire ensemble. Parfois jaune, quand, dans le cliché ou le préjugé niche à bas bruit le racisme ordinaire… Mais dans le regard et la distance de Doraghi, toujours une judicieuse et bienvenue dose de générosité.                

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