« La Vallée des loups » de Jean-Michel Bertrand: le film d’un documentariste accro

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Il connaît Belfast ou Oulan Bator, l’Irlande et la Mongolie. Il a fait ailleurs et pendant des années son travail de documentariste. Avant que la mondialisation du même l’abîme, il décide de revenir à Saint-Bonnet-en-Champsaur, son village natal entre Gap et le Parc national des Écrins. À 50 ans, un fort besoin d’existentiel dont les passeurs auront été un aigle, et aujourd’hui la famille loups.

Bon pied, bon oeil, ce Saint-Bonnetier d’origine -jeune, il a été moniteur de ski ou « planteur d’arbres » pour l’Office National des Forêts- va d’abord passer des heures à scruter dans ses Hautes-Alpes le ciel à la recherche de l’oiseau dont le vol et la royauté ont bâti de solides mythes. Aux films de commande va succéder un documentaire plus hésitant et personnel qui vise à dire l’oiseau et l’homme. Le bourlingueur trouve à deux pas de son jardin un chemin de soi. Dans « Vertige d’une rencontre »l’aigle est bien ce cabot royal et prédateur qui le fait tant fantasmer.

 

Après les décalages horaires et le monde en boucles, le temps de la patience. Filmer le rapace, attendre aujourd’hui les loups -autant de rêves d’enfance devenus passions d’adulte- demandent du mollet, de l’énergie, une bonne aptitude au bivouac, à la sublimation de l’ennui, à la prise de notes dans un carnet de grand-père ou l’habitude d’avoir froid aux pieds… et des heures, des mois, trois années pour qu’enfin les loups paraissent.
Ils se sont habitués à celui qui s’est fondu dans la nature, y a laissé ses odeurs -même celle de la clope- et y a pissé partout pour mieux marquer son territoire et faire accepter le calibre de son objectif. Voilà donc un film qui dit cet anti-héros emmitouflé ou suant, planqué sous ses toiles kakies, qu’il vente ou qu’il neige, finalement recompensé par les va-et-vient à deux pas d’une famille loup. L’animal a été traqué pour mauvaise réputation et est revenu naturellement d’Italie il y a quelques décennies. Ils se regardent, gardent leur distance. Le chasseur d’image et de communion naturelle ne cherchera pas la tannière -question de respect- et finira par les laisser dans leur coin, à l’abri des fusils.

 

Le cinéaste en quête sait la difficulté d’un film (sortie le 4 janvier 2017) qui valorise un prédateur à pattes dans une région où le loup attaque les brebis. Qu’il en soit originaire met son hymne à la diversité naturelle à l’abri de trop de polémiques.
Il a accepté ce mot à mot à l’occasion du 25ème Festival du film de Sarlat où il reçoit le prix du jury jeunes Sony Playstation  

 

Le film -annonce:

 

 

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