Le burkinabé et quinquagénaire Sania Salou, en quête identitaire délaisse la grande forme à Avignon. Il choisit le duo et l’intime dans « Multiple-s ». Une pièce qui réunit tour à tour la chorégraphe Germaine Acogny, l’écrivaine Nancy Huston et le musicien Babx.
Paul Nizan disait: « J’avais 20 ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie … » Salia Sanou en a 30 ans de plus et le chorégraphe quinquagénaire a donc décidé de questionner son identité. Il le fait de manière pluridisciplinaire en invitant à le rejoindre sur son plateau tournant « Maman Germaine », une romancière qui l’avait déjà inspiré et qu’il fait monter sur scène et un musicien avec lequel il a quelques affinités, entre autres l’antillais Aimé Césaire et le québécois Gaston Miron. De ces conversations successives il veut faire un universel. C’est à tout le moins un « work in progress » puisqu’il aimerait offrir dans les mois qui viennent son plateau au judoka Teddy Riner et à l’écrivain Gaël Faye.
Au sortir de ce Mot à mot avignonnais, je garde en tête un sourire et l’idée que cet homme-là est un tendre.

Avec Germaine Acogny…
« « Qui es-tu, toi, Salia Sanou ? Qui es-tu, toi, le danseur, le déraciné ? Qui es-tu ? »
Avec Multiple-s, Salia Sanou a cherché sa voix intérieure, s’est mis au pied de ses questions trop longtemps évitées. Chercher donc, répondre aussi et surtout partager. Jamais seul, dira-t-il, mais au contraire dans le dialogue avec des figures chères. En trois duos successifs, à la rencontre de l’écrivaine Nancy Huston, de la danseuse et pédagogue Germaine Acogny et du musicien David Babin alias Babx, l’artiste burkinabé crée plus que des face-à-face. Une alliance, un alliage entre les danses et les paroles, les engagements des corps et les rythmes intérieurs. Par sa scénographie à la fois simple et généreuse, Multiple-s est un plateau tournant à l’image du cycle de la vie et évite toute démonstration. Ces dialogues rayonnent d’altérité et nous font voir comme entendre la puissance des quêtes personnelles et des sincérités partagées. Une alliance présentée pour la première fois dans son intégralité…«
© Festival Avignon

Avec Nancy Huston
Salia Sanou est né au Burkina Faso. En France, son parcours de chorégraphe passe notamment par Montpellier et la compagnie de Mathilde Monnier, par Saint-Brieuc ou Pantin. En 2011, il a créé « Mouvements perpétuels », sa compagnie. Il a notamment signé Clameur des arènes et Du désir d’horizons.
Depuis 2006, il dirige, avec Seydou Boro le Centre de développement chorégraphique de Ouagadougou « La Termitière ».
« Si la termitière vit, c’est qu’elle ajoute de la terre à la Terre ».


Mot à mot
Réalisation: Quentin Herlemont
Rédaction en chef : Rémy Roche
Coordination : Marie-Odile Regnier
Entretien : Philippe Lefait
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