« La maladroite » d’Alexandre Seurat: Tous coupables
Un premier roman qui s’inspire d’un fait divers pour mieux le transcender donnant ainsi une dimension universelle à son sujet.
C’est une histoire qui débute mal. Celle d’une enfant non désirée qui naît sous X. Diana. « Un nom de princesse -mais de princesse brûlée vive« . Comme si sa mère avait toujours su ce qu’il adviendrait de cette enfant qu’elle a d’abord pensé abandonner avant de se raviser. C’est aussi l’histoire d’une mort annoncée dès l’incipit du livre: « Quand j’ai vu l’avis de recherche, j’ai su qu’il était trop tard« . Inspiré par un fait divers, le premier roman d’Alexandre Seurat se lit d’une traite, le souffle court. Convoquant tous ceux qui ont croisé l’enfant avant sa disparition à l’âge de huit ans, le romancier compose un livre choral sur la maltraitance qui s’attache aux faits et s’abstient de juger. Quoi que…
De l’institutrice qui en perdra le sommeil, au médecin scolaire qui campe résolument dans le déni, en passant par l’assistante sociale ou le médecin légiste, tous viendront témoigner à la barre imaginaire de qui ce pourrait être le procès d’une société toute entière. La grand mère est sans doute la première qui aurait dû s’alarmer et par conséquent réagir: « Je me suis rappelé qu’une fois Diana me l’avait dit (…) Maman hier elle m’a tapée« . Ou bien la sœur qui a été témoin d’une scène ne pouvant guère laisser de doute. Ou encore l’infirmière qui ne pouvait pas ne pas avoir vu les différentes marques sur le corps de la fillette. Ou l’institutrice qui consignera dans son carnet les différents stigmates maculant le corps de l’enfant: « 6 décembre une trace au cou, un centimètre(…) 9 décembre, un gros bleu à la cuisse, un centimètre et demi de diamètre…« . Pourtant personne ne parlera. La suspicion de maltraitance aura beau planer, la version donnée par les parents finira par triompher. Diana est une enfant « maladroite« , « qui se fait mal tout le temps » et souffre d’un problème immunitaire. Faute d’éléments suffisants l’affaire sera classée par le Parquet.
Roman coup de poing, la force de ce récit tient autant à son style qu’au dispositif narratif choisi. En restituant de manière quasi clinique les témoignages de ceux qui ont croisé la fillette, le romancier évacue tout pathos et pose en creux la question de la responsabilité d’une société qui ne se met en branle que lorsqu’il est trop tard. Personne n’est coupable, chacun est responsable. Jusqu’à cette jeune femme gendarme qui, après avoir recueilli le témoignage de la fillette attestant qu’aucun mal ne lui a été fait, préfèrera changer de métier. Le lecteur ressort sonné de ce roman où la véritable violence réside dans les non-dits mais plus encore dans le silence bouleversant d’une enfant jusqu’au bout solidaire de ses bourreaux. Un roman qui en peu de mots excelle à dire l’indicible.
De l’institutrice qui en perdra le sommeil, au médecin scolaire qui campe résolument dans le déni, en passant par l’assistante sociale ou le médecin légiste, tous viendront témoigner à la barre imaginaire de qui ce pourrait être le procès d’une société toute entière. La grand mère est sans doute la première qui aurait dû s’alarmer et par conséquent réagir: « Je me suis rappelé qu’une fois Diana me l’avait dit (…) Maman hier elle m’a tapée« . Ou bien la sœur qui a été témoin d’une scène ne pouvant guère laisser de doute. Ou encore l’infirmière qui ne pouvait pas ne pas avoir vu les différentes marques sur le corps de la fillette. Ou l’institutrice qui consignera dans son carnet les différents stigmates maculant le corps de l’enfant: « 6 décembre une trace au cou, un centimètre(…) 9 décembre, un gros bleu à la cuisse, un centimètre et demi de diamètre…« . Pourtant personne ne parlera. La suspicion de maltraitance aura beau planer, la version donnée par les parents finira par triompher. Diana est une enfant « maladroite« , « qui se fait mal tout le temps » et souffre d’un problème immunitaire. Faute d’éléments suffisants l’affaire sera classée par le Parquet.
Roman coup de poing, la force de ce récit tient autant à son style qu’au dispositif narratif choisi. En restituant de manière quasi clinique les témoignages de ceux qui ont croisé la fillette, le romancier évacue tout pathos et pose en creux la question de la responsabilité d’une société qui ne se met en branle que lorsqu’il est trop tard. Personne n’est coupable, chacun est responsable. Jusqu’à cette jeune femme gendarme qui, après avoir recueilli le témoignage de la fillette attestant qu’aucun mal ne lui a été fait, préfèrera changer de métier. Le lecteur ressort sonné de ce roman où la véritable violence réside dans les non-dits mais plus encore dans le silence bouleversant d’une enfant jusqu’au bout solidaire de ses bourreaux. Un roman qui en peu de mots excelle à dire l’indicible.
La Maladroite – Alexandre Seurat – Ed. Le Rouergue – 124 pages
Les lectures d’Alexandra
La critique Littéraire desmotsdeminuit.fr
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