« Dictionnaire amoureux du théâtre » de Christophe Barbier: l’amour fou

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Mille cent cinquante six pages, deux mille cinq cent ans d’Histoire, « Le dictionnaire amoureux du Théâtre » de Christophe Barbier convie son lecteur à un fabuleux voyage au pays de Molière. Mieux. Il lui prend la main et le fait monter sur scène afin que du théâtre il n’ignore plus rien.

On connaît le journaliste politique, on connaît moins l’acteur. 

Christophe Barbier brûle pourtant les planches depuis près de vingt ans avec « l’Archicube« , troupe qui réunit les anciens de la rue d’Ulm, pour laquelle il a mis en scène une soixantaine de pièce. Il joue, assure la scénographie et, à ses heures perdues, construit les décors. Quand il n’est pas sur scène, il est dans une autre salle. Ailleurs. A moins qu’il n’écrive une nouvelle pièce. Il en compte trois à son actif dont « Une histoire de la Comédie-Française« . D’où cette confession troublante: « Acteur, auteur, critique: le destin m’offre d’occuper tous ces emplois. Si le théâtre n’est pas mon métier, il est ma vie ». Qui d’autre que lui pouvait s’atteler à ce Dictionnaire amoureux consacré au théâtre?

 

Des trois « coups » qui précèdent le lever de rideau, au « dénouement » en passant par sa « loge« , afin de rajuster son « costume » ou de vérifier ses « accessoires« : Tout y est du quotidien du comédien. Y compris le « trou de mémoire », « bête noire à huit pattes que les acteurs préfèrent généralement oublier« , mais que l’auteur de ce dictionnaire n’oublie pas lui et qu’il raconte avec trop de justesse pour ne pas en avoir été la victime. On parle bien de ce que l’on connaît bien. C’est sans doute l’une des grandes qualités de ce dictionnaire époustouflant d’éclectisme et d’érudition, qui de A comme « Absence » à Z comme « Zweig Stephan« , enjambe les siècles, jongle avec les pièces les plus célèbres du répertoire, fait se côtoyer les plus grands, sans jamais se soucier de la dichotomie « Privé-public« . On y croise Sarah Bernhardt et Francis Huster. Giorgio Strehler et Nicolas Briançon. William Shakespeare et Florian Zeller. La Comédie-Française et le théâtre de la Michodière. Le tout  ponctué d’anecdotes fameuses et de superstitions sans lesquelles le théâtre ne serait pas du théâtre. On s’instruit, on rit, on est ému.
 
Bien sûr d’aucuns pourront regretter l’absence de certains. Ainsi Dominique Constanza, doyenne de la Comédie-Française qui nous a quitté il y a peu. Telle est la loi du genre dont Christophe Barbier repousse pourtant les limites avec maestria. Son amour du théâtre, et la connaissance intime qu’il en a, donnent toute sa chair et son souffle à ce dictionnaire qui restitue à merveille l' »incandescente vérité du jeu » et fait toucher du doigt au lecteur ébloui l’ivresse à nulle autre pareille que procure la scène.

Dictionnaire amoureux du ThéâtrePlon – 1184 pages

Amoureux? C’est trop peu!
Acteur, auteur, critique: le destin m’offre d’occuper tous ces emplois, de chaque côté du rideau, en coulisse et sur la scène. Si le théâtre n’est pas mon métier, il est ma vie.

Christophe Barbier

Les lectures d’Alexandra
La critique Littéraire desmotsdeminuit.fr

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