« 4 décembre » de Nathalie Rykiel. Femme de mode et de mots

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« 4 décembre », titre du dernier récit de Nathalie Rykiel, est aussi la date de son anniversaire. Soixante ans, l’occasion pour elle d’un livre bilan dans lequel elle raconte sans complaisance ni fausse pudeur ses nombreux combats.

« Soixante ans, j’ai soixante ans. Dans un an. Je vais fêter mes cinquante neuf ans demain, sans émotion particulière » ainsi s’ouvre le dernier livre de Nathalie Rykiel, court récit où la femme de mode se livre sans fard, affrontant ce que d’autres préfèrent cacher. Lucide. Courageuse. Joueuse. N’aimant rien tant que brouiller les pistes. « On ne dit pas j’ai soixante ans. Après c’est foutu pour mentir. Mais qui dit que je ne mens pas maintenant? Qui dira que ce que je raconte est vrai, que je n’invente pas, que je n’enjolive pas, que je ne noircis pas? » telle est en effet la liberté de l’écrivain qui transforme à loisir, déplace, enjolive. Nathalie Rykiel, aujourd’hui vice-présidente de la marque Sonia Rykiel, excelle en la matière et n’en fait pas mystère: « Quand ça lui chante elle brode un peu, ajoute un ruban, quelques finitions, de la dentelle. Elle aime que ce soit joli« . Normal, c’est son premier métier.

 

Quand on lui demande de se définir Nathalie Rykiel écrit « femme de mode qui aime écrire depuis toujours et lire tout le temps« . Sa boutique boulevard Saint Germain où les livres sont en passe de surpasser les vêtements en est la preuve. Passant avec grâce du Je au Elle, celle qui fut longtemps dans l’ombre de sa mère, raconte ses combats avec une sensibilité à fleur de peau. Sa jalousie non exprimée pour son frère handicapé, sa relation complexe avec sa mère Sonia Rykiel, ses migraines, sa dépression. Chaque fois Nathalie Rykiel fait face. Seul « le P.de P. », « le putain de parkinson » dont souffre sa mère semble l’anéantir et lui inspire les pages les plus bouleversantes de ce livre. A propos de celle qui fut la reine de la mode elle écrit « Elle n’est qu’une plainte. Rien ne lui convient de cette vie qu’elle a maintenant. De son lit à son fauteuil, de son fauteuil à sa table, de la table au fauteuil et ainsi de suite(…) Pour lui faire plaisir, il n’y a plus rien. Même une tablette de chocolat bien noir aux noisettes, un bouquet de roses, des chaussons imprimés panthère, rien ne lui arrache un sourire »
Heureusement il y a l’amour qui éclaire ce livre. Et l’écriture aussi qui permet de survivre. « C’est la seule chose qui compte dorénavant, c’est ce qui me tient debout, écrire« confie  Nathalie Rykiel dans les dernières pages de « 4 décembre« . Quand on lui demande ce qu’il faut écrire sous son nom sur le formulaire, elle hésite puis répond : « si c’est vraiment nécessaire, écrivez: femme de mode. Je suis née dedans, j’y ai vécu tant d’années, j’en ai bien retiré quelque chose, un petit savoir« . Il faudra désormais rajouter: Femme de lettres. 

4 décembre – Nathalie Rykiel – Plon, 200 pages

Les lectures d’Alexandra

La critique Littéraire desmotsdeminuit.fr



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