Naïf et poignant, le premier roman du franco-rwandais raconte une enfance rattrapée par le génocide rwandais.

Si Gaël Faye se défend d’avoir écrit un roman autobiographique, force est de constater que son personnage lui ressemble fortement. Tous deux ont en commun un père français et une mère rwandaise. Une enfance aisée au Burundi. Et une nostalgie certaine pour ce temps béni où le plus grand plaisir consistait à voler des mangues et à fabriquer des bateaux avec des troncs de bananiers. Un jour Gaby apprend que son oncle est mort au front et découvre cette drôle de guerre opposant Hutus et Tutsis à laquelle même son père ne comprenait rien. « L’année de mes huit ans, la guerre avait éclaté au Rwanda. C’était au tout début de mon CE2« . Le ton est donné: naïf, touchant qui explique le succès de ce premier roman.
 

 

Avant, avant tout ça, avant ce que je vais raconter et tout le reste, c’était le bonheur, la vie sans se l’expliquer (…) si l’on me demandait « comment ça va? » je répondais toujours « ça va ». Du tac au tac. Le bonheur ça t’évite de réfléchir.

 Après le début de la guerre Gabriel et ses amis ne répondaient plus que par « ça va un peu ». Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement après tout ce qui nous était arrivé« .

Le récit de Gaël Faye s’inscrit entre cet avant et cet après mêlant la voix de l’enfant à celle de l’adulte qu’il est devenu en un va-et-vient constant qui fait le charme de ce roman. D’un côté la guerre qui gronde. De l’autre un petit garçon avec des préoccupations de son âge. Savoir si ses parents vont à nouveau vivre ensemble mais plus encore s’il pourra lui aussi s’acheter « les chaussures avec la petite virgule dessus« . Jusqu’au jour où sa mère retournera au Rwanda et découvrira l’ampleur du drame: « Le génocide est une marée noire, ceux qui ne se s’y sont pas noyés sont mazoutés à vie ». « Petit Pays » signe la fin de l’insouciance et la nostalgie qui l’accompagne. Un premier roman poignant qui conte la guerre à hauteur d’enfant.
 

« Petit pays » – Gaël Faye – Grasset – 224 pages
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Le livre a été récompensé par le Prix Fnac, le Prix du premier roman et le Goncourt des lycéens.

 

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