Stéphanie Maubé et Éric Vuillard: la bergère de prés salés et le romancier #578

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Pour la néo-rurale, il y a le choix d’un chemin de traverse et une passion qui font tourner le dos à la capitale et allonge infiniment les journées. Pour l’écrivain, il s’agit de considérer l’Histoire comme l’essence de la fiction et de recadrer gravures et photos pour y chercher ce que n’ont pas colligé les livres de l’école. La littérature, une arme pour refaire le monde! Musique: Lou Doillon.

Des mots de minuit, L’Émission 
#578 du 7 mars 2019

 
avec
– La bergère et feuilletoniste Des mots de minuit  Stéphanie Maubé  
– Le romancier et prix Goncourt  Éric Vuillard

 

Leurs mots de minuit sont « libre-arbitre » et « livre » …

Et Lou Douillon pour la musique (dernier album: Soliloquy)

Conversation :

– Laisser derrière soi une envie de cinéma, un savoir graphique et la ville; Abandonner Paris et son métro, et son train train, pour changer de vie. Stéphanie Maubé, la trentaine venue, via un lycée agricole, s’est delocalisée. Direction, la Normandie, le Cotentin, les prés salés et leur troupeau collectif. Résolument femme, mère célibataire et éleveuse de moutons Avranchin et produits dérivés si affinité: infusion ou bonnets de laine. Le plus dur est à venir: les querelles de voisinnage – elle, c’est l’étrangère, la néo-rurale -; les pesanteurs administratives ou syndicales; le manque de temps…; la taille critique d’un cheptel ovin qui fait des fins de mois à trois francs six sous. Mais Stéphanie porte un béret. Son énergie est un étendard comme son respect de la nature est indiscutable, quitte à imposer « Mandela », son bélier noir à la culture locale et réactionnaire.
Stéphanie Maubé est l’une des feuilletonistes de ce magazine: Une bergère contre vents et marées.
© Des mots de minuit
– Ne dites pas qu’il se laisse aller à l’Histoire, nous le croyons grand romancier. Éric Vuillard serait ce professeur dont on se souvient. La littérature est sa pédagogie: souvent des livres aussi courts qu’efficaces avec Goncourt à la clef et autant de regards sur le fait colonial ou les gens de peu qui prirent la Bastille; les simagrées de Buffalo Bill dans son grand show circassien; les révoltes anglaises ou allemandes d’autres siècles; la lâcheté glaçante des industriels qui firent Hitler et font  encore aujourd’hui notre quotidien.
« Les 24 lézards se lèvent sur leur pattes arrière et se tiennent bien droit. » La ciselure est remarquable chez cet auteur qui raconte pour donner accès à l’angle mort, au hors cadre, au non-dit de la photo. Les histoires ont ceci d’intéressant chez Vuillard, c’est qu’elles disent la permanence d’une misère humaine, idéologique et sociétale toujours résistible. 
Une crotte de mouton en son écrin …  © Des mots de minuit

L’objet qui vous prolonge… Stéphanie Maubé apporte une déjection ovine symbole des cycles de la nature … 

Éric Vuillard et Stéphanie Maubé © Des mots de minuit

MUSIQUE :

Lou Doillon. Éclairé par le grand ouest américain, Soliloquy est son troisième album. Elle en interprète Burn.

Des mots de minuit #577
Réalisation: Quentin Herlemont  
Rédaction en chef: Rémy Roche
Montage: Cathy Destout et Timothée Souillac
Coordination: Marie-Odile Régnier
Direction: Philippe Lefait
© desmotsdeminuit.fr

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