La sénescence, processus physiologique de vieillissement des espèces qu’imagine Beckett dans « la dernière bande ». Un vieil homme alcoolique agrippé à son magnétophone meurt à petit feu de se souvenir. Weber est ce clown pathétique et méconnaissable. Côté documentariste combattante, Françoise Davisse qui engage plusieurs années de sa vie professionnelle auprès des salariés en lutte de PSA.
En février 2012, la CGT dévoile un plan de fermeture du site d’Aulnay. La direction de PSA va confirmer plusieurs semaines plus tard son intention. La documentariste Françoise Davisse va suivre le combat ouvrier et salarié qui s’organise et culmine dans quatre mois de grève qui vont limiter les dégâts sociaux et humains qui à ce jour restent conséquents mais ne rien empêcher des logiques financières de rentabilité. Cela dit, la « victoire » est ailleurs:
Alors que l’air du temps est à la résignation, ces salariés ont pris leur destin en main en se disant : notre boîte va fermer, au lieu de se taire, un an avant, on va organiser la lutte. C’est le scénario contraire à celui auquel on nous a habitués. Que peut-on faire dans ces cas-là ? C’est ce qui m’intéressait. J’ai découvert que c’était possible de se tenir droit, de faire face, de refuser, de défendre son emploi. Quelle que soit l’issue du conflit, on est toujours gagnant quand on lutte, car on devient quelqu’un.
Tout est dans le jeu et le respect strict des disdascalies de Beckett. Peter Stein met en scène un clown vieilli accroché à la bande son de ses souvenirs et de ses amours mortes. D’autres propositions plus « sérieuses » de ce texte ont été faites précédemment, mais le registre circassien convient parfaitement à Weber qui se dit dans cette émission littéralement subjugué par le texte et ses mises en situation. Il est pathétique. Il est remarquable.
Comme chaque année, le jour de son anniversaire, Krapp s’apprête à enregistrer les souvenirs qui ont marqué sa vie durant l’année écoulée. Réécoutant une bande enregistrée trente ans auparavant, Krapp prend conscience du fossé qui le sépare de celui qu’il était jadis et se moque de lui même en évoquant la solitude, les renoncements et un amour irrémédiablement perdu.