DMDM #336: « Il faut toujours courir derrière moi! » Sonia Rykiel

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Quand un pull est à l’origine de l’immense succès de la couturière qui met aussi la littérature dans ses vitrines; quand la romancière, née à New-York, veut écrire par tous les côtés; quand l’enseignante en mathématiques passe d’abord par le langage pour apprendre le chiffre ou la géométrie; quand les lieux de métissage migrent de l’autre côté du Pacifique en Asie; Côté musique, c’est « Cocoon »!

Des mots de minuit : émission N° 336 du 25 février 2009.
Réalisation : Guy Saguez
Rédaction en chef : Rémy Roche
Production : Thérèse Lombard et Philippe Lefait
©desmotsdeminuit.fr/France2

CONVERSATION:

Il faut toujours courir derrière moi! … Mais en même temps, quand je vois quelqu’un, derrière moi qui m’attend, qui n’arrive pas à me suivre, je vais le chercher, je l’emporte, je l’emmène et je lui explique. Je suis finalement assez douce et assez tendre. Une cheffe de meute…
J’ai une entreprise familiale qui marche et à laquelle il faut faire terriblement attention. Je ne veux pas l’argent pour l’argent. Je veux l’argent pour me servir de l’argent pour que ça avance!

Sonia Rykiel. DMDM, 2009.

Sonia Rykiel. DMDM, 2009.
Sonia Rykiel
40 ans de création et une exposition aux Arts décoratifs cette année-là. La couturière évoque sa carrière dans la mode, son goût pour les livres -tous ceux qu’elle met en vitrine ont été lus-, l’hommage professionnel qui lui a été rendu avec la complicité de sa fille Nathalie. Née en 1930, Sonia Rykiel est morte en 2016.
« L’objet qui la prolonge… » Les timbales de ses enfants, Nathalie et Jean-Philippe, né non-voyant.

Pour moi, les années 60 c’était tout en même temps. C’est tès important! Tout en même temps, c’est à dire, l’amour, la politique, le cinéma -c’est la raison pour laquelle je me suis appuyée sur À bout de souffle de Godard. Les mots, le langage et l’histoire étaient imbriqués et ce moment a été extrêmement formateur. C’est ce que je ceux faire quand j’écris, c’est à dire prendre les choses par tous les côtés. Ce que disait Cézanne de sa peinture. Moi, je voudrais écrire par tous les côtés en même temps!

Leslie Kaplan. DMDM, 2009.

Leslie Kaplan. DMDM, 2009.
Leslie Kaplan 
L’auteure de « Mon Amérique commence en Pologne » (Éditions P.O.L et  6ème volume d’une série de romans autobiographiques. Elle évoque sa double nationalité franco-américaine (née à New-York en 1943), les années 60, sa formation politique (elle fut une ouvrière par choix de 1968 à 1973), son parcours d’écrivaine

Mes parents n’étaient pas de langue française à leur naissance. Ils sont devenus enseignants de français et ils ont enseigné cette extraordianire littérature qu’ils ont découverte comme élèves avec tous les émerveillements que ça peut produire quand le français est une langue seconde. J’ai eu comme un cadeau dans mon berceau leur double émerveillement qui m’a constamment suivi…
Les mathématiques? Comme enfant, c’était horrible! C’était des prix d’achat, des prix de vente, des calculs de bénéfices. Les vraies mathématiques ont commencé au collège et là, il y a eu quelque chose qui m’a pas mal émerveillée dans la rigueur. Comme étudiante, ce fut un autre émerveillement pour la matière même et ce dont elle était faite.
Comme enseignante, je me suis aperçu que les enfants entendent littéralement autre chose que ce que l’on voudrait qu’ils entendent dans les mathématiques qui détournent la langue habituelle à leur profit. On dit qu’un triangle a trois sommets. Vous avez déjà vu une montagne qui a trois sommets!?
Si on ne pose pas à l’enfant la question de savoir ce qu’il entend, on ne le saura jamais. C’est cela qu’il faut changer à l’école primaire!

Stella Baruk. DMDM, 2009.

Stella Baruk. DMDM, 2009.
Stella Barruk
Née en 1932 en iran, la mathématicienne, enseignante dans une Zone d’Éducation Prioritaire, écrivaine est l’auteure du « Dico de mathématiques » (Seuil). Elle évoque ses parents, la notion d’erreur en mathématique, son goût marqué pour les mots, sa méthode d’enseignement alternative. 
Le dictionnaire
« l’objet… » Une « relique ». Le dictionnaire de français qu’elle étudiait quand on l’obligeait  alors qu’elle était petite à faire des siestes. C’était le seul livre que ses parents avaient laissé dans sa chambre!  

Ce mouvement à travers le Pacifique nous échappe complétement. Ici, on est dans une toute petite province. On est loin du monde. Les fronts du métissage se déplacent. On a parlé du « nouveau monde » du XVIème au XVIIIème siècles. Il est certain aujourdh’ui, avec l’effacement de l’Europe et de l’Amérique (que ce soit dans le cinéma, la création ou l’architecture par exemple) que les choses se déplacent ou reviennent au coeur du monde, c’est à dire en Asie. De la production cinématographique aux mangas, il est clair -c’est en tout cas le pari de l’exposition- que c’est là que la machine à métisser fonctionne, que c’est là où tout le reste du monde est en train d’être réabsorbé, transformé!

Serge Gruzinski. DMDM, 2009.

Serge Gruzinski. DMDM, 2009.
Serge Gruzinski
L’historien est le commissaire de l’exposition « Planète Métisse : to mix or not to mix »  (Musée du quai Branly) évoque la notion de métissage, son goût pour le Mexique et l’Amérique centrale, s’inquiète d’un métissage, celui de l’homme et de la machine. Il est l’auteur de « Quelle heure est-il là-bas? : Amérique et islam à l’orée des temps modernes » (Seuil.) 
Un vinyle 
« L’objet… » Pour sa passion du baroque, Un disque microsillon (« préhistorique ») de La chanteuse Kathleen Ferrier qu’il possède depuis les années 60 et que sa mère -morte d’un cancer- lui avait découvrir. Elle disait: « Je veux mourir comme Kathleen Ferrier! » 

MUSIQUE:

Le groupe Cocoon chante : « On my way » et « Chupee »
Cocoon. Extraits de « My friends all died in a plane crash » chez Discograph. 
 DMDM, L’Émission… 

 

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