# 517. Une origine du monde pour D. Ducret et une balafre pour K. Ben Hania
Energique est le qualificatif qui leur convient. Diane Ducret embrasse littéralement la totalité de ses sujets, qu’il s’agisse des pulsions qui structurent les femmes de dictateurs ou de ces lèvres qui ont toujours fait peur aux hommes. La cinéaste tunisienne Kaouther Ben Hania explore son pays au travers d’une violence, une balafre faite aux femmes, qui nourrit fantasmes et rumeurs…
Ce tableau peint en 1866, possédé un temps par le psychanalyste Jacques Lacan qui ritualisait son dévoilement: Voilà bien ce à quoi s’attache Diane Ducret, avec cette volonté singulière d’essayiste de vouloir tout embrasser de l’histoire et du fantasme, de la liberté et de la domination, du plaisir et de son empêchement. Ce qui trouble tant l’humain. « La chair interdite« , Albin Michel.
La volonté de de Diane Ducret de revenir de si loin et d’une assignation au handicap qu’elle a refusée comme elle le dit dans l’émission, peut expliquer la densité et la foison de de ses livres qui convoquent autant que l’histoire la sociologie et la philosophie.
Taillader le postérieur d’une femme. S’enfuir à motocyclette. Essayer d’en faire sourire comme le voudraient les dessinateurs de l’affiche du dernier film de Kaouther Ben Hania. Pourquoi pas? Mais derrière le fait divers qui agite la Tunisie dictatoriale d’avant le printemps arabe, il y a une jarre débordant de fantasmes et une légende urbaine comme dirait la modernité. Le fessier pourrait être le lieu du péché pour l’esprit étroit de l’homme en manque, une métaphore de sa frustration sexuelle et du moralisme afférent. C’est ce que dit notamment le « documenteur » de la cinéaste qui dialectise à l’infini la réalité et la fiction et invente tout en ironie des situations ou des moyens de contrôle de la virginité féminine. Plus avant Ben Hania, qui se filme enquêtant, retrouve celui qui a servi de bouc émissaire à une police soucieuse de se redorer le blason autocrate. Et Jallel finit par fabuler et revendiquer le méfait. Au jeu du véridique et du vraisemblable, chacun trouve son compte dans cette chronique amère des mentalités qui favorisent les délires et castrent le rapport amoureux.
Musique dans cette émission avec Philippe Jaroussky. « Vero con mio diletto » (Vivaldi), accompagné au clavecin par Yoko Nakamura.
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