Jacqueline Cerquiglini-Toulet et ClĂ©mence Longy, le Moyen-Ăge en ses langues, Victor Hugo et la Tudor: âLes langagiĂšres 2019â au TNP. #583
Ă lâune, le savoir des langues du Moyen-Ăge des XIVĂšme et XVĂšme siĂšcles, de leur multiplicitĂ© et de leur intrication. Ă lâautre un jeu en solitaire sur le fil du tragique et du grotesque dâun drame romantique et royal de Victor Hugo
Des mots de minuit, LâĂmission #583 du 21 mai 2019 Ă Villeurbanne et en public au ThĂ©Ăątre National Populaire
Jacqueline Cerquiglini-Toulet
Professeure Ă©mĂ©rite Ă lâUniversitĂ© Paris-Sorbonne et spĂ©cialiste de la littĂ©rature française du Moyen-Ăge, elle sâinterroge Ă lâoccasion des LangagiĂšres 2019 sur les diffĂ©rentes langues (le provençal ou le gascon par exemple), sur la maniĂšre dont aux XIV Ăšme et XV Ăšme siĂšcle leur intrication permet plus aisĂ©ment de signifier le non-dit, lâincomprĂ©hension ou la tromperie. Dans cet au-delĂ ou cet en-deçà de la langue, la reprĂ©sentation de la femme, sa place dans cette sociĂ©tĂ© peuvent passer par son assimilation Ă des animaux (le singe, la poule).
Sa recherche porte sur la lyrique mĂ©diĂ©vale, sur sa mise en recueil, sur la mise en scĂšne de la lecture et de lâĂ©criture.
Ses ouvrages portent essentiellement sur la littĂ©rature de la fin du Moyen-Ăge. Elle a traduit, entre autres, les oeuvres de Guillaume de Machaut, de Christine de Pizan ou de François Villon. Câest dâailleurs chez ce dernier que lâon trouve une premiĂšre occurrence de LangagiĂšres.
Ballade des femmes de Paris
François Villon (1431-?1463)
Quoy quâon tient belles langagiĂšres* (parleuses)
Florentines, Veniciennes,
Assez pour estre messaigiĂšres (1),
Et mesmement les anciennes ;
Mais, soient Lombardes, Rommaines,
Genevoises, Ă mes perilz,
Piemontoises, Savoysiennes,
Il nâest bon bec que de Paris.
De beau parler tiennent chayĂšres (2)
Ce dit-on, les Napolitaines,
Et que sont bonnes cacquetoeres
Allemanses et Bruciennes ;
Soient Grecques, Egyptiennes,
De Hongrie ou dâautre pays,
Espaignolles ou Castellannes,
Il nâest bon bec que de Paris.
Brettes* (Bretonnes), Suysses, nây sçavent guĂšres,
Ne Gasconnes et Tholouzaines ;
Du Petit-Pont deux harangĂšres
Les concluront, et les Lorraines,
Anglesches ou Callaisiennes,
(Ay je beaucoup de lieux compris ?)
Picardes, de Valenciennes ;
Il nâest bon bec que de Paris.
Prince, aux dames parisiennes
De bien parler donnez le prix ;
Quoy quâon die dâItaliennes,
Il nâest bon bec que de Paris.


AprĂšs une formation aux Cours Florent, ClĂ©mence Longy a intĂ©grĂ© LâĂcole Nationale SupĂ©rieure des Arts et Techniques du ThĂ©Ăątre en 2011. Depuis, elle a notamment travaillĂ© avec Michel Toman, Bernard Sobel, Christian Schiaretti, Clara Simpson et Maryse Estier. Elle a Ă©tĂ© comĂ©dienne dans Bettencourt Boulevard de Michel Vinaver ou Kitchen blues de Jean-Pierre SimĂ©on.
Au TNP, dans un seule en scĂšne, elle incarne remarquablement et tour Ă tour les personnages du drame de Victor Hugo, drame romantique en prose et en trois actes situĂ© au XVI Ăšme siĂšcle dans la cour dâAngleterre.

« Tudor toute seule vise Ă ramasser en 1h15 et pour une seule actrice le drame politique de Victor Hugo. Dans un univers tout de bois et de mĂ©tal, thĂ©Ăątre et politique se rencontrent. Les trappes du trĂ©teau lumineux cachent des coups dâĂtat, les magnĂ©tophones Ă bandes tournent comme autant dâimplacables horloges. ClĂ©mence Longy plonge dans lâincarnation de plus en plus totale de lâimmense Marie, dite Marie la sanglante, dame et reine dâAngleterre fille de Henri VIII et maĂźtresse des quatre mers⊠» © TNP

Gyslain Ngueno est nĂ© en 1986 Ă Bafoussam dans lâOuest du Cameroun, a grandi en Alsace et vit Ă Lyon. Ses Ă©tudes ont Ă©tĂ© diverses: littĂ©rature, ingĂ©nierie, Ă©conomie.
Ma grand-mĂšre est, dit-il, une conteuse qui sâignore et qui lui a transmis le virus de lâoralitĂ© avant que lui mĂȘme nâattrape celui de lâĂ©crit et du slam.

Slam, rap, sonnets, vers libre ou roman, mettre la poĂ©sie Ă toutes les sauces, la mĂȘler Ă toutes les formes est mon leitmotiv. Desnos, Baudelaire, FerrĂ©, Gontran Damas⊠La poĂ©sie concrĂšte, celle qui passe par le cĆur et arrive au cerveau, est lâune de mes nourritures. » Gyslain Ngueno.

Des mots de minuit #582
RĂ©alisation et montage : Pascal Stelletta
RĂ©daction en chef : RĂ©my Roche
Coordination : Marie-Odile RĂ©gnier
Entretien : Philippe Lefait
Remerciements Ă lâĂ©quipe technique du TNP, Ă Laure Charvin et Ă Christian Schiaretti.
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