Thanksgiving 🇺🇸 Merci qui? Pour avoir donné quoi? Les carnets d’ailleurs de Marco & Paula #229
Paula avait inscrit « Célébrer Thanksgiving » dans sa liste des « à vivre » pour sentir l’âme américaine, c’est fait!
Le 28 novembre, c’était Thanksgiving, une fête qui a quelques équivalents dans le reste du monde notamment au Canada, au Libéria et dans quelques îles des Caraïbes mais pour moi, c’est une fête américaine, c’est LA fête américaine, bien plus qu’Halloween qui est passée sans même que je ne m’en aperçoive.
De Thanksgiving, j’avais eu un avant-goût il y a fort longtemps à Paris chez des amis américains mais l’atmosphère m’en était restée étrangère, comme tous ces noëls que j’ai passés en Afrique, où la chaleur ne me mettait pas dans l’ambiance.
Cette fête s’annonce un mois à l’avance avec une surmultiplication des publicités dans la boîte aux lettres pour que chacun trouve dinde à son goût. Parce qu’il faut une dinde et une purée de patates douces et une tarte à la citrouille et une autre aux noix de pécan et bien sûr une sauce aux canneberges; c’est un repas codifié. La touche personnelle se trouve dans la farce et dans le « fait maison » ou le « prêt-à-manger ». Nous avons la chance de résider chez des amis gourmets qui aiment et savent cuisiner et mêler famille et amis. Nous avons donc pu apprécier ce moment in situ, même si nul n’était intéressé par les matchs de football américains qui font tout autant partie de la tradition que le défilé de ballons organisé le matin dans les grandes rues de New York, et télévisé à travers les États-Unis.
Jusqu’à présent, je croyais que cette fête célébrait la première récolte faite par les « pèlerins » du Mayflower, après que la tribu indienne des Wampanoags, les voyant mourir de faim depuis leur arrivée, leur avait appris à pécher et cultiver local et leur avait offert quelques dindes. On célébrait donc ce geste de compassion ou cette intervention humanitaire comme on dirait dans mon monde. Je me disais, en mon for intérieur, que les autochtones avaient été au bout de l’histoire fort mal remerciés et que ce jour-là, ils auraient peut-être été plus avisés de regarder ailleurs.
Certains peuples autochtones du continent sont d’accord avec moi et ne célèbrent pas Thanksgiving dans la joie. D’aucuns racontent des histoires difficiles à démêler pour la non-historienne que je suis, mais j’ai retenu, après une lecture que je reconnais volontiers biaisée, qu’il y aurait bien eu un repas partagé mais qu’il avait été organisé dans le but d’obtenir des concessions des Wampanoags, repas qui n’aurait pas été reconduit l’année suivante. Selon d’autres sources le premier Thanksgiving serait né quelques années plus tard à la suite d’une initiative du gouverneur du Massachussetts pour rendre grâce à dieu d’avoir réussi à éliminer un groupe de Pequots, soit un massacre de 400 à 700 Indiens. Repris ensuite à diverses occasions pour stimuler le sentiment national, le dîner de Thanksgiving est devenu annuel en 1863 (en pleine guerre de Sécession).
Quoiqu’il en soit, cette fête, aujourd’hui essentiellement familiale et déconnectée du religieux et de l’histoire, est aussi le préambule d’un autre événement cent pour cent américain, le « black friday ». Je reste médusée à l’idée que des personnes décident d’aller faire des achats dès potron-minet ce jour-là, des magasins ouvrant à 5h du matin et promettant même de substantielles réductions pour les matutinaux. Certains commerces trichent et ouvrent dès le jeudi soir de Thanksgiving; leurs employés doivent apprécier. J’espère qu’ils ont le droit de bénéficier aussi des réductions afin de mieux digérer d’avoir dû abandonner leurs agapes entre dinde et tarte.
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