« De New-York à Paris, en passant par bien d’autres lieux. J’ai découvert des gens, et des objets magiques qui, dans de minuscules éraflures, conservent les marques du temps. J’ai réalisé les portraits de ceux qui protègent ces empreintes de la disparition. Avec l’image de cette trace, j’ai préservé la mémoire de l’oubli. » H. B.

 

Mon père, inspecteur de police, avait un pistolet, automatique, noir, fascinant, que je n’ai jamais eu l’autorisation de toucher, même déchargé. De plus, je n’ai jamais eu droit au moindre jouet ressemblant à une arme à feu: mon père était un homme rigoureux.
Aux vacances, il retournait dans sa Bretagne natale, retrouvait son fusil de chasse, et m’entraînait dans des coins perdus, des landes désertes, au long de ruisseaux sans nom. Je ne l’ai jamais vu utiliser son fusil. Il m’apprenait à poser des collets pour attraper des lièvres, à pêcher les truites à main nue.
Mon père était un braconnier.
La préfecture a repris le pistolet, j’ai gardé le fusil.

Jean-Paul B., juillet 2017 – Bordeaux

© « Le Laboratoire de Lumière » – 2017



 Mémoire d’objets, la collection

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