Christine Reverho: Gaspard pour l’éternité…

Aujourd’hui, Christine Reverho, comédienne et dramaturge.
De New-York à Paris, en passant par bien d’autres lieux. J’ai découvert des gens, et des objets magiques qui, dans de minuscules éraflures, conservent les marques du temps. J’ai réalisé les portraits de ceux qui protègent ces empreintes de la disparition. Avec une image de l’objet ayant appartenu à un proche qui n’est plus, j’ai préservé la mémoire de l’oubli. J’ai réveillé la belle endormie. Hervé Bacquer, photographe.

J’ai vécu mon enfance dans un zoo. Notre maison, qui était au milieu du parc, accueillait certains pensionnaires en complète liberté. J’y ai cohabité avec des singes, des tortues géantes, un varan et nombre d’oiseaux dont un perroquet: Gaspard.
Christine Reverho – période de déconfinement – Paris 75003
Il accompagnait mes petits déjeuners en picorant dans mon bol de céréales, se perchait sur mon épaule quand mes copains venaient et surveillait mes devoirs en virevoltant sur mes cahiers scolaires …
Quand Gaspard est mort, j’étais si triste que mon père, taxidermiste amateur, décida de le naturaliser, espérant ainsi atténuer mon chagrin.
Il le posa pour l’éternité sur une branche, les ailes déployées, prêt à s’envoler vers sa nouvelle vie, m’avait-t-il dit.
Gaspard m’a suivie dans tous mes déménagements.
Aujourd’hui, je vis à Paris. Je n’ai plus d’animaux, mais j’ai toujours Gaspard.
Perché dans mon bureau, il surveille toujours mon travail… prêt à s’envoler, j’en suis sûre, dès que j’aurai le dos tourné…


© “Le Laboratoire de Lumière” – 2020
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