Bucarest, premier chapitre. Sur la voix des Balkans #11
Athina a fait un long voyage depuis Stuttgart. C’est même interminable… mais 29h plus tard voilà Bucarest qui se dessine dans la nuit. Première rencontre avec la capitale roumaine: elle te raconte.
Antisocial, tu perds ton sang froid!
Le bus a 20 minutes de retard, puis 40 minutes puis 1 heure. Et ce temps d’attente me paraît sans fin: j’ai peur qu’il n’arrive jamais ce foutu bus et que je me retrouve sur le carreau…
Toute seule avec mes bagages, mon cake au chocolat sous le bras dans cette gare routière vraiment moche.
Ce scénario me fait moyennement rêver. Je ne veux surtout pas retourner chez Marius : vite je veux quitter Stuttgart! Être loin de toute cette histoire…
Me réveiller avec une limonadă et un bună ziua (bonjour), voilà ce dont j’ai besoin.
Ah! le bus fait son entrée, enfin, ouf!
Fin du scénario catastrophe.
Je m’assois au milieu du bus sans même regarder le numéro du siège, à savoir si c’est bien ici que je suis censée être.
J’y pense pas, car je suis tellement heureuse qu’il soit enfin arrivé. Mon siège est pas loin des toilettes, tu sais ceux à côté de la porte du milieu, bon ils sont en fait hors service…
Le bus s’arrête toutes les deux heures justement pour la pause pipi, clope, et achat de chips dans les stations de service où la bouteille d’eau est vendue 3,50 euros. C’est bien connu les stations de service riment avec voleurs à toute heure. Pas pour moi donc les gars. J’ai ma bouteille pour le voyage.
Et pour manger: pas grand chose, juste des mendiants que j’ai acheté dans une boulangerie le matin même.
Mais peu importe, je me sens soulagée d’être en route pour mon nouveau chez moi : la Roumanie. Cela fait déjà plus de 5 semaines que j’y suis alors… je commence à y prendre mes marques autant linguistiques que culturelles.
Mais revenons à la vie dans le bus.
Au bout de même pas 1 heure, tout le monde se fait des sandwichs: pain de mie, rosette, fromage sous plastique et haribo. Et ça cause de siège en siège, ça se fait passer les bouteilles de sodas, et les “pschiiit” d’ouverture du breuvage pour accompagner tout ça. Ah! les sons des messages ou appels sur Messenger, si reconnaissables, et pas loin un ado qui écoute de la musique en boucle: “Eh, t’as pas des écouteurs?”, que je lui lance. Non il me répond. “Tiens, prends les miens, je les utilise pas pour le moment.” Et moi, j’essaye de lire toujours mon pavé Balkans transit de François Maspero. Une belle écriture qui m’encourage à creuser la mienne.
Je me trimballe ce récit de voyage dans ma petite valise des années 70 et j’en suis toujours à la page 55. J’avance pas à page, enfin j’avance pas vraiment.
Car je ne trouve pas le temps de lire pendant ce road trip. Trop de choses à découvrir autour de moi, à vivre et quand je prends le temps de me poser, c’est… pour écrire. J’écris tous les jours.
C’est devenu ma routine. Incroyable comme je suis passée des vocalises aux mots valises. Mais quand même, le chant me manque terriblement. Je chantonne plus que je ne chante pendant ce voyage. C’est les risques du métier: “chercheuse qui se chante”.
Je suis réveillée dans mes rêveries par des gars qui écoutent de la soupe en pensant qu’ils sont tout seuls.
“Non mais vous êtes sérieux là?” je me dis en moi même: je commence sérieusement à perdre patience.
Je leur fais signe de baisser le son, sans grand succès.
“Rahhhh, où sont mes boule quiès?” je me dis. Je fouille dans mon sac à main où je stocke toutes sortes de choses inimaginables. Ah voilà!
Mon kit antisocial. Et tu feras peut être le lien avec le titre de ce paragraphe? Mais si, rappelle- toi, c’est la chanson de Trust.
Au fur à mesure que l’on traverse les villes européennes: Munich, Vienne, Sibiu, Braşov de ce que je me souviens, des gens montent et d’autres descendent.
Il y a une embrouille à cause des places, manquantes apparemment. Deux billets avec le même numéro de siège. Ça me concerne pas, mais le chauffeur n’a pas l’air tendre du tout avec ceux qui ne sont pas à leur place. Et comme, j’ai pas fait attention à la mienne…
Finalement, les personnes en trop s’assoient à d’autres places dans le bus qui sont libres. Bah voilà, c’est pas la peine d’en faire tout un fromage.
Affaire résolue.
Du coup, le gars de derrière est venu s’assoir à côté de moi pour libérer deux sièges pour une maman et sa fille.
Je fais connaissance avec lui. Un jeune syrien vivant à Munich. Il a 17 ans et voyage seul pour aller à l’enterrement de son cousin. Il a l’air vraiment déprimé, et je le comprends. J’essaye de lui remonter le moral, et c’est perdu d’avance. Il me dit “Je ne sais pas pourquoi je suis là” bon j’avoue que j’en reste coite.
Vers 22h30, les lumières blanches s’allument dans le bus alors que tout le monde dort déjà ou regarde son téléphone: contrôle de la police allemande. Réquisition de toutes les cartes d’identités. Un gars se fait virer du bus. Et tout le monde cherche sous son siège un passeport perdu. Pendant ce temps, ça dure un moment l’histoire, mon voisin du siège de derrière me propose un carré de chocolat au lait avec des noisettes. Le gars qui était descendu du bus revient. Ouf! Il va pas rester en rade, au milieu de nulle part…
Toutes ces heures on les occupe comme on peut: pour ma part, j’écoute des podcasts sur France inter. En naviguant sur l’appli, je tombe sur LE podcast qui parle des flirts d’été.
Ah bah je suis en plein dedans!
Et je t’assure que j’apprends plein de trucs. Des gens témoignent de leur amour rencontré pendant cette période très hot ou cette romance à date de péremption: vers le 31 août.
Oui, quand on retrouve l’être aimé dans un autre contexte, plus routinier, on a changé de décor. On n’est plus les pieds dans l’eau mais au bureau, on a plus le temps pour s’embrasser des heures entières sous un parasol face au lagon. Ah l’été, et toutes ces petites choses qui nous rapprochent. C’est l’amour à la plage… je te laisse chanter la suite.
J’écris un peu sur comment je me sens après avoir quitté Marius dans mon carnet. Et j’écoute une autre émission, allez : “Vacances à deux : comment éviter les clashs?” qui donnent d’autres pistes sur la relation de couple.
Autre façon de passer le temps: dormir et regarder le paysage. Rien de nouveau pour toi, qui a sûrement dû sillonner par-ci par-là avec le bus de l’école les collines ou à traverser l’Amérique?
On se retrouve le lendemain vers 15h en Roumanie mais il nous reste au moins 6 heures avant d’arriver à la capitale…
Je commence à saturer. Allez, on respire.
Heureusement, le fait de passer par des petites villes enchante ma vue: c’est un défilé de maisons au milieu de la montagne touffue. Jolie!
Vers 19h: les bouchons!
Grand classique…
On arrivera vers 22h à la gare routière: alléluia!
Joe le taxi, c’est sa vie…
Pour ma première nuit à Bucarest, j’ai réservé à l’hostel Umbrella situé à côté de la place Romană. Après le bus,je monte dans un taxi et avec la fatigue je ne vérifie pas le compteur.
C’est que en étant sur la route que je sens qu’il y a quelque chose de louche: le compteur à défaut d’être au milieu à côté du poste radio, est tout à gauche.
Il est de plus tourné d’une telle façon qu’il est impossible de voir le montant.
À l’arrivée, le chauffeur m’annonce la couleur: 183 lei (40 euros) au lieu de 40 lei (9 euros) grand max. La plus grosse arnaque de tout le voyage! Et je ne compte pas payer ce prix exorbitant. J’ai que 100 lei sur moi et le chauffeur insiste en me disant que c’est le prix de nuit et de Bucarest – plus cher qu’en région. Blablabla.
Il m’emmène à la banque pour que je retire du cash. Vu comment je suis chargée et coincée dans ce guet-apens, je finis par payer les 150 lei en me barrant dans le sens opposé pour le fuir… Il m’insulte dans la rue et dans mon dos il me dit que je vais finir toute seule et qu’il comprend Marius. J’ai envie de le tuer, c’est pas possible… Oui parce que je lui ai raconté mon histoire naïvement en répondant à ses questions et parce qu’il était “sympathique” dans un premier temps: “vous arrivez d’où?” et “pourquoi vous êtes ici?” etc… Ça la joue amical mais tu parles! Il voulait juste me rouler dans la farine!
Je repars avec toutes mes affaires, dans la nuit sans savoir où je vais et je lui réponds “shut up” en hurlant sans me retourner.
J’ai qu’une obsession: marcher le plus vite possible et trouver des gens pour pas être seule dans cette situation craignos. Il lâche l’affaire et me laisse tranquille.
Conclusion: j’arrive à l’hostel super énervée, et je me dis que ça commence mal… En parlant avec des voyageurs posés sur la terrasse, je leur raconte toute mon histoire pour savoir si c’est moi la folle ou si c’est lui l’enfoiré. On me confirme qu’il m’a bien arnaqué et que par contre, la prochaine fois, je ne dois pas utiliser un taxi officiel mais plutôt un Uber. Les taxis sont connus pour être des filous professionnels et même avec les locaux. Ok, épisode classé. Une douche et au lit!
En prendre plein les mirettes au Marché d’Obor: passage obligé pour se sentir de retour
Le lendemain, j’ai rendez vous vers 17h au métro Tineretului pour rencontrer mes prochains hôtes.
Il est 11h et je profite du temps que j’ai devant moi pour aller au marché d’Obor. Un peu d’histoire sur ce haut lieu de la vie bucarestoise par là.
Paraît-il que c’est de la folie. Allons voir!
Situé au nord de la ville, il s’étale sous deux halles (j’apprendrai plus tard qu’il en existe une troisième avec des animaux) et déborde sur les trottoirs tout autour. Une halle spécialisée juste en produits de saisons et une deuxième en produits de maison: de la salle de bain à la cuisine en passant par le dressing. Dans la première halle, c’est ici que se ravitaille toute personne voulant préparer la fameuse zacuscă, sorte de ratatouille des Balkans à base d’aubergines, poivrons et oignons. Les murăturii, une autre spécialité très appréciée des Roumains. Autrement dit des légumes ou fruits en conserves par lacto-fermentation dans une saumure ou du vinaigre. Les basiques que l’on confectionne en cette saison où les étals sont plein à craquer de beaux légumes et de fruits colorés. Pour ma part, c’est plus pour faire une introduction à la ville que je viens me mêler aux saveurs locales, avec un déjeuner dans une des cantines.
J’ai droit à un morceau de poulet grillé, des pommes de terre, une soupe de haricots, et un genre de caviar d’aubergine, le tout sur un petit plateau. Me voilà attablée sur un comptoir avec une chaise beaucoup trop haute pour moi et un peu bancale. Un monsieur me fait signe de poser mon sac directement sur la table plutôt que de le laisser suspendu au dossier de ma chaise. Ah oui, c’est vrai que l’on m’a prévenu: Bucarest est connue pour être une ville à hauts risques. Plutôt gangster que bisounours. Je remercie le monsieur de son conseil et exécute ses dires.
Puis, un autre vient s’assoir à côté de moi et me raconte sa vie: il est bourré, il me demande un bisou… Tout ça sur fond de musique commerciale et entourée quasiment que d’hommes qui me regardent intrigués. Bon je ne traîne pas trop dans cette cantine et je repars me perdre dans la joyeuse fourmilière. Bien repue, je découvre à l’étage le frais: fromages, charcuteries, lait, et même une boutique d’épices du monde entier.
Après avoir dégoté un miel, un jus de pommes et poires pour offrir à mes hôtes et quelques fruits pour la route, je file dans un café à une bonne demi-heure de marche. J’ai récupéré une carte de la ville à l’hostel – maintenant dès que j’arrive dans une grande ville, je passe la première nuit dans une auberge pour avoir quelques basiques: cartes, adresses, voire rencontrer des voyageurs intéressants. Sur la carte est annoté quelques cafés, dont le Coftale.
Il y a un jardin: parfait pour un coin d’ombre!
Pas évident à trouver et dans un quartier sans charme, je finis par mettre la main dessus. Je rencontre quelques difficultés à traverser les rues qui n’offrent pas beaucoup de passage piéton. Mais passons. J’avais déjà remarqué ce “phénomène” à Budapest et à Belgrade.
Des fois, il faut même prendre des chemins souterrains pour aller de l’autre côté de l’avenue à quatre voies.
Tout un parcours du combattant quand tu te déplaces avec ta maison sur le dos.
J’ai laissé mes affaires à l’hostel, mais ça ne m’empêche pas d’arriver au Coftale en nage.
Sirotant ma limonadă, je découvre Regard, une revue culturelle francophone roumaine qui propose de très beaux documentaires photographiques. Ça tombe à pic, il y en a un sur le marché d’Obor! Dans un autre numéro, je découvre l’existence d’un autre marché: la târgul vitan. Apparemment c’est “l’un des plus grands marchés de voitures d’occasion d’Europe de l’Est où le dimanche il y a un marché aux puces”. Intéressant, je prends note pour peut-être y aller jeter un coup d’oeil plus tard.
J’imagine que ça doit être folklo!
Il est déjà 15h passées et je dois récupérer mes affaires à l’auberge, prendre le métro etc.
Et voilà qu’on arrive au sujet central de mon voyage: musique tsigane!
J’arrive dans le quartier d’André et Lucia vendredi.
Ils vivent dans un de ces appartements d’une barre d’immeuble d’un quartier populaire. Lui est médecin et elle est avocate. Ils ont déménagé de la place Unirii, soit le point 0 de la ville pour ce quartier plus familial. Juste en bas de l’immeuble: un marché pour se faire des smoothies à la minute, une pâtisserie boulangerie avec toutes sortes de feuilletés au fromage, viande, champignons, sésame, pommes, chocolat… et d’autres boutiques. J’adore ce petit quartier. J’apprends par Andrei que le marché va être rasé pour construire… un Lidl. Dégoûtée! Je lui dis “mais c’est terrible, ça va tuer le marché, le quartier, les petits commerçants…” et il me dit que c’est comme ça. Il me dit que ça fait un moment qu’il y a ce projet de construction sans réelle concrétisation, donc il n’y croit pas vraiment… Hummmm.
Notre première soirée, nous la passons à déguster ce qu’à préparé Lucia, boire du rosé – pendant tout mon séjour, il y aura toujours du rosé sur la table ou de la limonade maison pour accompagner nos repas – et à se raconter nos vies bien sûr. De fil en aiguille, je finis par leur offrir mon cd. Moment d’écoute dans le salon avec une installation bringuebalante: sur la table basse mon ampli et sur une chaise l’ordinateur. On finit même par chanter Blues in the closet à deux voix: ah c’est pas simple dis! s’étonne Andrei.
Et puis on discute un long moment, et on se montre des vidéos d’un téléphone à un autre sur YouTube autour de leur grande table.
Lucia me parle d’un ami réalisateur, Liviu Tipurita. Il vit à Londres et a réalisé un documentaire qui selon elle pourrait m’intéresser: The new gypsy kings.
Un peu mon n’veu! Je le découvrirai sur grand écran quelques jours plus tard au musée du kitsch roumain. Une étonnante découverte recommandée par Andrei que je te raconterai plus tard.
So, ce documentaire présente l’autre musique tsigane tant populaire autant que détestée, et qui divise toujours, je vous présente le manele.
Pourquoi l’autre musique tsigane?
Eh bien parce que chez nous, quand on pense à la musique tsigane on s’imagine des roulottes, des accordéons et violons qui jouent l’hymne des Roms: bah oui on a vu Le Temps des gitans d’Emir Kusturica sauf que ça date de 1989. Depuis, les choses ont bougé et même beaucoup changé!
Autre détail: attention à ne pas confondre The new gypsy kings avec les Gypsy Kings de chez nous, oui je sais c’est pas évident de s’y retrouver…
Tout ça pour te dire que le documentaire et le manele n’ont RIEN à voir avec Djobi djoba ou Ederlezi.
Le film aborde uniquement l’évolution de la musique tsigane traditionnelle vers le manele en Roumanie. Où comment certains gypsies sont passés de la tente au palais et de la charrette à la Ferrari.
Et sont devenus des popstars.
Par exemple un des plus connus après Florin Salam, c’est Adrian Minune.
Oui c’est lui qui joue et chante Tutti frutti dans Gadjo dilo, regarde ce que ça donne 17 ans plus tard: ici.
Alors oui, je dois t’avouer que mon rêve de trouver l’univers des films de Tony Gatlif en Roumanie est vite devenu… un rêve. Mais pas une réalité. Bien-sûr je suis toujours convaincue qu’il doit y avoir quelques restes quelques part.
Mais où? Je ne sais pas.
Ou plutôt j’ai ma petite idée.
La semaine prochaine est annoncée LE concert que j’attends depuis des années: Le Taraf de Caliu. Oui je sais, ça ne te dit peut être rien. Ou peut être que si! Il apparaît dans le film Le concert de Radu Mihaileanu. Mais surtout c’est tout l’héritage du Taraf de Haïdouks. Le fameux groupe qui a fait connaître au monde entier le village de Clejani (voir épisode #09). Il suffit d’écouter Caliu dans le documentaire pour comprendre: « les Italiens ils ont les spaghettis, les Allemands les Mercedes et en Roumanie on a la musique tsigane, héritée de nos parents, grands parents. »
Pour Caliu, le manele détruit leur authenticité, toute leur histoire transmise par la musique. Leur soul.
Conflit de générations?
En attendant d’en savoir plus et de rencontrer ce virtuose la semaine prochaine, il paraît qu’il y a un concert dans un restaurant justement ce soir.
Envie de voir!
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