« 286 jours » est un roman photographique qui raconte en images une histoire d’amour de son premier à son dernier jour.
Le photographe et plasticien Frédéric Boilet n’en n’est pas à sa première expérience. Auteur de bandes dessinées, il a déjà publié plusieurs récits d’inspiration biographique à partir de photos et de vidéos. Pour Laia jeune plasticienne espagnole, c’est une première expérience.

Comme l’avaient fait précédemment dans ses propositions artistiques Sophie Calle, et de manière plus littéraire et photographique Marc Marie et Annie Ernaux dans « L’usage de la photo » (Gallimard, 2005), ils ont pris le parti du multimédia pour raconter leur romance au jour le jour en photos et quelques rares citations, sms, textes manuscrits et recettes de cuisine…

On sait peu de chose de leur rencontre, on n’en saura pas davantage de leur séparation. Seule l’histoire compte, sa mise en images et ce livre en train de se faire.
Et sous contrat ou pas, c’est une histoire d’amour qui nous est livrée, au plus près, au plus juste, au plus sensuel, au travers des objectifs de Frédéric et Laia.
Sous l’emprise de la passion le couple rend compte avec une grande acuité de l’attirance des premiers instants.  Leurs sens sont aiguisés, la vision qu’ils ont l’un de l’autre l’est aussi.

Le clair obscur d’une main posée, un dos tacheté de grains de beauté en pleine lumière, ne sont que l’expression d’un regard brûlant et l’aveu d’un sentiment. Les assiettes garnies du plat préparé par Frédéric et le verre qui attend sont d’autres plaisirs à partager dont la recette nous est donnée.
Les cadrages, les lumières, les moments de paix,  les gros plans, les flous… Tout dit le désir, l’obsession de l’autre, l’attirance mutuelle dans le piège narcissique voulu par ce couple expérimental.

Nous sommes dans l’intime, dans la claustrophobie des débuts, dans la voracité de l’autre.
Les jours comme les chapitres passent. Leurs titres séquencent l’inéluctable : « on se cajole », « on se désire », « on se console », « on se déchire ». Fin de l’histoire.
C’est un livre actuel, à l’image de notre époque impudique et extravertie où l’on aime à se mettre en scène. C’est aussi un livre qui nous touche bien au-delà de cette dimension d’amour sur ordonnance. Il ne fait pas de nous des voyeurs, au contraire il nous ramène à nos vies et à nos histoires secrètement vécues.

286 jours de Frédéric Boilet et Laia Canada – éditions Les Impressions Nouvelles Collection « Traverses »